Si Sarkozy se confiait : propos rapportés sur son come-black éventuel

Sur la scène politique, il a incontestablement été l’absent dont on a le plus parlé cette année. En 2013, un an après la défaite face à François Hollande, le nom de Nicolas Sarkozy s’est invité dans toutes les conversations. Reviendra ? Reviendra pas ? La stratégie de l’ancien chef de l’Etat a suscité des dizaines d’articles, de sondages, de débats… Mais depuis qu’il a quitté l’Elysée, Nicolas Sarkozy n’a encore jamais donné d’interview.
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Son retour sur la scène politique, son jugement sur la situation politique et économique de la France, son regard sur la droite… En remettant en ordre la succession de propos rapportés dans les médias ces derniers mois, francetv info a imaginé à quoi pourrait ressembler un entretien avec l’ancien président.
En survolant chacune des réponses, vous découvrirez la source de ces propos.
Le 6 mai 2012, au soir de votre défaite, vous avez fait comprendre aux Français que vous vous mettiez en retrait de la vie politique. Cette année, vous avez pourtant fait énormément parler de vous ! Peut-on dire que vous avez effectué votre retour ?
Je n’ai fait ni ma rentrée, ni mon retour en politique. En revanche, un certain nombre d’événements m’ont poussé à prendre mes responsabilités.
L’envie est là, donc…
Que ce soit clair : je n’ai pas envie d’avoir affaire au monde politique, qui me procure un ennui mortel. La petite actualité politique, je ne veux plus m’en occuper. Mais la France c’est autre chose. Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus “Avez-vous envie ?”, mais “Avez-vous le choix ?”.
De quel moment parlez-vous ?
Il s’agira d’un moment où le pays sera tenaillé entre la poussée de l’extrémisme de gauche et celui de droite. Parce que François Hollande n’aura pas tenu compte de toute cette France des invisibles et des oubliés. Et puis, il s’agira d’un moment où la droite n’offrira aucune solution de recours. Pas plus que la gauche. Dans ce cas, je ne pourrai pas continuer à me dire : “Je suis heureux, j’emmène ma fille à l’école et je fais des conférences partout dans le monde.” Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d’y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu’il s’agit de la France.
Ce serait aussi l’occasion de prendre une revanche ?
Quelle revanche ? La revanche, d’abord, c’est un très mauvais sentiment. Cela n’a jamais rendu heureux personne. Vous savez, je ne connais pas l’amertume. J’aime ma vie et je me suis battu pour gagner. J’ai gagné une fois et j’ai perdu une autre fois. C’est la vie. Je ne m’en plains pas. Et puis, quelle revanche ce serait ? Pour reprendre la France dans l’état où les socialistes la laisseront ?
Votre nom est cité dans plusieurs affaires judiciaires. Cela peut-il gêner votre éventuel retour ?
Dans le dossier Bettencourt, la justice m’a déclaré innocent. Deux ans et demi d’enquête. Trois juges. Des dizaines de policiers. 22 heures d’interrogatoires et de confrontations. Quatre perquisitions. Des centaines d’articles mettant en cause ma probité durant la campagne présidentielle… C’était donc le prix à payer pour que la vérité soit enfin établie. On ne gagne jamais à calomnier.
Estimez-vous avoir subi un acharnement de la part de certains juges ?
Eu égard aux responsabilités que j’ai exercées, je ne ferai aucun commentaire sur la manière dont la justice a été rendue.
La justice travaille également sur le rôle que vous pourriez avoir joué dans l’affaire Karachi, dans l’affaire Tapie, dans l’affaire Kadhafi…
Je n’ai rien à me reprocher.
Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de la France ?
Le pouvoir socialiste est en train de s’effondrer sur lui-même. Je suis extrêmement inquiet. La société est très fragile. Il suffit d’une allumette… Ça peut exploser. Le pire n’est pas certain, mais il devient possible, voire probable. D’abord, sur le plan économique. Les voitures ne se vendent plus. Les appartements pas davantage. Il n’y a plus un emploi qui se crée. Ensuite, il y aura une crise sociale. Puis, on va se prendre une crise financière d’une violence rare. Et enfin, cela finira avec des troubles politiques. Même pendant la crise de 2008-2010, qui aurait pu tout emporter, la France n’a jamais été dans cet état-là.
Comment l’expliquez-vous ?
Nous avons changé de siècle. Nous ne pouvons pas porter une grille de lecture du XXIe siècle avec les idéologies du XXe siècle. Nous sommes le seul pays qui a peur du progrès. Dans ce contexte, la solution, c’est l’Europe. Si l’euro explose, c’est l’Europe qui explose et la paix qui explose. La préservation de l’idéal européen est pour chacun d’entre nous une obligation. Le problème, c’est que plus rien n’est désormais possible entre la France et l’Allemagne. François Hollande a cassé tout ce que j’avais réussi à construire avec Angela Merkel. Pas tellement parce qu’il ne s’entend pas avec elle, mais parce qu’il mène une politique exactement contraire à celle de l’Allemagne.
Sur le plan politique, après la guerre Copé-Fillon, l’UMP semble morcelée en courants. Son existence a-t-elle encore un sens ?
Moi, je n’ai jamais fait de courant sarkozyste. Je suis pour le rassemblement. Il faut l’unité. Se diviser, c’est s’affaiblir. Je constate par ailleurs que les frontières politiques actuelles ne veulent plus dire grand-chose. L’UMP est dépassée. Il faudra faire quelque chose de plus large. En France moins qu’ailleurs, on ne peut accepter le risque de repliement idéologique, de la consanguinité politique et de l’enfermement autour d’un clan partisan. C’est la diversité, le rassemblement, le respect des différences qui peuvent apaiser notre nation.
Que pensez-vous du rapprochement entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo ?
Il faut que le centre reste dans la famille. Si les centristes s’en vont, on ne sera pas au second tour en 2017.
Cet automne, François Fillon a suscité une vive polémique à l’UMP, en tendant la main aux électeurs de Marine Le Pen. Cela vous a-t-il surpris ?
(ironique) Fillon et le Front national ? A l’entendre, je croyais que nos positions sur le sujet étaient irréconciliables ! Je ne comprends pas, il faudrait qu’on m’explique…
Votre ancien Premier ministre a officialisé sa candidature à la primaire de l’UMP pour 2017, et a déjà dévoilé un certain nombre de propositions. N’est-ce pas un peu tôt ?
Il a le droit de se préparer pour 2017, son ambition est parfaitement légitime. Mais j’observe surtout que c’est un drôle de programme de promettre les 39 heures payées 35 et la retraite à 65 ans. Bon courage à celui qui veut se faire élire là-dessus !
Le fait que François Fillon ait demandé un inventaire de votre quinquennat vous a-t-il blessé ?
Le rôle de l’opposition est-il de faire l’inventaire de ce qu’elle a mal fait quand elle était au pouvoir, ou de critiquer la majorité ? (ironique) En tout cas, j’ai effectivement vu que certains ministres dans mon gouvernement avaient beaucoup souffert. Mais alors, en silence, car ils n’en avaient jamais rien dit ! Eh bien, comme je suis un bon chrétien et que je veux me faire pardonner, je veux leur promettre que je ne les ferai plus jamais souffrir !
Vos proches affirment que, dans les mois à venir, vous allez multiplier les messages à l’adresse des Français…
Un de mes collaborateurs a dit un jour, après les dernières élections : « C’est toujours un tigre, mais il est devenu végétarien. » Aujourd’hui, je peux vous dire que les tigres ne deviennent jamais végétariens. (rires) Restons sérieux… Il y a quelque chose d’indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle, alors que les Français souffrent. Je sais qu’il faudra bien que je m’exprime un jour, mais le moment n’est pas encore venu. J’ai un calendrier en tête.
En 2015 ?
Peut-être même avant.
http://www.francetvinfo.fr/nicolas-sarkozy/si-sarkozy-se-confiait-linterview-de-son-possible-come-back_474456.html#xtor=EPR-32-%5Bsarkozy%5D

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