Giacomo Tedesco (1799-1870),
un célèbre philanthrope juif français,
a été inhumé dimanche en Israël
en présence de centaines de ses descendants,
133 ans après sa mort.
« C’était un personnage hors du commun dans l’histoire du judaïsme français », a expliqué le rabbin Henri Kahn, qui a participé à l’opération permettant l’inhumation de Giacomo Tedesco et de son épouse Thérèse en Israël.
Une descendante de Giacomo Tedesco, Deborah Lifshitz, une historienne israélienne, a découvert en 2006 que les restes de son illustre ancêtre avaient disparu de la tombe du cimetière parisien où il avait été enterré.
La législation française autorise l’exhumation des ossements d’une concession si celle-ci est abandonnée et que l’administration n’arrive pas à joindre les ayants-droits, ce qui fut le cas pour le couple Tedesco.
Apprenant que les ossements de Giacomo Tedesco et ceux de sa femme avaient été déposés dans un ossuaire du Père Lachaise, appartenant à la ville de Paris, l’historienne a entrepris de tout faire pour les faire enterrer en
Israël, la tradition juive étant vigilante sur le respect des morts et exigeant notamment que les corps soient mis en terre dans un cimetière juif.
INTERVENTION DE MANUEL VALLS
Il a fallu plus de six ans pour qu’elle arrive à ses fins, grâce notamment à l’intervention du ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls.
« Des milliers de juifs français sont dans cette situation et nous devons poursuivre le combat pour empêcher que leurs restes soient mis dans des boîtes ou brûlés comme c’est parfois le cas en France », plaide le rabbin Kahn.
Giacomo Tedesco, un juif italien d’origine allemande a construit une synagogue, un bain rituel et créé la première boucherie casher à Paris, tout en distribuant de l’argent aux juifs les plus pauvres de la capitale. Il dirigeait une galerie d’art renommée.
Parmi sa nombreuse parentèle, une grande partie sont des juifs ultra-orthodoxes, notamment plusieurs personnalités rabbiniques de premier plan en Israël, aux Etats Unis et en France.
LE GRAND PÈRE DE SA GRAND MÈRE
« C’est vraiment émouvant, tout le monde n’a pas le mérite de pouvoir assister aux funérailles du grand-père de sa grand-mère », a confié Meir Berenstein, 40 ans, qui a participé a cet enterrement pas comme les autres.
Les restes ont été déposés sur deux civières, recouverts d’un drap et du talit, le châle rituel juif, avant d’être mis en terre.
Plusieurs des descendants du couple Tedesco ont pris la parole pour se féliciter de l’action entreprise pour « sauver ces restes et les enterrer comme la tradition l’exige ».
« Que cette histoire puisse servir de leçon afin que nous puissions sauver à l’avenir d’autres dépouilles juives de France », a affirmé l’ancien grand rabbin de Colmar (Haut-Rhin), Jacky Dreyfus, lui aussi lié à la famille Tedesco.
AFP
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