Le rabbin de Donetsk Pinkhas Vychedski déclare qu’il ignore qui se cache derrière cette provocation, les inconnus s’étant volatilisés à l’arrivée des policiers.
Cependant, la nouvelle a provoqué un émoi et une vive réaction aux Etats-Unis.
Les juifs, encore une fois, au cœur des tensions
qui secouent l’Europe de l’Est.
Nous relevions récemment que dans la Hongrie, triste héritière des Croix Fléchées affidées au nazisme, et dirigée par le parti d’extrême droite Fidesz de Victor Orban, une liste de juifs hongrois avait été dressée.
Curieusement, si les juifs furent autrefois la cible des foudres du nazisme au prétexte qu’ils étaient tout à la fois suspectés de cryptocommunisme, d’être responsables du déclenchement des guerres en Europe, du désastre économique de la crise de 1929, et de comploter pour dominer le monde, au moment où l’Europe et le Monde s’enfoncent une fois encore dans la crise, les juifs sont de nouveau stigmatisés.
Premiers signes de désintégration.
La mise en cause des juifs dans les tourments qui touchent le Monde n’est jamais bon signe.
C’est un peu comme un paramètre sur l’échelle de Richter, qui préside aux premières secousses avant un tremblement de terre.
Les mesures anti-juives décrétées dans l’est de l’Ukraine sont jugées « intolérables et grotesques » par John Kerry, secrétaire d’Etat des USA, issu d’une famille juive convertie au catholicisme.
Intolérables, jusqu’à quand ?
Pascale Davidovicz
Les Juifs de Donetsk sont inquiets
« Cela fait quarante ans que je vis ici sans problème et maintenant, il y a ce phénomène du +printemps russe+ et tout de suite surgissent des problèmes », relève Leonid Krasnopolski, 43 ans, en faisant allusion aux militants pro-russes qui ont pris le contrôle de plusieurs villes ces dernières semaines dans l’Est de l’Ukraine.
« Mardi, deuxième jour de la fête de Pessah, nous étions une vingtaine de personnes devant la synagogue quand trois hommes cagoulés sont arrivés, avec un drapeau russe et un drapeau de la république (autoproclamée) de Donetsk », raconte-t-il.
« L’un des trois hommes a insisté pour que nous lisions des tracts qu’il tenait à la main. Nous avons refusé tant qu’il n’ôterait pas sa cagoule. Il a alors collé des tracts sur la synagogue et tous les trois sont partis », précise-t-il.
« Il était écrit dans ces tracts que tous les Juifs étaient convoqués le 3 mai à l’administration municipale pour payer un impôt de 50 dollars, et justifier de la possession de leur logement et de leur voiture, sous peine d’être expulsés de la région de Donetsk. Le document portait un tampon officiel et la signature d’un responsable de la +république de Donetsk+, Denis Pouchiline », poursuit M. Krasnopolski.
M. Pouchiline, l’un des chefs des insurgés pro-russes qui se sont emparés du siège de l’administration régionale à Donetsk, a démenti vendredi être à l’origine de ces tracts.
« Des tracts ont été distribués en notre nom, mais il s’agit d’une provocation, ma signature a été imitée », a-t-il déclaré.
« Ce qui s’est passé sent la provocation. Mais qui est derrière cette provocation, la question reste ouverte », a commenté le rabbin du Donbass (région de l’Est de l’Ukraine), Pinkhas Vychedski.
Le démenti apporté par M. Pouchiline ne semblait tooutefois pas convaincre totalement M. Krasnopolski :
« l’antisémitisme s’exprime ouvertement en Russie et les insurgés pro-russes coordonnent totalement leurs activités avec les services spéciaux russes », a-t-il estimé laissant entendre que ces tracts « peuvent être une provocation comme les Russes savent l’organiser ».
La communauté juive de Donetsk compte, selon M. Krasnopolski, quelque 10.000 personnes, dont 1.000 membres actifs.
« Poutine dit qu’en Ukraine des antisémites sont arrivés au pouvoir, ce n’est pas vrai. Cela fait 40 ans que je vis à Donetsk et je n’ai rien ressenti de ce genre », dit M. Krasnopolski.
D’après AFP
Poster un Commentaire