La taupe : terreur des jardins ou remède miracle ?

La taupe… Elle fait trembler le plus courageux des jardiniers. Même la puissante CIA craint que certaines d’entre elles puissent infiltrer son organisation. Mais ce mignon et adorable terroriste des jardins est redouté par un autre organisme, et pas des moindres : le cancer. Depuis maintenant plus de 50 ans, des rat-taupes sont hébergés dans les laboratoires de l’Université de Haïfa ; durant toute cette période, aucun cas de cancer n’a été détecté chez ces rongeurs. Une récente étude publiée par l’équipe du professeur Aaron Avivi, de l’Université de Haïfa, se penche sur cette étonnante résistance.

Le rat-taupe et les agents cancérigènes aaron avivi taupe

Afin d’étudier l’immunité des rats-taupes face au cancer, les chercheurs israéliens ont essayé d’induire la prolifération de cellules tumorales en leur injectant des agents cancérigènes. Si tous les animaux du groupe contrôle (constitué de rats et de souris) ont développé d’énormes tumeurs, les rat-taupes ont fait preuve d’une résistance à toute épreuve. D’où provient donc cette immunité ? Pour le professeur Aaron Avivi, la réponse se trouve dans les conditions de vie drastiques de ces mignonnes boules de poil.

La pluie, l’oxygène et la lutte contre le cancer : cherchez le lien !

Les chercheurs ont réalisé leur étude sur le rat-taupe israélien, une espèce du genre Spalax. Comme toutes les taupes, Spalax passe toutes ses journées dans de lugubres tunnels souterrains, sombres et mal ventilés. Jusque-là, rien qui ne justifie la présence de superpouvoirs ! D’autant plus que, si le nombre de jours de pluie est réduit en Israël, lorsque les précipitations arrivent, elles s’apparentent à un véritable déluge, réduisant encore davantage le taux d’oxygène (moins de 3%) dans les tunnels construits par les Spalax.
De telles conditions drastiques sont qualifiées d’hypoxie. Chez la grande majorité des mammifères, l’hypoxie peut conduire à des déficiences cardio-vasculaires ou vasculo-cérébrales, des maladies pulmonaires ainsi qu’au développement de cancers. Les taupes ne devraient donc pas faire de vieux os ; pourtant, elles présentent une espérance de vie relativement longue, dépassant les vingt ans, soit dix fois plus longues que celles des rats et souris.
Y aurait-il donc un lien entre résistance à l’hypoxie et au cancer ? C’est l’avis du professeur Aaron Avivi. La résistance des cellules au manque d’oxygène est permise, entre autres, par un enrichissement du génome avec, au sein de ces « super-gènes », des éléments qui permettent à la fois la résistance à l’hypoxie et au cancer. Parmi eux, citons notamment :
– p53, qui présente des mutations au niveau de la zone de liaison à l’ADN, étrangement similaire à la plupart des mutations au niveau du gène p53 dans les cellules tumorales. Cependant, chez le rat-taupe, ces mutations inhibent partiellement l’apoptose (mort cellulaire programmée) et favorisent l’arrêt du cycle cellulaire ainsi que la réparation de l’ADN en cas de dégradation du matériel génétique ;
– une héparanase spécifique du genre Spalax qui diminue la taille des tumeurs par un facteur de 7 lorsque utilisée chez la souris et qui réduit également l’activité métastatique (migration des cellules cancéreuses responsable de la généralisation des cancers).

L’armée de la taupe : les fibroblastes

Les chercheurs israéliens ont donc émis l’hypothèse que les cellules saines de la taupe sécréteraient dans la matrice extra-cellulaire (milieu dans lequel baignent les cellules) des molécules qui cibleraient et détruiraient les cellules cancéreuses. Ils se sont penchés plus particulièrement sur un type cellulaire précis : les fibroblastes. Ces cellules, formant ce que l’on dénomme couramment le tissu de soutien, prolifèrent en cas de lésion mais également au niveau des tumeurs. Si de très nombreuses études ont démontré l’effet pro-cancer des fibroblastes dans leur forme activée, d’autres travaux ont indiqué que les fibroblastes sains pouvaient présenter une activité anti-tumorale. Les fibroblastes de la taupe seraient-ils responsables de leur résistance au cancer ?
Afin de répondre à cette question, l’équipe israélienne a cultivé des fibroblastes de Spalax en présence de deux types de cellules cancéreuses humaines : des cellules provenant d’un carcinome hépatique et des cellules issues d’un cancer du sein. Dans les deux cas, les chercheurs ont observé une inhibition de la prolifération ainsi qu’une destruction des cellules tumorales. Cette activité anti-cancéreuse est-elle permise par la sécrétion d’éléments solubles dans la matrice extra-cellulaire, comme le supposaient les chercheurs ? La réponse est positive : une activité destructrice similaire a été observée lorsque seuls les éléments solubles sécrétés par les fibroblastes étaient utilisés.

Vers un remède pour le cancer ?

Ces travaux pourraient-ils déboucher sur un nouveau traitement pour le cancer ? C’est ce qu’espère le professeur Aaron Avivi. Mais avant cela, une énorme quantité de travail reste à fournir. La prochaine étape est d’identifier, d’isoler et de purifier les substances sécrétées par Spalax et de découvrir quels sont les composants actifs qui agissent uniquement sur les cellules cancéreuses.
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75001.htm

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