J’aurais préféré ne pas être juive

Ce soir, après une sombre journée, une pensée effroyable me traverse l’esprit pour la première fois depuis ma naissance : j’aurais préféré ne pas être juive.

J’ai toujours été consciente que les juifs étaient comme les martyrs de l’humanité : si peu nombreux, et pourtant si dérangeants.

Je n’ai jamais essayé de comprendre pourquoi ni comment on en est arrivé là.

Ce qui m’intéresse ce soir, les yeux remplis de larmes, c’est : comment vais-je trouver le sommeil en connaissant les bas-fonds de cette humanité, en sachant que, malgré des prières incessantes, ce qu’a été le sort des enfants Bibas ?

Leur mère, dont le corps n’a pas été renvoyé et qu’on ne retrouvera probablement jamais ? Savoir que ces enfants ont probablement été arrachés à leur mère avant d’être sauvagement assassinés par des terroristes, venus les kidnapper dans leur lit un mois plus tôt ?

Ce soir en me couchant, j’essaye de me convaincre que j’aurais préféré ne pas être juive, que Kfir,

Ariel et Shiri Bibas ne soient pas juifs.

Peut-être qu’ainsi, ils auraient eu la vie sauve. Kfir aurait pu souffler au moins une bougie d’anniversaire, Ariel aurait pu apprendre à lire et à compter.

Peut-être qu’ainsi, tous les innocents perdus depuis le 7 octobre ne seraient pas morts.

Peut-être que des otages ne seraient pas en train d’agoniser dans des tunnels.

J’aurais presque aimé ne pas être juive ce soir pour ne pas ressentir cette douleur viscérale, ce deuil de ceux que nous n’avons jamais rencontrés, mais qui font pourtant partie intégrante de notre famille et de notre cœur.

J’aurais aimé pouvoir faire comme tous ceux qui se taisent aujourd’hui, qui détournent le regard, qui considèrent que cela ne les concerne pas, que ce n’est pas leur combat.

J’aurais aimé pouvoir garder le silence, ne pas être indignée, ne pas avoir la nausée.

J’aurais aimé trouver le sommeil ce soir.

Et pourtant, dans cette nuit de tristesse, même lorsque cette pensée m’envahit, me faisant prendre conscience de ce à quoi j’en suis réduite, je retrouve quelque chose d’encore plus fort : ma communauté.

Hier, nous avons tous perdu nos enfants, Ariel et Kfir. Nous avons perdu notre sœur Shiri. Nous avons perdu notre grand-père Oded.

Nous ne formons qu’un. C’est ça, la force du peuple juif.

C’est peut-être cela, finalement, qui dérange.

(L’auteure est une jeune lectrice qui nous livre le témoignage de sa sensibilité et dont on voudrait tant atténuer l’émotion )

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1 Comment

  1. oui nous formons une communauté
    et que l on soit en israël ou en France
    malgré la douleur qui nous assaille
    nous sommes unis
    nous n oublierons jamais les petits bibas

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