La conférence de presse du Président de la République : plus de 3 heures entre le discours du Président et les réponses aux questions d’un certain nombre des 600 journalistes.
La seule question dont tout le monde attendait la réponse a été posée d’entrée de jeu et la réponse suivante a été apportée, pratiquement en quelques mots : » les affaires privées se traitent en privé ».
httpv://youtu.be/Lx_j0TKTNuI
Ensuite des journalistes retors l’ont reposée en arguant que la frontière vie publique, vie privée ne pouvait s’appliquer à un Président en exercice et à sa compagne installée dans le Palais de la République, un autre en s’inquiétant de la santé de celle qu’on avait hospitalisée (Réponse : » Elle se repose »). Une promesse pourtant du Président: il donnera des détails avant son voyage d’Etat aux USA le 12 février. Et un quotidien américain fait un très beau titre : » Hollande demande un mois pour indiquer le nom de la première Dame ».
Plus français, plus glamour et plus classe, le magazine » Elle » publie en couverture, une belle photo de Julie Gayet, au grand et frais sourire et il emprunte l’esprit du roman de Jean-Paul Dubois, » Une vie française » en titrant : Une passion française.
On verra avant le départ du Président pour l’Amérique s’il part seul ou accompagné, mais de qui ?
L’histoire de l’appartement de la rue du Cirque prêté par une amie divorcée d’un comédien corse qui vient d’être condamné à 18 mois de prison avec sursis et compagne d’un autre corse abattu par balles il y a quelques mois , si elle avait été le fruit de l’imagination d’un scénariste, aurait été refusée par tout producteur prudent. La vie et la réalité ont beaucoup plus d’imagination que les gens raisonnables.
Plus triviale, mais quand même inattendue, l’histoire de la société de production de Julie Gayet où le milliardaire Pinault, fan du Président, a pris une petite participation, qui peut aider à trouver des financements, aurait dû aiguiser la curiosité des médias français et internationaux mais il n’en fût rien.
LA RIGUEUR , LE TOURNANT
La conférence, presque toute entière consacrée aux problèmes économiques, a été un festival de l’art du Président Hollande pour rallier tout le monde à ses points de vue, en choisissant les mots, écartant ceux qui blessent, recherchant ceux qui fédèrent, enfumant l’auditoire par des anaphores (moi Président, quand on a 25 ans …)
En 1983, Pierre Mauroy avait convaincu François Mitterrand qu’il fallait changer de politique pour éviter la catastrophe. Le Président monarque avait consenti mais il avait interdit que l’on parlât de » rigueur » , mot proscrit dans le vocabulaire de la gauche.
En 2014, François Hollande a changé de politique.
C’est un tournant mais attention, il ne faut pas le dire car « un tournant peut être dangereux » et le Président et tous les ministres et affidés ont été priés de parler « d’accélération »
L’ACCELERATION
Non ! On accélère mais on a aussi et surtout changé de direction. On ne compte plus sur l’Etat pour sortir l’économie de sa léthargie mais sur les patrons et on supprime trente milliards de charges sociales, en faisant maigrir d’autant le train de vie de l’État et de la protection sociale.
Pierre Laurent, secrétaire général du Parti Communiste, ne s’en est pas laissé conter et il a dit qu’il combattrait son ancien allié, coupable d’abandonner la politique de la gauche qui l’a amené au pouvoir pour faire une politique de droite.
Les mots les plus souvent prononcés par le Président ont été : entreprises, offre, production, réduction des dépenses, déficits..Notre ancien rédacteur en chef à Tribune Juive, Ivan Levaï, lui a demandé pourquoi il ne voulait pas revendiquer la qualité de social démocrate. François Hollande s’est étonné que cela ne fût pas encore clair et il a autorisé une seconde question sur le même sujet pour ceux qui en douteraient.
Tous les économistes, tous les hommes politiques, ont tiré la sonnette d’alarme pendant 18 mois pour indiquer au Président que la croissance ne se décrète pas, que seules les entreprises créent des emplois durables qui rapportent au budget au lieu de le ponctionner, que la protection sociale la plus généreuse de la planète était financée par des emprunts renouvelés que nos descendants devront rembourser,.bref, on ne va pas bomber le torse en clamant : « on vous l’avait bien dit ! », on va se contenter d’être prudent.
Car, l’abandon des illusions de la gauche, l’invocation d’une collaboration accrue avec l’Allemagne, le recours au Medef de Gattaz, tout cela est peut être tardif et signifierait que l’échec étant certain, il a été décidé que ce serait mieux si le patronat en prenait sa part.
André MAMOU
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