Ceux qui ont crié « mort aux juifs » en juillet dernier ne sont pas des jeunes radicaux, paumés et marginaux, dépolitisés et ultra minoritaires. Mieux organisés et entrainés qu’il y parait, ces activistes ont fait de la cause palestinienne le nouveau paradigme de la lutte des classes.
Une mécanique de la violence antijuive s’est emparée de notre société. Longtemps, on a cherché à la minimiser, voire l’ignorer.
Le 20 novembre 2003, un jeune parisien, Sébastien Sellam (23 ans), était sauvagement assassiné à coups de fourchette et de couteau par son voisin de palier qui disait après les faits « J’ai tué un Juif, j’irai au paradis ». La thèse de l’acte antisémite n’a pas été retenue au terme d’une longue procédure pénale qui vient récemment de s’achever.
Un documentaire reviendra le 17 octobre prochain (sur France 3, à 23h20) sur les circonstances de l’assassinat d’Ilan Halimi en janvier 2006, torturé à mort par la gang des barbares de Youssouf Fofana. La brigade criminelle de Paris chargée de l’enquête avait, semble-t-il, sous-estimé le mobile antisémite.
Le 19 mars 2012, la tuerie de l’école Ozar Hatorah de Toulouse faisait quatre victimes dont trois enfants (Jonathan Sandler, ses deux fils et Myriam Monsonégo, fille du directeur de l’école). Mohamed Merah, le tueur au scooter, voulait « venger les enfants palestiniens. »
Tuer un Juif n’est pas un simple fait divers, fruit du hasard, d’un accident ou d’un acte fou. Il est faux de dire que les hordes furieuses, qui ont attaqué les synagogues l’été dernier, sont dépolitisées. Au contraire.
Une collusion criminelle s’est établie entre les pires revendications violentes et le discours décomplexé de « la gauche de la gauche.»
Le Front de gauche, fondé en 2009, est une alliance entre le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche (PG) et six autres organisations de gauche et d’extrême gauche. Le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) est issu de la Ligue Communiste révolutionnaire (LCR), trotskiste et libertaire. La mouvance altermondialiste (dont ATTAC créée en 1998) se définit par un militantisme antilibéral et écologique.
Leur principaux items fondamentalistes résident dans ‘’l’urgence’’ : urgence économique et sociale, urgence politique, urgence environnementale, et … urgence palestinienne.
Dès les années 1970, les mouvements marxistes révolutionnaires dénoncent en France et à l’étranger l’axe diplomatique entre Israël et les Etats-Unis, grand Satan capitaliste. Depuis, le discours de Barack Obama au Caire (4 juin 2009) pour un « new beginning » avec les pays arabo-musulmans, a été un vrai mea culpa de l’Amérique. Israël, seul sur le banc des accusés, reste « une sentinelle de la colonisation libérale » (José Bové, mars 2002). Et tous les Juifs du monde, complices, en incarnent la récurrence.
Internationaliste, tiers-mondiste, anti-impérialiste, et antisioniste, le frontisme de gauche a donc fait progressivement de la lutte pro-palestinienne un symbole-placard au nom de tous les exclus du système-monde.
A la faveur d’un communautarisme galopant dans la population française, ce mouvement politique marginal s’est rapidement étoffé d’un réseau solide d’associations, de collectifs humanitaires et d’ONG regroupées dans la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine dont fait partie le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) lié au Hamas (Gilles Paris, Le Monde, 4 juin 2010).
Cette gauche se dit dans ‘’l’urgence’’, au chevet de la société malade. En réalité, c’est la société qui est malade de cette gauche.
Une obsession maladive de ‘’l’urgence’’ progresse dans les mentalités, surtout chez les jeunes.
Dans les banlieues, l’Etat islamique en Irak serait assez populaire. Un sondage (controversé) de l’Agence d’informations russe Rossiya Segodnya, a été réalisé entre le 11 et le 21 juillet 2014 sur 3 007 personnes interrogées par téléphone (1 000 en Grande-Bretagne, 1 006 en France et 1 001 en Allemagne). On y indique que 16% des jeunes français auraient une opinion favorable à l’égard de l’EI contre 7% au Royaume-Uni et 2% en Allemagne.
L’appel au jihad serait pour ces populations fragiles, « en manque de repères », une sorte de quête identitaire. Celle-ci est réapparue décisive dans un nouveau combat de classes, étonnamment archaïque mais réactivé. L’extrême gauche est plus que jamais déterminée à parler au nom des minorités et des marges. Au point d’entretenir des « liaisons dangereuses » entre le politique et le religieux (Alexandre Devecchio Le Figaro, 23 juillet 2014).
Le NPA par exemple, rappelle Laurent Bouvet (directeur de l’Observatoire de la vie politique, Ovipol), « est très proche d’un discours religieux périphérique ». On se souvient que ce parti avait présenté une candidate voilée, Ilham Moussaïd, (étudiante de 21 ans) sur la liste de ses candidats dans la région PACA aux élections régionales de 2010. Ce qui avait suscité émoi et polémique au pays de la laïcité.
La gauche antilibérale soutient un islam revendicatif et prosélyte malgré le commandement originel de rejeter toute religion « opium du peuple ». Nullement perturbée par cette contradiction, elle voit dans l’islam une nouvelle forme de combat pour l’émancipation sociale. Revendiquer son appartenance religieuse reviendrait à revendiquer son appartenance de classe. Compromission qui vire à l’aveuglement déraisonnable quand il s’agit de nier le danger de l’islam radical. Tout le monde le voit, sauf la gauche … radicale.
Les jeunes de banlieue partis en Syrie pour faire le jihad, reviennent ou vont revenir en France … pour la continuer.
Mais beaucoup de ces jeunes restent chez eux, sans pourtant abandonner leurs projets d’en découdre. Transformés en piétaille salafisée, ils sont convaincus de pouvoir mener ici même un jihad de l’intérieur … contre « les suppôts d’Israël. » Voilà donc ces moudjahidin made in France qui déclarent courageusement la guerre sainte aux Juifs qui représentent moins d’un pour cent de la population totale.
Les militants de la gauche révolutionnaire n’ont jamais, quant à eux, abandonné leur rêve du ‘’Grand Soir. ’’
Il existe bien des apparentements idéologiques et politiques entre l’islamisme international et les visées universalistes de l’extrême gauche : conquérir le monde et imposer une paix sociale à une seule et même classe unifiée d’individus.
Un seul monde pour un seul peuple ! Le califat sunnite de Mossoul est une forme antimoderne de la dictature du prolétariat.
Cette gauche-là n’a plus besoin de passer par le militantisme de base. Elle propose aux jeunes un jihad ‘’à domicile’’.
D’après Anne-Elisabeth Moutet (correspondante de Newsweek), ces jeunes français musulmans issus de l’immigration et biberonnés à la haine d’Israël et des Juifs, « ont été submergés par les chaînes satellites et la propagande sur Internet. (…) Ils composent le vivier d’un nouvel antisémitisme » (Marianne, 27 août 2014).
Ces jeunes gens radicalisés, la gauche fondamentaliste les cueille au nid.
Certes, le mouvement anarcho-palestinien, persuadé de travailler pour la paix et la justice, réfute toute allégation dans ce sens. Pour en convaincre nos concitoyens, il dispose d’ailleurs de solides assises intellectuelles et politiques.
Assimiler l’islam à un nouveau fascisme est « un amalgame grossier » écrivait le chercheur Stefan Durant en novembre 2006 (Le Monde diplomatique). Parler de totalitarisme islamique assurait-il à l’époque, est une façon de jouer avec des concepts vides comme « des dents creuses. »
« C’est l’Occident qui est coupable de tout » nous dit Edwy Plenel, « car l’homme blanc est mauvais, colonisateur et esclavagiste. » Les Musulmans en sont les grandes victimes que personne ne comprend, insiste le patron de Médiapart qui voit dans Mehdi Nemmouche, le tueur de Bruxelles, un « pur produit occidental » humilié et stigmatisé par l’injuste société libérale ! (Causeur, 25 septembre 2014).
Pascal Boniface, spécialiste en relations internationales, directeur de l’IRIS, regrettait dans le Nouvel Observateur (10 mars 2014), que le conflit israélo-palestinien devienne « le plus clivant de notre société » continuellement fait de « divisions et de tourments », sujet d’ « un débat passionnel (…) qui aurait à gagner en rationalité (Nouvel observateur, 27 juillet 2014). Ce qui est dommage, c’est que Boniface semble s’en réjouir plutôt que de s’en plaindre. S’il peut même contribuer au clivage, il n’hésite pas.
« L’Antisémitisme : à l’exagérer, on ne fait que le renforcer » explique-t-il encore (Nouvel Observateur, 27 juillet 2014). Au lieu de stigmatiser les jeunes de cité, il faut, persiste Pascal Boniface, « dynamiter les idées reçues ». La tactique, selon lui, qui consiste à grossir « artificiellement » l’ampleur du phénomène antijuif pour « prévenir toute critique de l’action israélienne » sous-entend une connivence entre Juifs de France et Tsahal, laquelle connivence pourrait expliquer les débordements.
«Pascal Boniface est tellement obsédé par les Juifs et Israël que dans son dernier livre ‘’La France malade du conflit israélo-palestinien’’, il s’acharne à relativiser le mobile antisémite de Fofana et de son Gang des barbares, les assassins et bourreaux d’Ilan Halimi » (Frédéric Haziza, Huffington Post, 25 mai 2014).
Le député PCF Jean-Jacques Candelier a évoqué à l’Assemblée nationale « le grand capital apatride », sous-entendu antisémite qui « n’est pas loin des protocoles des sages de Sion » (Pierre Lellouche, député UMP, l’Express, 25 juin 2014). Le même élu communiste s’est récemment fait remarquer en demandant la dissolution de la LDJ « organisation criminelle fasciste » a-t-il dit.
« Quand les synagogues se comportent comme les ambassades, il n’est pas étonnant qu’elles subissent les mêmes attaques qu’une ambassade », a twitté Pierre Minnaert, délégué du parti écologiste EELV, le 12 juillet 2014. «Je ne vois pas comment on peut lutter contre la dérive antisémite de jeunes de banlieue quand les synagogues soutiennent Israël » a-t-il ajouté peu après.
Lors du 3ème congrès du Parti de gauche à Bordeaux, Jean-Luc Mélenchon traitait Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie, de « quelqu’un qui pense dans la langue de la finance internationale » (Le Monde, 24 mars 2013). Se disant « du côté du faible et de l’humilié parce que nos valeurs, c’est la liberté, l’égalité et la fraternité », il déclarait dans un violent discours à l’université d’été du Parti de Gauche à Grenoble (24 août 2014) que la communauté juive est « agressive [et] fait la leçon au reste du pays. » Evoquant un « génocide à Gaza », il y faisait d’insupportables analogies. « La race supérieure, ça ne vous rappelle rien ? (…) Si nous avons quelque chose à dénoncer, c’est ceux de nos compatriotes [juifs] qui ont cru, bien inspirés, d’aller manifester devant l’ambassade d’un pays étranger ou d’aller servir sous ses couleurs les armes à la main. » a encore martelé Jean-Luc Mélenchon à Grenoble.
« La gauche est fière de ces jeunes de banlieue solidaires et responsables ! » (Jean-Luc Mélenchon)
Merah était un jeune de banlieue. Fofana aussi.
Ces valeurs humanistes de la ‘’gauche pure’’, pacifiste et amie des peuples qui souffrent, Mélenchon les oublie vite dans d’autres circonstances. En avril 2008, il défendait avec hargne, sur son blog, la détermination de la République populaire de Chine contre le Tibet en révolte pour son indépendance. Plus récemment, il ne cachait pas son admiration pour les régimes totalitaires comme celui de Fidel Castro à Cuba (Grand Soir, journal alternatif, 23 juin 2010) ou celui de son ami Hugo Chavez au Venezuela (France Inter janvier 2011, Nouvel Observateur 6 mars 2013).
Pendant ce temps, les banlieues crépitent.
Marc Hecker, historien du mouvement palestinien en France, parle de « minorité agissante » qui pratique une « délinquance politisée » (revue Confluence Méditerranée, 2013/3 n°86). Il confesse que « l’antisémitisme progresse dans la population », et avoue « je ne suis pas optimiste (…) la tendance de long terme n’est pas à l’apaisement». (Télérama, 21 juillet 2014).
A qui la faute, monsieur Mélenchon ?
La fête de l’Humanité (12 au 14 septembre, parc de la Courneuve) n’a pas lésiné en tracts musclés qui paraissaient sortir tout droit du mégaphone géant d’un chauffeur de salle : « Aux actes, citoyens ! (…) La colère monte dans le pays … colère du peuple qui se sent trahi et humilié ! (…) La peur doit vite changer de camp. (…) Se rassembler est d’une urgence vitale. (…) Il faut ouvrir en grand ce dialogue en lien avec les luttes, avec toutes les forces vives de la société, avec tous ceux et celles qui expriment les urgences populaires. (…) Revenons à une convergence des espoirs pour remettre au cœur de la politique l’humain et le progrès partagé. »
A propos de conflit de Gaza on pouvait lire et entendre : « Désignons le responsable de cette nouvelle tragédie. (…) Gouvernement complice de l’agression contre le peuple palestinien. (…) Protégeons la population face aux menaces. (…) Le Hamas a maintes fois répété qu’il n’est pour rien dans le rapt et l’assassinat des trois adolescents israéliens. »Haut du formulaire
Est-ce pour célébrer « l’humain et le progrès » que la fête de l’Humanité a été dédiée au meurtrier Marouane Barghouti ? Ce terroriste est lié aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une des nombreuses organisations palestiniennes spécialisées en attentats-suicides. Il a été condamné à perpétuité par Israël. Son portrait de ‘’héros révolutionnaire’’ estampillé PCF inonde les panneaux d’affichage de la région parisienne. Le message subliminal contenu dans de telles affiches est le suivant : « jeunes gens rejoignez le PCF, lui seul est capable de défendre votre cause. »
Alain Pojolat est un autre représentant de la cause palestinienne. Ce révolutionnaire professionnel, membre du NPA, peu connu du grand public, sera jugé à Paris, le 22 octobre 2014, pour avoir organisé l’une des manifestations interdites sur la voie publique en juillet dernier. Il a déjà été condamné avec sursis pour avoir réclamé, dans une autre manifestation non autorisée, la libération du terroriste libanais, Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL), assassin de deux diplomates en janvier et avril 1982.
Alain Pojolat a d’abord milité à la Jeunesse Communiste Révolutionnaire puis dans les comités Vietnam et à la Ligue Communiste (future LCR puis NPA). Il a été membre du groupe « Révolution ! » de 1973 à 1976. Après son éviction de la CFDT, il s’est rapproché d’une certaine Nathalie Ménigon, co-fondatrice en 1978 d’Action directe. Ménigon a participé à plusieurs attentats et assassinats dont celui de Georges Besse, PDG de Renault, en 1986. Elle a été condamnée à perpétuité mais libérée en 2008.
A travers la cause islamo-palestinienne, la gauche révolutionnaire renoue avec ses origines terroristes.
Pour ce faire, elle exhume habilement le mythe de la révolution mondiale. Avec le concours non négligeable des journalistes de ce pays.
Dans Regards, mensuel communiste (16 juillet 2014), Emmanuel Riondé, n’hésite pas à voir dans la Palestine « la tranchée avancée de la guerre globale » que livre « le peuple du monde » contre « l’injustice structurelle ». Ainsi, le conflit à Gaza serait la régénération d’un combat ancestral et bipolaire.
Dans le journal Le Monde, Hélène Jaffiol et Hélène Sallon ont mené une enquête exclusivement à charge « sur les exactions israéliennes » pendant l’opération Bordure protectrice. Le catéchisme pro-palestinien y est repris à la lettre, au point d’affirmer qu’une habitation garde son statut civil, même transformée en arsenal de guerre, et même en présence de membres du Hamas (23 août 2014). Arguant qu’« il n’y a aucune preuve de boucliers humains », les auteures de cette ‘’enquête’’ placent Israël immanquablement dans ce fameux camp du mal occidental dont parle Edwy Plenel.
Pierre Barbancey, du journal L’Humanité, a écrit que « l’armée israélienne s’est déchaînée » par des « déjections meurtrières » dans un « tonnerre de feu » et un « tapis de bombes » (19 juillet 2014). Ces ampoulées digressions littéraires aboutissent dans son article à cette phrase lourde de sens pour tout lecteur français : « Les imams ont prononcé des discours enflammés, appelant notamment les Palestiniens à soutenir la résistance. » Chacun sait que certains imams font sur notre propre territoire le même discours mortifère entendu par nos jeunes qui partent en Syrie ‘’touchés au cœur’’ par le drame de Gaza.
La gauche antiraciste flirte avec l’incitation à la haine.
Le comble du paradoxe républicain.
Valérie Igounet, spécialiste de l’antisémitisme et du négationnisme, parle d’une «banalisation des paroles et des actes, notamment dans les banlieues. » On est passé d’un antisémitisme historique « classique», affirme-t-elle, à « un néo-antisémitisme recontextualisé et démonétisé. » Le conflit israélo-palestinien en est « un facteur déterminant » et un « point de ralliement. »
Willy Le Devin et Dominique Albertini ont dressé l’inventaire des associations et collectifs pro-palestiniens qui sont tous plus ou moins proches de la gauche dure (Libération, 22 juillet 2014). Très implantés dans les banlieues des grandes villes, ces groupes proposent aux jeunes « une grille de lecture dans un monde devenu incompréhensible ».
Les discours très radicaux de ces mouvements reprennent sous une forme vulgarisée les principales thématiques antijuives.
C’est le cas du collectif Cheikh Yassine (du nom du leader spirituel du Hamas assassiné par Tsahal en 2004) « groupusculaire et dangereux. » C’est le cas de l’organisation EuroPalestine, très implantée dans les quartiers populaires et qui compterait un millier d’adhérents. Les listes EuroPalestine (où figurait Dieudonné) ont atteint 10,75% à Garges-lès-Gonesse, 6,7% à Bobigny aux élections européennes de 2004.
La Fédération chiite de France a été fondée par Yahia Gouasmi, président du Parti antisioniste. Ancien boucher halal, cet algérien de 65 ans, admirateur de Khomeini, est un agent de liaison de l’Iran. Il a présenté des candidats aux récentes élections législatives (2012) et aux élections européennes (2009) dont Dieudonné et Soral étaient têtes de liste.
« Farcis de complotisme », ces derniers dirigent de véritables « PME de la haine » nous rappellent les enquêteurs de Libération. Leurs vidéos, pseudo-humoristes pour l’un, pseudo-intellectuelles pour l’autre, « diffusent la paranoïa d’un monde rongé par le sionisme. (…) La fracture est tellement consommée avec les médias dits mainstream que toutes les envolées de Dieudonné, [ou les logorrhées de Soral] même les plus farfelues, deviennent parole d’évangile. »
Les suprémacistes panafricains se disent menacés par « le complot juif mondial ». Kémi Séba, converti à l’islam en 2008, a fondé plusieurs associations telle que Tribu Ka et Génération Kémi Séba (dissoutes par décret en 2006 et 2009). Poursuivi par la justice française, il vit actuellement au Sénégal d’où il supervise d’autres associations afrocentristes et antijuives radicales bien connues dans les banlieues françaises. Il a publié en 2013 un essai « Supra-négritude. » Il préside le Mouvement des damnés de l’impérialisme.
Enfin, les réseaux sociaux sont, bien entendu, « des outils de propagande idéaux » car le Net est « une formidable machine à rumeurs », une caisse de résonance qui propage la haine et prend des allures de « café du commerce viral » (Le Devin, Albertini, Libération, 22 juillet 2014).
Une association néerlandaise, la MDI (Meldpunt Discriminatie Internet) spécialisée dans la lutte contre les discriminations sur internet, a déclaré qu’elle observait des niveaux record d’incitation à la haine antisémite en ligne, surtout en France. Le hashtag #PalestineVivraIsraelBrulera, est l’un des plus populaires de la région de Toulouse (JTA, 30 juillet 2014)
De la Fête de l’Huma au défouloir de rue, la violence antijuive est redevenue un langage politique. Omniprésente dans les innombrables filières qui prennent le pouvoir en France, elle forme un nouveau front idéologique, déterminé et sans scrupule, dont la phraséologie et les méthodes incitent à la haine et au terrorisme.
Jean-Paul Fhima
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