Un conte de Hanouccah

Qui avait caché la fiole d’huile ?

Leo Michel Abrami

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À peine couronné roi de Syrie (175 av.), Antiochus Épiphane décida d’imposer la religion grecque à tous les sujets de son royaume, qui comprenait la Judée, Mattathias, un prêtre retraité, refusa, cependant, d’obéir aux ordres du roi et de déclarer son allégeance au Dieu Zeus, comme l’avaient fait la plupart des peuples du royaume. Il organisa une rébellion contre Antiochus et son armée et soutenu par ses fils et de nombreux Judeens, il lutta vaillamment pour libérer son pays du joug de l’oppresseur.

En 165 av, Judah Macchabée, fils de Mattathias, et son armée, réussirent à vaincre l’armée syrienne à Beth Tsur. De là, ils marchèrent vers Jérusalem. Après une bataille acharnée, ils prirent la ville et se dirigèrent aussitôt vers le Temple, afin de le re-consacrer au service du Dieu Un. Ils détruisirent la statue de Zeus qu’Antiochus avait placée dans le sanctuaire et ils rétablirent le grand candélabre, la Menorah, dans l’enceinte du Temple. Le Grand-Prêtre et ses assistants s’apprêtèrent alors à allumer les lumières de la Menorah, afin de rendre grâce à Dieu.

Il ne leur manquait plus que de trouver une fiole d’huile portant le sceau du Grand-Prêtre, pour allumer les lumières de la Menorah. Ils cherchèrent partout; ils fouillèrent dans tous les recoins du temple, mais ne purent trouver une seule fiole d’huile intacte. Les Syriens avaient en effet, pillé tout ce que contenait le Temple ! Les Maccabées se résolurent alors à remettre la cérémonie d’inauguration à plus tard, afin de leur permettre de produire l’huile fraîche pour allumer les lumières de la Menorah. Les habitants de Jérusalem qui étaient venus en grand nombre pour se joindre à la cérémonie de l’inauguration, ne cachèrent pas leur déception et leur tristesse. Un grand silence régnait dans l’enceinte du Temple.

Soudain, une petite fille, âgée de huit ou neuf ans, entra dans le Temple.

D’une voix forte et claire, elle s’écria avec fierté:

– Je sais où se trouve une fiole d’huile pure qui n’a pas été souillée par les païens.

Les yeux de tous se dirigèrent vers la fillette.

– Ne sais-tu pas, petite, que les prêtres ont cherché partout, déclara Shimon, l’un des officiers de Judah, et ils n’ont pas trouvé une seule fiole ! Comment sais-tu qu’il existe une fiole intacte au sein de cet édifice ?
– Cela pourra vous surprendre, Monsieur l’officier, dit la petite fille, mais je sais, moi, où se trouve une fiole portant le sceau du Grand-Prêtre et je pourrais vous mener à l’endroit où elle se trouve.

Le Grand-Prêtre hésita un moment, puis il accepta finalement de laisser quelques prêtres suivre l’enfant. Celle-ci les conduisit jusqu’à la salle où les Lévites avaient l’habitude d’entreposer les réserves d’huile destinée à l’allumage des lumières de la Menorah.
– Tu vois, petite, dit un prêtre, cette salle est complètement vide. Rien n’est resté de l’huile que nous y avions placée.
– Vous vous trompez, dit elle, regardez donc derrière ces feuilles, au coin de ces deux murs.

Elle leur montra du doigt une petite cavité dans la paroi. Ils se dirigèrent vers l’endroit et trouvèrent effectivement, une fiole d’huile portant le sceau du Grand-Prêtre. Ils l’apportèrent aussitôt dans le Sanctuaire et tout le monde se réjouit de cette découverte inattendue.

L’officier se tourna alors vers la petite fille et il lui demanda :

– Qui es-tu, petite fille, et comment savais-tu où se trouvait cette fiole d’huile?
Monsieur l’officier, je vais répondre à vos questions. Mon nom est Berakhah, je suis la fille de Judah. Je connaissais l’endroit parce que c’est moi qui ai caché cette fiole d’huile l’année dernière, avant que les Syriens ne commencent à saccager le temple.

-Et qui t’a donné l’idée de faire une chose pareille ? demanda l’officier.

– Vous aurez de la peine à en croire mes paroles, Monsieur l’officier, mais c’est vous-même : je reconnais distinctement votre voix, déclara Berakhah, Je vous ai entendu au cours d’un conseil d’état-major qui s’est tenu dans notre maison; vous vouliez prévenir mon père et les officiers présents que les Syriens avaient l’intention de piller tous les trésors du Temple. J’ai alors fait mon plan à ce moment même.

– Et comment as-tu réussi à entrer dans cette salle du Temple ? demanda l’officier.

– Cela a été très simple, répondit Berakhah. Je me suis rendue le lendemain au Temple. J’ai fait semblant de venir adorer Zeus, mais au lieu de cela, je me suis enfilée dans le couloir au fond su sanctuaire et suis entrée dans cet entrepôt alors que personne ne faisait attention à moi. J’ai vite pris une fiole d’huile et je l’ai cachée dans ce trou dans le mur; je l’ai recouvert ensuite de quelques feuilles sèches. Je savais que personne ne chercherait en cet endroit et que je serais la seule personne à connaître ce secret.

– Et pourquoi as-tu fait cela, Berakhah?

– Je l’ai fait parce que j’étais convaincue que mon père et son armée réussiraient à libérer Jérusalem. Je voulais être certaine que nous serions capables de rallumer la Menorah le jour où mon père et ses officiers entreraient dans le Temple pour célébrer leur victoire.

– Ce fut là une brillante idée de ta part, chère Berakhah, dit l’officier, et nous te sommes tous reconnaissants pour ta présence d’esprit! Tu as été aussi inspirée que ne l’est ton père. Grâce à toi, nous allons pouvoir maintenant allumer la Menorah et célébrer la Hanouccah, la fête de l’Inauguration !

httpv://youtu.be/KW7dgdPWNgM

Leo Michel Abrami enseigne au Lifelong Learning Institute de Arizona State University à Phoenix et à Arizona Institute of Logotherapy. Il est l’auteur de Une Démarche Thérapeutique, la Logothérapie et A l’Ombre de l’Etoile, Souvenirs d’un Enfant Caché et d’un nombre d’articles qui ont paru dans des publications variées et dans le site Academia.edu.

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