Venez, votre argent nous intéresse

Le chef du gouvernement tunisien Mehdi Jomaa a appelé  les députés à éviter les controverses sur la normalisation des relations avec Israël à l’approche du pèlerinage juif de la Ghriba, essentiel selon lui pour relancer le tourisme.

Mehdi Jomaa
Mehdi Jomaa

Des élus de l’Assemblée nationale constituante (ANC) ont récemment annoncé vouloir auditionner la ministre du Tourisme Amel Karboul ainsi que le ministre délégué à la sécurité, Ridha Sfar, au sujet de l’entrée de touristes israéliens en Tunisie.
Il faut « faire réussir la saison touristique parce que (…) le tourisme est l’une des activités qui amènent du cash tout de suite », a déclaré M. Jomaa, dont le pays traverse une crise économique depuis la révolution de  janvier 2011.
Et « de l’avis des professionnels du tourisme (…), pour que la saison touristique réussisse, il faut que le rendez-vous de la Ghriba soit réussi », a-t-il ajouté à l’ouverture d’une conférence économique en référence au pèlerinage juif qui se tient en mai sur l’île de Djerba .
« Soyons francs: normalisation, pas normalisation, laissons de côté ces grandes causes s’il vous plaît », a lancé le chef du gouvernement à l’adresse des élus.

« ARRÊTONS DE TOURNER AUTOUR DU POT »

Mehdi Jomaa ne tourne pas autour du pot. Le tourisme qui était l’une des réussites de la Tunisie a été massacré par les islamistes au pouvoir qui ont toléré  (ou inspiré) les exactions commises par des intégristes se réclamant du salafisme. De grands barbus portant des vêtements traditionnels islamiques se promenaient dans les rues avec des gourdins à la main, brisant ça et là des caisses de bouteilles de bière en hurlant des « Allah ou Akbar » suivis de « Edbah Liyoud  » (égorge les juifs ) retentissants.

Des élus qui pendant plus de deux ans étaient incapables de s’entendre sur le texte de la constitution, n’étaient jamais d’accord  sur les droits de la femme, sur la place de la religion, de la Charia mais étaient unanimes pour surenchérir  dans la haine des « sionistes ». Et pendant ce temps, les immenses hôtels vides soldaient leurs séjours chez les agents de voyages ou dans les sites spécialisés.

ESCALE À LA GOULETTE

En mars, des touristes israéliens avaient été interdits d’entrée en Tunisie lors d’une escale au port de La Goulette. Leur croisiériste avait accusé la Tunisie de « discrimination », ce que la ministre du Tourisme a démenti en évoquant un problème de visa. Le Premier ministre s’est engagé mardi à la « transparence » sur les procédures d’entrée de ces touristes, en promettant qu’elles seraient consignées par écrit pour qu’il n’y ait plus de confusion.

port-de-la-Goulette
port de La Goulette

Lors de sa nomination, la ministre du Tourisme a dû faire face à de vives critiques parce qu’elle s’était rendue par le passé en Israël pour des raisons professionnelles. Madame Karboul a menti sur les conditions de son séjour en Israël et sur la discrimination à l’égard des touristes israéliens.

Et maintenant, il faut sauver la saison touristique : d’abord faire revenir ces petits juifs nostalgiques, phrases prudentes et regard apeuré, au pèlerinage de la Ghriba pour montrer que la Tunisie est toujours un pays de fraternité. Et espérer que ce premier obstacle franchi, la transhumance moutonnière des touristes de France et d’Europe reprendra  » as usual ».
M. Jomaa lorgne vers les recettes en cash des touristes et il recommande aux députés tunisiens d’en faire autant et de mettre de côté leurs pseudo idées politiques de  » normalisation » .

Amel Karboul
Amel Karboul

C’est un langage clair. Insuffisant quand même. En Espagne, au Portugal, des lois viennent d’être votées pour offrir la nationalité aux descendants des juifs séfarades expulsés, traqués, brûlés vifs. Les israéliens, les juifs, les sionistes ont  ensemble une exigence de dignité et de fierté.

Le Premier Ministre tunisien devant les députés de l’Assemblée Nationale Constituante aurait dû présenter les excuses de son pays aux israéliens ostracisés  et aurait dû s’adresser d’une manière plus chaleureuse aux juifs .
Autrement qu’en leur disant :  » Venez, votre argent nous intéresse! »
André MAMOU avec AFP

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