Elie Semoun et Dieudonné

Celui qui connaît le mieux Dieudonné,

c’est certainement son ancien partenaire et ami,

Élie Semoun.

J’ai assisté l’été dernier à Tel-Aviv à une représentation d’Elie Semoun dans un théâtre de 800 places et il n’y avait pas un siège vide. Il a regardé le public longuement, il a apprécié les applaudissements pour l’accueillir et il a conquis le public en disant ces quelques mots : « Je suis fier de vous. »
Elie a commencé son stand-up de la manière suivante : « Je sais que vous voulez tous me poser la même question, je la connais et je vais vous donner la réponse : Voilà! Avant, Dieudonné et moi, on était copains. Il était très drôle et très intelligent. Gentil, serviable, d’une grande finesse et j’avais beaucoup de sympathie pour lui. Après , il a changé complètement et il est devenu ce personnage odieux et détestable. Pourquoi? Je suis incapable de vous répondre ».
Ce n’est pas tout à fait vrai. Elie Semoun a donné des débuts d’explications au cours d’entretiens ou d’interviews avec des journalistes de la presse politique ou « people ». Il a laissé entendre que leur séparation professionnelle se serait faite à l’initiative de Dieudonné qui pensait mériter davantage que son partenaire, qui croyait que le public riait davantage avec lui et que Semoun ne valait pas la moitié des cachets obtenus.
 

C’est assez fréquent dans le showbiz : Jerry Lewis et Dean Martin, Alexandra Lamy et Jean Dujardin, etc..
Mais Élie Semoun, tout seul, a continué à trouver des engagements, a réussi  à garder ses fans et a conquis un nouveau public. Dieudonné a rencontré plus d’adversité et n’a pas réussi à devenir l’immense humoriste qu’il estimait être. Des contrats difficiles, des galas annulés faute de réservations suffisantes et le doute, l’aigreur ont pris le dessus.
Et puis, un jour, il a trouvé le filon : l’antisémitisme, à couplets et refrains dans tous ses sketches. Il a entendu les petits rires gênés puis les gloussements et les éclats de rire homériques. Il sait doser, Dieudonné, et il vous en donne pour votre argent : 37 euros le billet d’entrée mais où pouvez-vous entendre des jeux de mots sur les chambres à gaz, la description d’un ministre rampant devant un responsable de la communauté juive qui l’autorise à se mettre à genoux, l’attaque contre tous les juifs de la chanson et de la télé ..?
Les gens pensaient que c’était interdit d’être raciste, d’être antisémite, certains mots n’étaient jamais prononcés et beaucoup de phrases finissaient en chuchotements. Mais oui, c’est interdit : c’est un délit tout comme être négationniste. Mais non, chez Dieudonné, tout est permis : « Entre les juifs et Hitler, je choisis pas, je suis neutre », colossale finesse qui fait s’esclaffer des rangs entiers de spectateurs, crânes rasés, têtes voilées, vrais croyants barbus.
« Les chambres à gaz, tu vois, dommage! » pour parler d’un journaliste radio qui le tient à l’écart.. Un dégueulis immonde de racisme primaire, d’antisémitisme que l’on croyait disparu depuis 70 ans, voilà de quoi on est contraint de s’occuper en 2014. Israël va exporter le gaz de Léviathan d’abord aux palestiniens ensuite aux clients du monde entier. En France un humoriste immonde s’enrichit en plaisantant sur les chambres à gaz. 
Alors faut-il interdire les spectacles de Dieudonné et lui forger une gloire internationale sinon inoxydable? Pascal Bruckner ne le souhaite pas et pense que la justice doit le calmer en lui infligeant des amendes. Mais justement il ne les règle jamais et il est insolvable juridiquement et milliardaire positivement. Les chasseurs de nazis, la famille Klarsfeld, se dressent contre lui pour aider Manuel Valls à demander aux Préfets d’interdire les spectacles afin de sauvegarder l’ordre public.
On verra ce qui sortira de cette jonction entre l’antisémitisme traditionnel français et celui tout nouveau des cités et des djihadistes : Soral, Le Pen, antisionisme, BDS, Qatar et Iran pour les financements et pour ciment la haine, la jalousie, la cupidité et la bêtise au front de bœuf .
André Mamou