Les leçons françaises de la guerre de Gaza par Shmuel Trigano

La crise de Gaza nous a donné un aperçu de l’état des choses en France. Elle nous a donné l’occasion d’assister à une sorte de répétition, en concentré, de ce qui s’est passé depuis 14 ans. J’aurais pu republier telles quelles mes analyses d’alors, tant elles restent, hélas, tout simplement actuelles. L’absence d’amélioration de la situation depuis le début de la crise antisémite française devrait être maintenant évidente pour ceux qui n’avaient rien compris. Il est possible d’en tirer quelques conclusions pour prévoir le futur proche. Le pronostic est mauvais, est-il besoin de le signaler, mais il faut comprendre pourquoi.

manif paris

Ce qui se trame avec les manifestations

Tout d’abord, les faits. Le ministre de l’intérieur recensait, le 13 août, dans son entretien à Médiapart, « 485 manifestations pro-palestiniennes » en France, ce qui veut dire, en langage non politiquement correct et réaliste, en faveur du Hamas, d’un mouvement terroriste et fasciste, dévoré par la haine des Juifs et des non-musulmans en général. Dans nombre de ces manifestations, on a vu effectivement brandir le drapeau du pseudo « Etat islamique » et on y a crié « Mort aux Juifs ». Deux en sont arrivées à des menées agressives envers des lieux juifs.
La composante arabo-musulmane de ces manifestants est dominante (au vu des « uniformes » portés par les manifestants et des slogans). Ce sont des manifestations non « idéologico-politiques » mais communautaristes, motivées par une haine religieuse. Cette réalité est parfaitement mesurable par l’absurde: il n’y a eu, en effet, dans ces secteurs de la population aucune expression d’une semblable colère en faveur de victimes semblables ( quoique infiniment plus nombreuses et avec force « enfants » et « civils », objets de tant de « compassion » quand il s’agit des Palestiniens) de « l’Etat islamique »: chrétiens, Yazidis, etc. Le motif des 485 manifestations était à l’évidence tout simplement motivé par la haine des Juifs (et pas des « Israéliens », un terme qui, en arabe courant, se dit d’ailleurs « Juifs »).
La compassion déclarée pour les « enfants palestiniens », le motif « moral » en général, est en fait une parade pour justifier la violence que ces manifestations veulent exprimer et la présence dans la rue qu’elles veulent marquer de leur empreinte. Plus l’objet de la haine est « noirci », plus grande est la violence. Celà permet de constater à nouveau que l’antisionisme est le fer de lance, très machiavéliquement planifié, de l’irruption de l’islamisme sur la scène publique française. L’argument « juif »[1], que ce soit pour demander un surcroît de droits (sans faire soi même de concessions ni se réformer), ou pour manifester sa colère constitue pour les activistes de l’islam, modérés ou pas, une instrumentalisation  dont la finalité est d’engranger plus de pouvoir.

Une rare prise de position officielle

On peut avoir un aperçu dans une des très rares prises de position[2] de personnages officiels français dans les propos de Tarek Oubrou, Grand Imam et recteur de la mosquée de Bordeaux, Grand Mufti du CRAISOF (Conseil Régional des Associations Islamiques du Sud Ouest de la France). Non seulement il établit (qui « importe le conflit« ?) une identification (raciale? Religieuse? Nationale?) objective – quoique mise en question pour la forme – des Juifs français, censés être ses concitoyens,  et des Israéliens (« Si la réaction de Hamas est perçu comme une provocation qui ne règle en rien le problème, la politique brutale d’Israël et disproportionnée dans ce conflit quant à elle porte préjudice en premier lieu à l’image de toute la nation juive dans le monde (intéressante expression!), laquelle ne pourrait être réductible à l’Etat d’Israël, encore moins aux politiques de ses gouvernements « ) mais encore il met en demeure les Juifs français de se désolidariser d’Israël, toujours avec une rhétorique politiquement  correcte: « Malheureusement le soutien systématique et explicite de la politique israélienne par certains groupes et institutions juifs de France n’aide guère à faire cette distinction. Le premier consiste à mettre la religion à l’écart de ce conflit, car il s’agit d’un problème essentiellement politique et dont la solution ne peut être que politique. Par conséquent toute mobilisation des deux communautés par des discours religieux radicaux mènerait à trahir les enseignements mêmes de ces deux religions monothéistes qui fondamentalement aspirent à la paix et au respect de la dignité humaine. Et c’est à ce niveau d’action et de discours que les rabbins et les imams doivent s’y mettre avec sagesse et pédagogie. L’autre discernement consiste à faire une démarcation citoyenne française qui passe par une modération des prises de positions politiques afin que les Juifs de France ne donnent l’impression d’être plus Israéliens que les israéliens et les musulmans de France plus palestiniens que les palestiniens.  »
Le plus comique, si je puis dire, c’est que  Tarek Oubrou se paie le luxe de faire la morale républicaine aux Juifs. Sans doute a-t-il oublié que l’immense majorité des musulmans français sont des double nationaux des Etats nord-africains dans lesquels ils continuent de voter sur le territoire de la République… Nous sommes ici en pleine démagogie « citoyenne ». Et il estime tout à fait « républicain » que les musulmans français fassent pression dans la rue sur la politique du gouvernement. « Les images qui nous parviennent de Gaza sont choquantes. Elles créent en France une révolte, notamment au sein de la communauté musulmane, qui interprète le silence, la passivité ou l’ambiguïté des politiques à l’égard de ce drame humain comme une complicité« . En somme la République est « sioniste »? On le voit au  niveau officiel, l’islam français officiel se fait le porte parole de causes du monde arabe[3] et c’est la porte ouverte à des développements dramatiques.

La stratégie européenne du Jihad

C’est ce qui permet à un responsable du Jihad islamique palestinien de lancer cet appel au mouvement pro-palestinien français dont on voit bien, à cette occasion, que ses bases sont essentiellement « communautaires »: « Je m’adresse en particulier à vous, enfants de la communauté arabe et musulmane, nous sommes certains que vous pouvez introduire un grand changement dans la politique internationale, en tant que bloc humain important en Europe, et à Paris, vous pouvez, par votre unité, votre patience et votre conscience, vous imposer en tant que force importante dans la politique européenne et montrer au monde que l’islamophobie est une fabrication des gouvernements occidentaux qui veulent vous marginaliser et vous isoler du soutien aux questions justes des peuples de notre nation arabo-islamique, et vous isoler de la symbiose humaine et civilisationnelle avec les peuples qui vous entourent, car ces gouvernements craignent que s’écroulent sur leur têtes les temples du mensonge qu’ils ont édifié. Chers frères et sœurs, au nom de mes frères dans le mouvement du Jihad islamique en Palestine, au nom du peuple palestinien, au nom des héros des Brigades al-Quds, d’al-Qassam, d’al Aqsa, d’Abu Ali Mustafa et des Comités et des autres combattants de notre peuple palestinien, notamment dans la bande de Gaza, je vous remercie un à un, pour vos efforts… Nous sommes confiants que nous pouvons ensemble obtenir la victoire. »[4]
On ne peut mieux illustrer la dimension intra-française, c’est à dire à destination de la politique française, de l’activisme « pro-palestinien » et sa  confusion avec des intérêts et des causes extra-françaises.
L’usage de la cause palestinienne est inscrit en fait par d’autres acteurs islamiques dans une stratégie plus globale, celle du jihadisme mondial qui, en utlisant le relais de milieux musulmans installés en Occident pour perpétrer des attentats, vise à provoquer des réactions violentes des sociétés occidentales envers les musulmans (« islamophobie ») qui pousseraient ce derniers à s’engager en faveur du jihad. Ainsi l’Occident sera-t-il attiré dans cette guerre identitaire violente dont il est conscient et qu’il espère aujourd’hui repousser en pratiquant une politique d’apaisement multiculturaliste.
Les jihadistes ont une stratégie très bien renseignée: ils se fondent sur le fait que l’unification européenne a ruiné le lien identitaire propre à l’Etat-nation et profondément destabilisé le lien social tout en ouvrant les portes à un mouvement migratoire massif, de sorte que les populations européennes se sentent fragilisées, destabilisées, abandonnées par un pouvoir européen lointain et technocratique.  Les débordements au nom de la Cause du Hamas s’inscrivent avec évidence dans cet horizon que les chercheurs définissent comme l' »intifada globale »[5]. Elle est sous la houlette de l’imam Qaradawi, résidant actuellement au Qatar, un leader des Frères Musulmans, chef du Conseil de la Fatwa pour l’Europe, le même qui avait appelé à tuer les Juifs devant un million de personnes sur la Place Tahrir au Caire. Ils étaient dirigés, certes, contre les Juifs, mais aussi, comme on a pu le constater, contre les forces de l’ordre et l’Etat. De ce point de vue, la cible juive comme la cause palestinienne sont des leurres destinés à tromper. Ces débordements valent comme avertissement. Il n’y a pas que les Juifs à être menacés par les candidats djihadistes. Ils seront, certes, frappés en premier (le dernier week end du mois d’août, deux jeunes filles de 15 et 17 ans ont été arrétées à Vénissieux et Tarbes parce qu’elles projettaient un attentat suicide contre la synagogue de Lyon), mais le lendemain des « roquettes » du Hamas peuvent aussi être tirées d’un jardin de banlieue parisien… Une roquette factice fut même promenée ainsi qu’une kalachnikov dans les rues de Paris.

La réalité derrière le spectacle

Comment organise-t-on 485 manifestations sur tout le territoire (sans parler de la puissance mondiale du boycott[6]) sans une solide organisation et des moyens, une direction des opérations. Quelle peut-elle être? Je n’en vois qu’une, les Frères Musulmans. Ils ont en fait trouvé refuge en Europe et aux Etats Unis alors qu’ils sont pourchassés dans tout le monde arabe excepté le Qatar et la Turquie. On peut même penser que la France est devenue pour eux un bastion mondial. On se souvient à quel point l’Union Européenne et les Etats Unis d’Obama avaient adopté de camp de Morsi et des Frères Musulmans contre Al Sissi.
N’oublions pas, ce qui en est la preuve même, que le Hamas est une branche des Frères Musulmans, leur bras militaire. La bande de Gaza est, de même, le seul territoire sur la planète dont ils se sont rendus maîtres. Leur stratégie de double langage à l’égard de l’Occident démocratique est parfaitement connue et ne trompe que ceux qui le veulent bien.
Pour ce qui est de la France, le problème des Frères Musulmans est décuplé probablement du fait de la puissance du Qatar dans ce pays. C’est lui qui finance le Hamas et l’Etat islamique, et donc le terrorisme contre l’Occident. Le « Chef de la Fatwa pour l’Europe », le cheikh Qaradaoui qui a appelé à tuer les Juifs devant un million de personnes au Caire durant le « printemps » est établi au Qatar. Le lien de cet Etat avec les Frères Musulmans est avéré et sa télévision Al Djezira est tout à fait acquise à la propagande islamiste, le porte voix du Hamas et de la haine des Juifs sur un plan mondial. On ne comprend pas comment cet Etat croupion, qui, grâce au pétrole, s’est acheté la capacité d’être le maître des jeux du cirque occidental (l’achat du PSG, les « Jeux olympiques », la chaîne de sport Bein entre autres) et l’acquéreur des biens européens vendus à l’encan, peut jouir d’une telle position privilégiée auprès des Etats-Unis comme de la France qui combat au Mali les terroristes qu’il soutient de ses capitaux comme il a financé les tunnels de Gaza. La corruption par l’argent, certes. Où est le plus puissant « lobby »? A nouveau l’inimitié « progressiste » contre le lobby « sioniste » est un leurre qui cache le vrai lobby (du Qatar à l’Organisation de la Coopération Islamique »).

L’énigme du Pouvoir

Ce projet idéologique, politique et « religieux » de subversion profite justement de l’information biaisée des médias européens qui se sont fait hier les porte-voix du Hamas, avant-hier de l’OLP, en lui conférant, en quelque sorte, un assentiment publique et une justification « morale ». Du pseudo-décompte au jour le jour (« et un enfant »!) des victimes palestiniennes  au discours sur les événements de l’AFP, à la source de l’information de tous les médias, cette manipulation structurelle de l’opinion publique est la source de l’incitation à la violence.
C’est le socle du nouvel antisémitisme et c’est là le problème le plus grave auquel nous sommes confrontés, encore plus grave que l’islamisme, car il met en jeu la responsabilité de l’Etat, pas seulement d’une minorité ou d’une « communauté ». L’Etat est en effet partie prenante dans l’AFP mais influe aussi, est-on en droit de penser, sur tous les médias. Quand le gouvernement Jospin a imposé durant un an, en 2001, un black out total sur les agressions antisémites, à tous les moyens d’informations et aux institutions juives, on a pu effectivement penser qu’il disposait de ce pouvoir d’influence étonnant dans une démocratie… Les exemples ne manquent pas, avec la façon dont les médias n’ont pas rendu compte des guerres françaises au Rwanda, au Mali, et de bien d’autres événements. Le fait qu’il n’y a en France absolument aucun débat sur la politique étrangère de la France est le signe de ce pouvoir. Ce constat est gravissime dans l’analyse de l’antisémitisme.
Quelle est la doctrine que le cercle du pouvoir se fait du phénomène antisémite français? On ne peut douter que François Hollande et Manuel Valls ne soient personnellement dévoués à la lutte contre l’antisémitisme, voire même, comme l’exprima subrepticement, tout à fait favorable à Israël dans sa lutte contre le Hamastan de Gaza. Néanmoins, à l’expérience du « service après vente » de leurs réactions positives initiales, nous ne pouvons qu’être perplexes face à leur capacité de résistance aux sirènes de l’électorat musulman supposé et à la gauche du parti socialiste.  La montée en puissance de la condamnation d’Israël dans leurs prises de position témoigne de la fragilité de leur capacité de résistance. Graduellement, nous avons été témoins de déclarations et d’attitudes qui vont tout à fait dans ce sens. Le ministre de l’intérieur s’est notamment signalé en s’excusant en quelque sorte d’avoir interdit deux (sic) manifestations en faveur du Hamas, lors d’une véritable « confession » confiée au gardien du politiquement correct qu’est le site Mediapart. Il s’est même senti obligé de justifier leur raison d’être (en témoignant au passage d’une incompétence notoire en la matière comme si l’agression du Hamas avait à voir avec la revendication d’un Etat, alors qu’il s’agit pour lui de détruire l’Etat d’Israël :  » il est évident que la cause pour laquelle les manifestants se sont mobilisés était juste. Revendiquer pour les Palestiniens un droit à disposer d’un État, exiger que la guerre cesse à Gaza et que des enfants ne soient pas tués était une cause qui aurait pu justifier que toute la France fût dans la rue. J’ai moi-même beaucoup manifesté par le passé pour ces causes et je l’aurais fait de nouveau dans un autre contexte que celui des fonctions que j’occupe », une déclaration qui est tout de même gravissime par l’ignorance dont elle témoigne pour quelqu’un occupant un poste ministériel, à moins que ce ne soit là un parti pris idéologique caractérisé. Que doit-il en être du Français moyen! Hollande, lui même, est passé de «la solidarité de la France face aux tirs de roquettes», «la France condamne fermement les agressions », Israël doit « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », à l’exigence que « les responsables de cette violation du droit international répondent de leurs actes inadmissibles », plus tard définis comme des « massacres« . Le gouvernement s’est tout simplement aligné sur le discours écran des médias, après avoir été rappelé à l’ordre par son parti, les médias, prompts comme Le Monde à fustiger sa sympathie pour Israël confronté au Jihad, et par la populace islamiste qui s’en est pris à lui directement dans les manifestations.

Un enjeu sécuritaire ou politique?

Le pouvoir socialiste a révélé ainsi la faiblesse cachée dans sa fermeté déclarative quant à la lutte contre l’islamisme (car le Hamas et Boko Haram, c’est la même chose!) et l’antisémitisme. Il nous montre que la gestion qu’il fera de l’antisémitisme à venir sera de type sécuritaire mais pas politique. On rajoutera plus de barrières, on fustigera verbalement – et sans doute sincèrement – l’antisémitisme mais on ne cherchera pas à le résoudre ni le combattre pour ce qu’il est: un grave problème politique qui n’est que la face émergée d’un iceberg gigantesque concernant l’unité nationale et la sécurité intérieure. Celà ne concerne pas seulement les mille « djihadistes français » qui seraient pour l’instant en Syrie. Ou en France…
La gravité du problème national que révèle l’antisémitisme reste l’objet d’un déni: en prendre compte entraînerait trop de conséquences de grande envergure et il n’y a en France aucun leadership capable de se confronter à ce défi. J’entends par là un problème dont l’antisémitisme est le révélateur mais pas le centre ultime. Le fait qu’au lendemain des manifestations pro-Hamas à Paris et Sarcelles, des 19 et 20 juillet, le président de la République ait reçu les représentants français des différentes religions est de ce point de vue très inquiétant. Il réïtère les mêmes erreurs commises depuis 14 ans dans la pratique du Pouvoir qui croit régler par un pseudo dialogue des religions un problème de sécurité nationale, à la façon d’une politique  d’apaisement qui croit que le problème concerne « les deux communautés » alors qu’il met en jeu la nation et la sécurité nationale.  On mesure là l’impéritie inquiétante de l’Etat qui fonde son action en la matière sur une conception défaillante: la gestion du problème national et politique que pose l’arrivée de l’islam en France par la religion et la communautarisation non seulement de l’islam mais aussi des deux autres religions alors qu’il est impérieux de mettre en  œuvre la réforme de l’islam par l’Etat comme ce fut le cas au début du XIX° siècle pour les deux autres religions. Dans cette défaillance, il est inévitable que la manipulation symbolique de la crise du Moyen Orient devienne l’instrument de la communication avec l’opinion musulmane concernée dans un but d' »apaisement », une pratique qui retentit directement et négativement sur la communauté juive et toute la société.

L’apaisement multiculturaliste ?

Cette politique d’ « apaisement », il nous a été donné de la voir à l’œuvre sur une très vaste échelle avec l’anniversaire du débarquement en Provence. Ces célébrations d’anniversaires d’événements historiques, notamment autour de la deuxième guerre mondiale, sont devenues des occasions de réécrire l’histoire pour lui faire servir des finalités multiculturalistes en conférant ici, en l’occurence, aux Français d’origine musulmane et africaine le prestige   rejaillissant de la gloire de la libération de la France du nazisme. Dans les dires du président: « C’est du Sud, oui du Sud, que l’Europe doit son salut et elle ne doit jamais l’oublier« , cette « armée mélangée, composite, cosmopolite, qui rassemblait à la fois ceux de Brest et ceux de Bamako, ceux de Londres et ceux de Dakar, ceux d’Alger et ceux de Fort-de-France« . »À la jeunesse d’Afrique, je veux lui dire que nous n’avons pas oublié le sacrifice des anciens et que la France sait ce qu’elle leur doit, même si elle a mis du temps, trop de temps, pour en tirer toutes les conséquences en termes d’émancipation et de reconnaissance« . Quant aux « jeunes Français issus de l’immigration« , ils sont « les héritiers de cette histoire » dont « ils peuvent être légitimement fiers« . « Hier, il s’agissait de libérer le territoire national, aujourd’hui, il s’agit de vivre ensemble dans la République« . »Rendre au sud ce qu’il a été capable d’apporter à l’été 1944 »
Est-ce là la meilleure façon de favoriser l’intégration nationale de la population d’origine immigrée?  Le multiculturalisme qui l’inspire a sapé le lien national en France et conduit là où nous trouvons aujourd’hui, peut être dans une évolution irrémédiable. Au prix de « rectifier » l’histoire puisque l’Europe doit désormais son salut aux « Africains » et pas aux Américains, sans doute peu estimés par ces populations! Dans cette grande lessive symbolique, cette réécriture complaisante de l’histoire, les Juifs, qui pèsent si peu, ne peuvent qu’être escamotés (même la mémoire de leur condition victimaire, la seule cause politquement correcte, est interprétée « universellement » c’est-à-dire sans eux, contre eux).
Là où est la chose fait problème c’est que dans le fond et la forme de cette gestion du problème passe le déni de la réalité de l’antisémitisme dont les foyers les plus actifs se trouvent justement dans ces populations. Ce déni va de pair, bien évidemment, avec un refoulé qui s’exprime dans la condamnation d’Israël. Si, effectivement, ces populations n’ont pas de responsabilité dans ce qui se passe, alors c’est Israël vraiment qui est l’origine du problème (d’où le « conflit importé », le plus grande leurre de l’explication dominante!).

« Tout a été entendu »

Au vu de toutes ces considérations, on peut douter que l’antisémitisme cessera en France dans les années qui viennent. C’est un triste constat que toutes les analyses que j’ai développées ces quatorze dernières années soutiennent[7]. Mais il y a d’autres horizons possibles pour la continuité juive!
Pour ce qui est de l’effort d’analyse, poursuivi depuis 14 ans, je m’approche, quant à moi, du moment où l’on peut dire « tout a été entendu » (Kohélet 12,13) parce que tout aura été dit.
 par Shmuel Trigano
 


[1] La comparaison permanente faite avec les Juifs, tant du côté des musulmans que des pouvoirs publics, est totalement indue parce que les situations ne sont en aucune façon comparables  (les Juifs ont une très ancienne citoyenneté, ils ne sont pas des bi-nationaux, ni des citoyens récents, leur religion a été réformée sous Napoléon 1er pour entrer dans l’Etat…) Elle est encore plus indue de la part des publicistes ( cf. la demande que le Ramadan et Kippour soient fériés: les Juifs n’ont jamais fait une telle demande, mais on avance ici les Juifs pour faire passer une demande abusive de l’islam).  Cette comparaison (exclusive des autres) est tout bonnement une pratique de dénationalisation à rebours des Juifs.
[2] Interview parue dans Les Cahiers de l’Islam
[3] Inutile de préciser que pour lui, Israël est coupable. Il n’a jamais pourtant condamné les milliers de missiles qui se sont abattus sur Israël depuis des années et il ne semble pas penser que le Hamas est un mouvement terroriste dont la Charte, connue de tous est empreinte de racisme envers les non musulmans, ce qui veut dire qu’il assume sa légitimité: « un rapport de force obstiné ne peut que provoquer cette guerre asymétrique à laquelle nous assistons impuissants et dont les victimes sont toujours les mêmes : des civils innocents palestiniens.  »
[5] Le Center for Security Policy a publié une étude de 50 pages le 19 Août, 2014, intitulée « Command and Control: The International Union of Muslim Scholars, The Muslim Brotherhood, and The Call for Global Intifada during Operation Protective Edge » par Kyle Shideler et David Daoud; téléchargeable à : http://www.centerforsecuritypolicy.org/wp-content/uploads/2014/08/Command_and_Control_08-21-14_12.50pm.pdf]
[6] Là nous savons qu’il se perpètre sous l’égide de l’Autorité Palestienne depuis Ramallah
[7] Le recueil thématique de ces analyses qui atteignent les 800 pages sera publié au début de l’an prochain dans un livre aux éditions Berg International.

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*