L’avertissement d’Itzhar, par Maxime Perez

Violences des juifs radicaux contre Tsahal

Les violences perpétrées par des militants juifs radicaux contre l’armée israélienne ont profondément heurté l’opinion. Le gouvernement Netanyahu promet d’engager un combat  qui s’annonce aussi indispensable que périlleux.
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Les incidents du 8 avril à Itzhar marquent un tournant. Pour la première fois, des habitants de ce bastion religieux ultranationaliste surplombant la ville palestinienne de Naplouse, en Cisjordanie, ont mis à sac une position de l’armée israélienne chargée de défendre la localité. Sur place, les militaires qui s’y trouvaient ont été sommés de déguerpir. Au risque de faire face à la vindicte populaire. Quelques instants auparavant, des dizaines de policiers israéliens n’avaient pu y échapper. Ils furent la cible de jets de pierre et d’insultes en contrebas du village. Leur tort ? Avoir fait respecter la loi en permettant aux pelleteuses d’y détruire trois caravanes construites sans autorisation.
Les violences sont presque monnaie courante à Itzhar. Sauf que le plus souvent, elles sont dirigées contre les Palestiniens au nom de l’infâme et déshonorante politique du « prix à payer ». Cette fois, ce sont des réservistes de Tsahal qui en ont fait les frais. Des hommes appelés à quitter pour quelques semaines femmes, enfants et travail afin de protéger quelques dizaines de familles juives qui, par amour viscéral de la terre biblique, ont fait le choix de vivre, coupées du monde, au milieu d’un territoire devenu hostile. Tout un symbole.
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Pour le gouvernement israélien, une nouvelle ligne rouge a été franchie par les habitants d’Itzhar. Peut-il pour autant s’étonner d’un phénomène qui découle de nombreuses années de passivité et de laisser-faire ? La localité d’Itzhar est à l’image de dizaines d’autres avant-postes en Cisjordanie dans lesquels des zélotes ont été habitués à agir, tel un Far-West, comme bon leur semble et sans jamais avoir à rendre des comptes. Dans la presse, certains commentateurs n’hésitent pas à dire que « la bête se retourne contre son créateur ».

Le pire à venir ?

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 La promesse de fermeté du ministre de la défense Moshé Ya’alon est à la hauteur de l’indignation provoquée par ces débordements de haine. Mais elle est tout autant révélatrice d’un profond malaise. En Cisjordanie, Israël constate à ses dépens que le « terrorisme » peut aussi être juif et, pire, qu’il n’a pas peut être pas encore révélé toutes ses facettes. Les mesures punitives décidées par Tsahal, comme la fermeture par de l’une des Yeshivot d’Itzhar où l’apprentissage du Talmud se mêle à celui de l’insubordination contre les symboles de l’Etat, ne suffiront pas en endiguer le phénomène. Reste que les responsables israéliens se doivent d’engager une guerre d’usure. Sans un inversement du rapport de force sur le terrain, tout futur retrait d’implantations juives isolées ou illégales pourrait tourner au bain de sang.
Certaines voix, y compris à droite de l’échiquier politique, appellent à couper sans délai toute aide financière à ses localités extrémistes. Dans le Yediot Aharonot, l’analyste militaire Ron Ben Yishaï va même jusqu’à proposer l’instauration d’un couvre-feu à Itzhar. A défaut d’être entendue, cette requête prouve qu’une fracture est en train de naitre parmi les Israéliens. Les actions irresponsables de quelques centaines d’irréductibles jouent en la défaveur des habitants juifs de Cisjordanie. Ils ne rendent pas service à leur cause et semblent même oublier, qu’en cas d’accord de paix, c’est l’opinion publique israélienne qui sera amenée à décider de leur sort.
Maxime Perez
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