La scène de la signature de l’accord de Genève restera dans les annales de l’histoire. Les baisers échangés pour célébrer une démission collective d’un consortium de super puissances face à une puissance de taille moyenne ont quelque chose de fascinant. Dans quelques années on verra dans ce spectacle étourdissant le signal du déclin de l’Occident comme concept politique international.
Par peur de la confrontation, par incapacité morale à nommer l’ennemi qui les menace, ces puissances ont cédé devant le chantage du régime des mollahs dont la conviction apocalyptique s’avère à cette occasion plus forte que la foi, tant célébrée par les Occidentaux, des « droits de l’homme ». L’inconnue de cette démission annoncée est de savoir ce que va faire Israël qui se retrouve dans une solitude épaisse et tragique parce que la trahison de son allié américain est devenue évidente. Le mot est fort mais la perversité et la rouerie de la politique d’Obama est désormais étalée aux yeux de tous. L’existence d’Israël est en jeu, à la fois sous la menace léthale de la folie chiite (dont l’antijudaisme est plus puissant qu’il ne l’est dans le sunnisme) et, désormais, sous le risque d’une mise en quarantaine par le camp occidental. C’est ce dernier aspect qui transparaît avec clarté aujourd’hui.
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C’est là une des facettes les plus stupéfiantes et significatives de cet événement. La menace publique de l’Iran contre Israël était censée jouer comme la raison d’être des sanctions à son encontre. Or, c’est Israël qui se retrouve en marge et solitaire, menacé d’une réprobation internationale. S’ il décidait d’une action contre l’Iran, il incarnerait vite la menace planétaire pour la paix et ferait l’unanimité contre lui. S’il troublait ce mensonge collectif d’une entente mondiale, il se retrouverait ainsi dans la position de l’Iran avant « l’accord » de Genève. Le diktat de l’Union européenne sur les frontières d’Israël, sous menace de mise au ban s’il ne se soumet pas (voir les conditions de signatures d’accords entre lui et l’U.E.), montre la crédibilité du vent de bannissement qui le menace en Europe.
Ce renversement potentiel de situation est très caractéristique de la crise du bouc émissaire. Le bouc est en effet un symbole ambivalent cristallisant sur lui la faute et la culpabilité, d’un côté, et le rachat et la rédemption, de l’autre. Celui qui prend sur lui l’impureté de tous est celui qui va purifier tout le monde. C’est pourquoi le « rôle » que joue Israël dans cette assemblée de faux-jetons est volatile et peut se retourner contre lui, comme on l’entrevoit aujourd’hui. L’unanimité contre l’Iran, construite depuis des années dans l’arène internationale, se transmue en unanimité contre celui qu’il menaçait. Les ennemis d’antan, Iran et puissances occidentales, s’unissent alors dans les embrassades et renouent leurs liens, en expulsant l’objet prétendu de leur conflit. C’est exactement le sens du honteux spectacle de Genève. La « paix » célébrée est le fruit de l’abandon d’Israël. Les juteuses retombées de ce deal, les marchés économiques iraniens qui s’ouvrent aux Occidentaux, déjà en concurrence entre eux, sont les dividendes offerts à la démission de tous.
Il y a, pourtant, à la base de cette transaction un mensonge collectif, car si Israël est directement ciblé dans le scenario chiite (la venue du mahdi), c’est non seulement tout le Moyen Orient – les ennemis sunnites du chiisme – qui l’est mais aussi l’Europe, sans compter tout ce qui porte un drapeau américain. C’est un pieux mensonge de croire que c’est (encore !) Israël qui est seul concerné et qui est l’empêcheur de tourner en rond, ou de croire que c’est le lobby juif américain qui pousse à la guerre aux bénéfices du seul Israël. Dans la logique du bouc émissaire, le choix du bouc n’a pas de fondement rationnel. L’immense hostilité dont Israël est l’objet dans le monde musulman, couplée aux antécédents de l’antisémitisme occidental (la Shoah) a tout pour le désigner à remplir un tel rôle. Il cristallise ainsi l’angoisse de tous en vue de son expulsion.
Les leçons à tirer de cette histoire (la confiance en les alliés, dans les traités, les résolutions internationales, etc) sont très nombreuses et il faut espérer que les dirigeants israéliens auront la force d’âme de les assumer résolument. Plus que jamais, la parole de la Tradition « Abraham d’un côté et le reste du monde de l’autre » est vraie. Ce qui est une raison d’avoir confiance dans le destin de l’Israël éternel.
Shmuel Trigano dans Actualité Juive
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