Nicolas Anelka a été mis en accusation mardi par la Fédération anglaise (FA) pour une « quenelle », et encourt désormais une lourde suspension.
Le joueur de West Bromwich Albion a jusqu’à jeudi pour répondre des charges qui pèsent contre lui.
« Il est reconnu qu’Anelka a fait un geste abusif et/ou indécent et/ou insultant et/ou incorrect », a annoncé la Fédération anglaise dans un communiqué. « En outre, il s’agit d’une violation grave (…) en ce sens
qu’elle inclut une référence à l’origine ethnique et/ou la race et/ou la religion ou à une croyance ».
L’attaquant français de 34 ans à la réputation sulfureuse n’en a donc pas fini avec cette « quenelle » réalisée le 28 décembre pour célébrer le 1er de ses deux buts contre West Ham (3-3) « en signe de dédicace » à son ami Dieudonné, l’humoriste-polémiste français qui en est l’inventeur.
Ce geste – un bras tendu vers le bas, l’autre bras replié touchant l’épaule – est au coeur d’une vive polémique en France et a été qualifié de « salut nazi inversé » par le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
Après trois semaines et demi d’enquête, la FA a donc décidé d’ouvrir une procédure. Une commission indépendante de trois membres sera chargée de régler ce dossier.
ACCEPTER OU CONTESTER
Anelka, converti à l’islam en 2004, a jusqu’au 23 janvier à 18h00 GMT pour accepter ou contester cette mise en accusation. S’il accepte, la Fédération annoncera une sanction, possiblement immédiatement. S’il conteste, il sera convoqué ultérieurement. Il encourt une suspension d’au moins cinq matches.
Au coeur de la polémique, déclenchée en France et suivie en Grande-Bretagne, l’ex-international avait nié sur son compte Twitter toute connotation politique ou religieuse. Il avait défendu un geste « anti-système »,
ajoutant qu’il n’était lui-même « bien sûr ni antisémite ni raciste ».
D’autres ne l’ont pas vu ainsi. Zoopla, le sponsor maillot du club, a officialisé la fin de son contrat « à la lumière des actions de l’attaquant Nicolas Anelka », selon un communiqué lundi de la société d’annonces immobilières possédée en partie par l’homme d’affaires juif Alex Chesterman.
Soit, selon les médias britanniques, une perte sèche de trois millions de livres (3,6 millions d’euros). Le club, de son côté, a demandé à son joueur de ne plus agir ainsi, mais a pour le moment pris le parti de le soutenir.
Anelka a ainsi régulièrement rejoué depuis. Lundi, il a joué une grande partie de la rencontre contre Everton (1-1). « Un grand merci à WBA pour m’avoir soutenu dans cette affaire », a-t-il ensuite tweeté.
LOURD CASIER JUDICIAIRE
« Il a une grande personnalité. Il a juste besoin d’un but et il va très bien travailler avec moi », l’a encouragé sur Sky son nouvel entraîneur Pepe Mel, avant de botter en touche sur les suites de l’affaire. « Je ne sais pas,
je ne suis que l’entraîneur », a poursuivi l’Espagnol qui vient d’arriver en Premier League et n’entraînait pas WBA au moment des faits.
Passé dans de nombreux clubs où il n’est jamais resté très longtemps et connu pour son caractère ombrageux qui mélange timidité et suffisance, Anelka, surnommé « le boudeur » en Angleterre, risque de voir un peu plus chargé un « casier disciplinaire » dans lequel trônent déjà ses 18 matches de suspension en France pour avoir insulté publiquement le sélectionneur lors du Mondial-2010.
« Kick it out », association de lutte contre le racisme dans le football, a déclaré qu’elle prenait « note de cette annonce de la FA et (attendait) la réponse du joueur pour faire de plus amples commentaires ».
Anelka a par ailleurs reçu en fin de journée le soutien de l’attaquant belge d’Everton, Romelu Lukaku. « Je ne pense pas qu’il devrait être sanctionné pour ça, il supportait simplement un artiste en France », a-t-il déclaré.
AFP
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