Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain décédé le 5 décembre dernier à l’âge de 95 ans, a été formé dans l’armement et le sabotage par des agents du Mossad en 1962, quelques mois avant son arrestation en Afrique du Sud, selon des documents déclassifiés par les archives d’Etat israéliennes, révélés par Haaretz.
Au cours de sa formation, Mandela aurait exprimé son intérêt pour la stratégie de la Haganah, l’armée souterraine israélienne pré-étatique, et le Mossad l’aurait décrit comme penchant vers le communisme.
Le père de la nouvelle Afrique du Sud qui a mené la lutte contre l’apartheid dès le début des années 1950, a été arrêté , jugé et libéré un certain nombre de fois avant de poursuivre son combat dans la clandestinité dans les années 1960.
En janvier 1962, il a secrètement et illégalement fui l’Afrique du Sud et a visité plusieurs pays africains, dont l’Ethiopie, l’Algérie, l’Egypte et le Ghana, dans le but de rencontrer les dirigeants des pays africains et obtenir un soutien financier et militaire de la branche armée du Congrès national africain souterrain.
Une lettre datée du 11 octobre 1962 et envoyée par le Mossad au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, révèle que Mandela a reçu une formation militaire par les agents du Mossad en Ethiopie au cours de cette période, sans que les agents ne soient au courant de la véritable identité de Mandela.
Le Mossad a transféré cette lettre au chef du Bureau Afrique du ministère des Affaires étrangères, au chef du département du ministère de la coopération internationale, ainsi qu’à l’ambassadeur d’Israël en Ethiopie entre 1962 et 1966.
THE BLACKPIMPERNEL
L’objet de cette lettre était « le Black Pimpernel », en anglais, le terme que les médias sud-africains utilisaient déjà pour Mandela, en référence au Mouron rouge, nom de guerre du héros du roman britannique de la baronne Emma Orczy, qui a sauvé de nombreux aristocrates français durant la Révolution française.
« Comme vous le savez, il y a trois mois, nous avons discuté du cas d’un stagiaire qui est arrivé à l’ambassade [israélienne] en Ethiopie sous le nom de David Mobsari venu de Rhodésie », dit la lettre. « La formation réalisée par les Éthiopiens [le personnel de l’ambassade israélienne, certainement des agents du Mossad] comprenait des cours de judo, les méthodes de sabotage et le maniement des armes », est-il encore précisé. L’expression » les Ethiopiens » était apparemment un nom de code pour les agents du Mossad travaillant en Ethiopie,
» SHALOM «
La lettre note également que l’intéressé « a montré un intérêt particulier pour les méthodes de la Haganah et autres mouvements souterrains israéliens ». Il est aussi écrit qu’il « a salué nos hommes en disant « Shalom » et était familier avec les problèmes de la communauté juive et d’Israël. Il aurait donner l’impression d’ être un intellectuel. « Le personnel a essayé de faire de lui un sioniste », écrit l’agent du Mossad.
« Lors de conversations, il a exprimé la vision du monde socialiste et parfois donné l’impression qu’il penchait vers le communisme », poursuit la lettre, notant que l’homme qui se faisait appeler David Mobsari était le même homme qui avait été arrêté récemment en Afrique du Sud.
« Il ressort maintenant à partir de photographies publiées dans la presse à propos de l’arrestation en Afrique du Sud du ‘Black Pimpernel’, que le stagiaire de Rhodésie utilisait un pseudonyme », explique le Mossad.
Une annotation manuscrite sur la lettre se réfère à une autre lettre envoyée environ deux semaines plus tard, le 24 octobre 1962 et indique que « Black Pimpernel » était Nelson Mandela.
Cette lettre a été maintenue secrète pendant des décennies dans les Archives de l’État d’Israël et n’a jamais été révélée au public. Elle a été découverte il y a quelques années par David Fachler, un Israélien de 43 ans qui faisait des recherches sur les relations entre l’Afrique du Sud et Israël, pour sa thèse.
Né en Israël, Fachler a grandi et obtenu sa maîtrise en droit en Afrique du Sud. « Si l’Afrique du Sud avait découvert qu’Israël a aidé Mandela, cela aurait mis en danger la communauté juive », a déclaré Fachler, interrogé par Haaretz.
Publié par I24tv le 20/12
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