Ni sanction, ni démission pour l'élu PS aux propos antisémites : le PS se couvre de honte

À quoi joue le PS de Vaulx-en-Velin avec Ahmed Chekhab, élu socialiste ayant tenu, en public, des propos antisémites empreints d’une haine à glacer le sang ?

Depuis que cette affaire a été rendue publique, loin de voir sanctionner les propos de l’élu, loin de le voir présenter sa démission du conseil municipal, voici le coupable qui demeure adjoint au maire et entend prendre en charge de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, à sa demande, et promettant de travailler main dans la main avec la LICRA.
La riposte habile d’Ahmed Chekhab
On reprend les faits. Le 30 mai dernier, pour une histoire de mauvaises relations avec le dirigeant d’un club local de sport, Ahmed Chekhab, adjoint aux Sports de la mairie de Vaulx-en-Velin, débarque dans les locaux de l’association et s’en prend au dirigeant de celle-ci, coupable à ses yeux d’entretenir de bonnes relations avec un autre élu, Philippe Zittoun.
Le Lab publie l’enregistrement des propos de l’adjoint aux Sports, propos sans ambiguïté quant à leur monstrueuse nature antisémite, et proférés sur un ton d’une extrême violence :
« Tu me parlais des sionistes. Tu veux Zittoun ? Tu veux un juif ? Tu veux Zittoun ? Tu veux ça toi ? C’est ça que t’aime ! T’aimes pas quand les gens qui te ressemblent sont en place et veulent t’aider. Tu préfères un enculé qui te nique bien. C’est ça ce que tu veux. Tu préfères Philippe. Tu aimes bien Zittoun. »
Confronté à une vague de protestations, Ahmed Chekhab a organisé une riposte habile, en liaison avec la maire socialiste, Hélène Geoffroy, qui avait elle-même excusé l’intolérable, arguant de la jeunesse de l’élu et de son inexpérience.
Ce 9 juillet, il a annoncé qu’il renonçait à sa délégation d’adjoint aux Sports, tout en demeurant adjoint afin de devenir le leader de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme menée au nom de la commune républicaine de Vaulx-en-Velin.
Une entourloupe de haut niveau
Ainsi présentée, la solution trouvée ressemble à une entourloupe de haut niveau, montée avec la complicité de l’antenne locale de la LICRA qui avait visiblement quelques comptes à régler avec la mairie communiste sortante, jugée trop favorable à la cause palestinienne.
En effet, de manière fort surprenante, la LICRA, que l’on connait plus sévère en face de ce type de dossier, s’est déclarée satisfaite des excuses murmurées par l’adjoint Ahmed Chekhab.
Quant au PS départemental, par la bouche du Premier fédéral David Kimelfed, il a paru bien embarrassé par cette affaire, condamnant d’un côté les propos antisémites, les jugeant contraires à l’ADN du PS, et de l’autre prenant la décision de se donner le temps du temps d’offrir au temps du temps afin d’y voir plus clair :
« Il ne saurait être question d’une quelconque procédure disciplinaire, sans avoir entendu l’intéressé et les différents protagonistes (…) Le seul décisionnaire concernant sa délégation d’adjoint est le maire de Vaulx-en-Velin et je fais toute confiance à Hélène Geoffroy. »
Conclusion : après avoir vu l’intéressé et constaté les (non)mesures prises à son encontre au sein du conseil municipal, le Premier fédéral du PS a déclaré :
« C’est une décision positive. Il va s’atteler à un travail de fond contre les discriminations », promettant dans un avenir indéterminé des « sanctions adaptées. »
Au vu des sanctions prises au niveau municipal, on se demande ce que pourront bien être ces « sanctions adaptées » au niveau du parti : une confiscation de la carte du PS pendant une heure ? Un TIG de dix minutes à la photocopieuse de la fédé ? Servir les cafés durant la prochaine réunion de section ?

Un PS mou, mou, mou… Jean_Jaurès,_1904,_par_Nadar

On résume : ni démission, ni sanction, ni exclusion du PS, mais auto-rédemption et auto-promotion, le tout avec la complicité d’une LICRA locale aux abonnés absents de la République et un PS mou, mou, mou, tellement mou qu’il parait avoir oublié que cette année 1914 est aussi celle de la célébration de Jaurès.
C’est bien la peine d’organiser à Paris, rue de Solferino, des festivités destinées à célébrer la mémoire du grand Dreyfusard pour mieux la renier à Vaulx-en-Velin.
La maire de la ville de Vaulx-en-Velin a visiblement les idées très larges en matière de lutte contre les ravages de la pensée Dieudonné. Dans le parti dirigé par Jean-Christophe Cambadélis, on peut donc tenir des propos antisémites, ne subir aucune sanction rapide et exemplaire, demeurer adjoint au maire d’une grande ville, et demander en prime à prendre en charge de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et tout cela comme si de rien n’était ?
Cette affaire permet de mesurer à quel point en est rendu le PS, en certains lieux de France, pour élargir son emprise électorale sur la gauche.
Selon des contacts socialistes de l’auteur de ces lignes, c’est en menant une campagne communautariste à Vaulx-en-Velin, avec l’aide de personnages aussi peu recommandables que Ahmed Chekhab, que les socialistes du Rhône ont réussi à prendre la mairie au PCF (et Front de gauche) qui la tenait depuis 1944, et qu’il avait gérée, avec Maurice Charrier (issu du PCF) sans jamais céder aux communautarismes.
Le successeur de Charrier, en 2009, Bernard Génin, avait même plaidé pour une position équilibrée lors des débats relatifs au port du voile intégral, refusant les communautarismes de tous bords.
Révélateur du fonctionnement de ce parti
Le PS est otage de sa propre stratégie opportuniste. Tout porte à croire qu’il ne faut pas sacrifier Ahmed Chekhab par peur de perdre ceux des électeurs qui ont porté Hélène Geoffroy à la mairie pour des raisons communautaristes, raisons qui ont peu à voir avec l’idéal de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Cette affaire est révélatrice d’un certain type de fonctionnement actuel au sein du PS. Ce sont des considérations locales purement tactiques et opportunistes qui paraissent expliquer pourquoi le parti héritier de Jaurès et de Blum tente, par des manœuvres locales aussi minables qu’infamantes, de sauver par tous les moyens l’élu communautariste auteur d’insupportables propos antisémites.
Prisonniers de leurs petites tambouilles, hors sol socialiste, déconnectés de la République et profitant de l’apathie du sommet du parti, où l’on a déclaré ouverte une enquête que l’on pressent longue, des militants socialistes finissent par ne plus être socialistes.
Adieu Jaurès, Blum, Mitterrand, et vive le petit poste, la petite position, le petit privilège qui vont bien. Et tant pis si, pour préserver ses ambitions médiocres, on protège un « camarade » auteur de propos antisémites inadmissibles. Pas grave. Il a dit que c’était pas lui qui parlait. Il est jeune. Il est un peu impétueux. Il va être sanctionné de manière adaptée. Il va s’occuper lui-même de la lutte contre l’antisémitisme…
Les faits étant établis, connus et reconnus, il fallait sanctionner vite, sans attendre, et avec vigueur. En son temps, Harlem Désir avait prononcé l’exclusion de fait de Jérôme Cahuzac, compte tenu de sa faute. l’auteur de propos antisémites avérés, moralement bien plus accablants, mérite-t-il plus de considération ?
Pour le PS de Cambadélis, ce traitement de l’affaire Chekhab n’est ni républicain, ni jauressien, ni socialiste, c’est juste une honte absolue.
bruno roger-petitPar 
Chroniqueur politique
 
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Crédit photo accueil : Par Hegor (Travail personnel) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

 
 

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