Zoom sur l'actualité de la presse israélienne

service de presse

Le service de presse et de communication

de l’Ambassade de France en Israël présente

le zoom sur l’actualité de la presse israélienne

Semaine du 27 au 31 janvier 2014

Les opinions exprimées et retranscrites dans cette revue n’engagent que leurs auteurs

titre Israel-palestiniensCRAINTE DE BOYCOTT ET DISCUSSIONS

AUTOUR DES NEGOCIATIONS

Cette semaine, la presse israélienne a rapporté les inquiétudes exprimées par le ministre des Finances Yair Lapid quant à l’impact sur l’économie israélienne d’un boycott d’Israël par l’Union Européenne, lors d’une conférence de l’institut national pour les études sur la sécurité (INSS) qui s’est tenue cette semaine à Tel Aviv. Par ailleurs, le Premier ministre Netanyahou a convoqué, jeudi, une réunion spéciale sur le risque de boycott d’Israël par des entreprises étrangères à laquelle ont participé plusieurs de ses ministres, le procureur général, le coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires, le directeur général du ministère des Affaires étrangères, ainsi que des représentants du Mossad, du renseignement militaire et du Shin Beth. Cette réunion faisait suite à la décision du plus grand fond de pension hollandais de retirer ses investissements de cinq banques israéliennes possédant des filiales dans les territoires occupés, s’ajoutant à plusieurs décisions similaires d’entreprises étrangères.

Parallèlement, les médias israéliens ont largement relayé et commenté cette semaine un article du chroniqueur Thomas Friedman, considéré comme un proche de la Maison Blanche, paru dans le New York Times, révélant les points qui seraient inclus dans l’accord-cadre que proposerait prochainement le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Selon Friedman, ce plan qui inclut le retrait progressif d’Israël de certaines colonies, l’établissement de la capitale d’un Etat palestinien à Jérusalem-Est, des arrangements sécuritaires sans précédent dans la vallée du Jourdain, la reconnaissance de l’état juif et l’abandon au droit du retour par les Palestiniens, mettra fin au conflit et aux différentes revendications des deux parties. Selon Barak Ravid du Haaretz, John Kerry devrait se rendre en Israël dans les prochaines semaines pour présenter cet accord-cadre.

DISONS OUI A KERRY

par BEN DROR YEMINI – MAARIV

Israël a jusqu’à présent commis de nombreuses erreurs. Mais Israël n’a jamais dit non à un sérieux plan de paix. Israël a dit oui à chacune des propositions qui impliquaient la reconnaissance d’un état juif. Une nouvelle opportunité se présente à nous. Un moment historique. Cependant, même si Israël accepte, les chances pour que ce plan aboutisse sont proches du néant car les Palestiniens, une fois de plus, refuseront.

Il est possible que les points présentés par Tom Friedman soient un ballon d’essai pour le plan de Kerry qui sera difficile à accepter. Reconnaitre Jérusalem-Est en tant que capitale de la Palestine sera extrêmement difficile pour Israël. Cependant, si l’on se base sur les dires de Friedman, le plan sera édulcoré par des paramètres qu’Israël ne pourra refuser: la reconnaissance d’un état juif, l’abandon des Palestiniens au droit du retour, la conservation des grands blocs d’implantations à l’intérieur de la future frontière israélienne.
Les Palestiniens refuseront, mais Israël pourra tout de même appliquer les composants du programme qui correspondent à ses besoins afin d’éviter la menace d’un état binational. Certaines personnes sont prêtes à prendre le risque d’avoir un grand état. Ce sont des démographes qui prétendent que la courbe de natalité se modifiera. C’est possible. Mais leur erreur n’est pas là. Un état binational n’est pas un état à majorité palestinienne. Un état binational et un état qui rassemblera Israël et la Cisjordanie. C’est la solution d’un seul état. La solution qui a fait rêver Arafat. La solution de la gauche antisioniste. Cela représenterait l’anéantissement du rêve sioniste. Est-ce ce que nous voulons ?

LE BOYCOTT N’EST PAS ANTISEMITE

par ZEEV STERNHELL – HAARETZ

L’augmentation des incidents antisémites en Europe sont dus à un antisémitisme latent qui n’a pas disparu en 1945, tout comme n’ont pas disparu le nationalisme radical, le racisme ou la xénophobie. Ces phénomènes ont été occultés par la mémoire de la guerre et par les trente années de prospérité qui s’en sont suivies. Cependant, il est devenu de plus en plus difficile en Europe de séparer les condamnations au sujet de l’occupation des comportements anti-israéliens et antisémites. Ceux qui rejettent l’occupation ont du mal à comprendre l’occupant.

Toutefois, un œil avisé comprendrait que le boycott européen des implantations ne repose pas sur l’antisémitisme. Le boycott est avant tout une objection à la colonisation et à l’apartheid sévissant dans les colonies. Les Européens ont appris les leçons de leur passé colonialiste, ils en ont honte tout comme ils ont honte de l’antisémitisme.

Aujourd’hui en France, c’est la gauche qui combat le racisme et l’antisémitisme au point même de porter atteinte à la liberté d’expression en tentant d’interrompre le discours antisémite du comique Dieudonné. C’est aussi cette même gauche qui refuse d’accepter qu’une nation entière vive dans des conditions d’occupation. C’est pourquoi le mouvement de soutien à l’indépendance des Palestiniens prend de l’importance, car se taire sur le sujet reviendrait à consentir à l’occupation et à bafouer les droits humains.

Pour une grande majorité de l’opinion publique européenne, le boycott culturel et économique des colonies est perçu comme un moyen de pression justifié pour la libération des Palestiniens. Cette opinion est partagée par un large spectre politique, incluant ceux qui méprisent l’antisémitisme et soutiennent chaleureusement Israël.

Kerry, Netanyahou et Abbas « Kerry : Malheureusement, cela nous prendra encore un peu de temps » Caricature de Guy Mored dans le Yediot Aharonoth
Kerry, Netanyahou et Abbas
« Kerry : Malheureusement, cela nous prendra encore un peu de temps »
Caricature de Guy Mored dans le Yediot Aharonoth

BOYCOTT OU PAIX, LE PRIX A PAYER

par GIORA EILAND – YEDIOTH AHARONOTH

Un argument économique a récemment rejoint le discours plébiscitant la signature d’un accord de paix avec les Palestiniens. Selon cette thèse, si les négociations avec les Palestiniens n’aboutissaient pas, le boycott européen se renforcerait et causerait une crise sans précédent de l’économie israélienne. A contrario, la signature d’un accord entrainerait d’importants bénéfices économiques alliant la réduction des coûts liés à la défense à la création d’importants partenariats avec le monde arabe, ce qui augmenterait considérablement la
prospérité du pays.
Afin de pouvoir analyser la situation, nous devons en décomposer les éléments principaux : les raisons de l’appel au boycott, l’éventuel bénéfice économique qui découlerait d’un accord avec les Palestiniens et le coût que représenterait un tel accord.
Premièrement, la communauté internationale conteste sous la forme d’appels au boycott la politique d’implantation israélienne dont les continuelles annonces de constructions nuisent, d’après leurs dires, à la bonne conduite des négociations.
Deuxièmement, n’oublions pas que la Ligue Arabe envisage une normalisation des relations avec Israël uniquement dans le cas où Israël se retirerait de tous les territoires occupés, incluant le Golan. En d’autres termes, un accord avec les Palestiniens n’entrainerait pas de changement majeur avec les autres pays arabes. Les accords de paix avec l’Egypte et la Jordanie étaient eux aussi très prometteurs mais n’ont en définitive pas grandement influencé les échanges entre les pays.
Troisièmement, le coût d’un accord avec les Palestiniens risque d’être très élevé car il nécessitera le déplacement de 120.000 israéliens. En se basant sur le désengagement de 2005, l’indemnisation des familles déplacées pourrait s’élever à 120 milliards de shekels (34 milliards de dollars). Où Israël va-t-il trouver une pareille somme ?
Un accord avec les Palestiniens entrainera un coût certain et important qui s’étalera sur, au moins, une décennie. Aura-t-on un retour sur investissement dans une décennie ou deux ? Rien ne nous le garantit. Cependant, nous avons les moyens de modérer les appels au boycott et la vague de délégitimisation qui nous atteint en arrêtant de construire au-delà des grands blocs d’implantations. Peut-être, pourrions-nous ainsi poursuivre les négociations sans pressions ni hystérie.

titre IntérieurTENSIONS AU SEIN DE LA COALITION

La presse israélienne a largement commenté cette semaine les dissensions politiques et idéologiques survenues au sein de la coalition dans le cadre des discussions autour des négociations de paix. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a évoqué l’idée selon laquelle une partie des colons en Judée-Samarie pourront continuer à résider dans des implantations qui seraient situées sous souveraineté palestinienne. Naftali Bennett, ministre du Commerce et leader du Foyer Juif a vivement critiqué cette idée la qualifiant d’irraisonnable et de dangereuse et qu’elle représentait le désarroi moral dans lequel se trouverait Netanyahou. Des proches du Premier ministre ont à leur tour qualifié les propos de Bennett d’irresponsables, assurant qu’il s’agissait d’une proposition destinée aux Palestiniens et non à M. Bennett. Netanyahou a par la suite menacé de convoquer son ministre qui a fini par exprimer des excuses publiques.
D’après les commentateurs de la presse israélienne, cette crise actuelle est de mauvais augure pour la coalition gouvernementale qui risquerait d’être remaniée dans le cas d’un accord de paix, avec le départ éventuel du Foyer Juif.

Le combat entre Benyamin Netanyahou et Naftali Bennett Caricature d’Amos Biderman dans le Haaretz
Le combat entre Benyamin Netanyahou et Naftali Bennett
Caricature d’Amos Biderman dans le Haaretz

 

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