Une interrogation
Qui l’eût cru !
Ce qui est arrivé le 7 octobre 2023 n’est pas seulement un cauchemar qui s’éternise depuis plus d’un an. (J’écris ces lignes en décembre 2024) C’était une catastrophe qui ne saurait s’expliquer rationnellement.
On a le sentiment que l’armée, le gouvernement, les services secrets, tels des drogués, étaient plongés dans un profond sommeil. Seules les soldates responsables de la surveillance des frontières, les guetteuses, avertissaient inutilement tous ceux qui auraient dû les entendre qu’il se passait quelque chose d’inhabituel à la frontière de la Bande de Gaza. Avec une incompréhension totale, les autorités faisaient la sourde oreille. Israël aux commandes s’était assoupi.
Ce jour de fête du 7 octobre 2023, dernier jour de Soukkot (la fête des cabanes) où les Juifs dansent avec les tables de la loi dans les synagogues et dans les rues, vers 6h du matin, le temps en Israël s’est arrêté. Environ 6000 terroristes du Hamas ont forcé les barrières frontalières prétendument inattaquables, et ont perpétré des massacres, des viols, des prises d’otages. Je ne cesse d’avoir devant les yeux une mère avec deux bébés dans les bras sauvagement entraînée par les terroristes du Hamas. Jamais je n’oublierai le regard de la jeune femme terrorisée. Les kibboutzim en bordure de la frontière ont été entièrement détruits ou incendiés avec leurs occupants. Des corps dépecés et emportés en « otages ». Femmes, enfants, bébés, vieillards. Il y avait une fête à proximité. Des jeunes gens dansaient aux sons d’un orchestre. Ils ont subi le même sort. Il y a eu plus d’un millier de massacrés, plus de 300 militaires tués, car ils ont fini par arriver, trop tard hélas. 255 otages dont 154 ont été libérés. Un certain nombre parmi les otages ont été assassinés, une centaine pourrit depuis lors dans les souterrains que Hamas avait creusés pour sa sécurité dans toute la Bande de Gaza.
Qui l’eut cru !
Depuis un bon moment déjà il semble que rien ne va plus dans ce pays de lait et de miel. Réélu pour la sixième fois, en décembre 2022, Benjamin Netanyahou a formé une coalition de droite et d’extrême-droite avec les ultra- orthodoxes qui rongent progressivement cet État démocratique fondé en 1948.
C’est un sujet épineux, mais il n’est pas de mon intention de l’aborder dans mon interrogation sur ce qui s’est produit depuis lors.
Israël est en guerre depuis le 7 octobre 2023. Dans la Bande de Gaza, les souterrains construits par Hamas ne sont pas encore tous détruits et les terroristes, dont un assez grand nombre y est encore réfugié, font de nombreuses victimes parmi les soldats qui craignent que des otages israéliens, encore en vie, ne s’y trouvent. C’est pourquoi ils n’osent pas toujours les faire sauter, et y pénètrent au risque d’être abattus. Du côté Nord les fusées de Hezbollah ont détruit des quartiers entiers et tué beaucoup de civils. Depuis que les services secrets israéliens ont eu raison de leur chef suprême, Hassan Nasrallah, Israël a pu signer un cessez-le-feu avec le Nord. Cela dit, les Houthis du Yémen, armés par L’Iran, envoient sans cesse sur le pays des missiles balistiques très difficiles à intercepter, et lorsqu’ils le sont, les débris endommagent des immeubles et touchent parfois des civils qui courent aux abris.
Les funérailles hebdomadaires sinon quotidiennes des soldats fauchés au front, transmises à la télévision, les témoignages des familles dont la vie ne sera plus jamais la même, sont un crève-cœur pour le pays tout entier. Les manifestations quotidiennes depuis le fatidique 7 octobre pour le retour des otages encore vivants de l’enfer des terroristes et la fin de la guerre ne semblent pas efficaces malgré l’intervention d’autres nations. À qui la faute? Le Hamas s’enferre dans des conditions difficiles à accepter, et le chef du gouvernement refuse d’arrêter les combats tant que le désarmement du Hamas n’est pas complet.
Comme si cet état de choses ne suffisait pas, les attentats continuent à frapper à l’intérieur du pays. Dans cette réalité précaire, la violence fait rage, il y a de plus en plus d’accidents mortels sur les routes, la police ayant d’autres chats à fouetter que de s’en occuper. En compensation, de plus en plus de bénévoles offrent leurs services, une solidarité chaleureuse rapproche les gens de toute espèce. Et la population fait comme si la vie n’avait pas changé. Les restaurants sont pleins. Les cinémas et les théâtres sont ouverts. Il y a des festivals et les gens voyagent.
Le peuple israélien est d’une résilience peu commune. Est-ce l’habitude d’une existence continuellement menacée par la haine de ses voisins ? Pour y remédier, Israël, bon an mal an, défend ses frontières étroites. Et, à la guerre comme à la guerre, ceux qu’on combat souffrent à leur tour. Même des exactions çà et là sont inévitables surtout lorsque la guerre se prolonge. N’oublions pas non plus que l’armée israélienne est une armée du peuple. Les militaires n’y sont pas sélectionnés. Que les Gazaouis en souffrent : il n’y a pas de doute possible. Hamas a tout fait pour cela. (« Le Monde » très diplomatiquement note que « des gangs pillent les camions humanitaires qui entrent à Gaza ». En réalité, ceux qui pillent sont surtout les terroristes armés du Hamas). Tous les pays, un jour ou l’autre, ont défendu leurs frontières. Or pour l’État juif rien ne se passe dans la nature des choses. Car celui qu’on appelle couramment l’État hébreu est un État juif qui n’a pas seulement ses voisins pour ennemis : les Juifs depuis toujours gênent le monde aux entournures.
Sans parler de l’antisémitisme qui est une pathologie qui prend des formes diverses selon les époques depuis la nuit des temps ; et sans me laisser entraîner dans un phénomène jamais vraiment élucidé, j’ai du mal à comprendre l’explosion de haine contre Israël justement depuis qu’il a été la victime du plus grand massacre jamais perpétré depuis la Shoah. Qu’on ne me jette pas à la figure la colonisation d’un territoire plébiscité en majorité écrasante par l’ONU en 1947 ! Cette même organisation a voté une Résolution en 1975 qui qualifie le sionisme de racisme. Depuis 2015 il y a eu 141 condamnations d’Israël à l’Assemblée Générale des Nations Unies ( Ce n’est pas une plaisanterie…)
Israël colonisateur ? Le peuple juif n’a jamais possédé d’autre foyer national qui définit justement de colonisateurs ceux qui envahissaient des régions à partir de leurs propres pays. Faut-il que ces anciens colonisateurs culpabilisés fassent amende honorable sur notre dos ?
Depuis les atrocités commises le 7 octobre 2023 par les terroristes du Hamas, Israël est devenu le principal accusé dans le monde dit civilisé. Dans les grandes universités aux États-Unisles étudiants manifestent et frappent les étudiants juifs sans qu’ils soient Israéliens pour autant. Ceux qui manifestent sont des étudiants arabes en majorité, mais ils ne sont pas les seuls. Les président(e)s de ces universités célèbres ont préféré fermer les yeux. Et pas exclusivement aux USA. En France, en Angleterre et dans d’autres pays européens. L’Europe n’est pas seule à montrer les étudiants juifs du doigt. On boycotte les universités israéliennes. La liste est trop longue pour désigner chacun des détracteurs. Le procès de l’État d’Israël accusé par l’Afrique du Sud de génocide à Gaza par la Cour Pénale Internationale de la Haye et les mandats d’arrêt contre ses dirigeants couronnent cette explosion de haine.
J’ai passé une grande partie de ma vie à étudier la littérature et le théâtre, et je suis arrivée à la conclusion que, non moins que l’histoire, ce sont des fenêtres ouvertes sur la société de leur temps. L’histoire raconte et explique. L’art montre !
Pourquoi cette haine du Juif qui, à chaque époque, à l’instar du caméléon, revêt son masque grimaçant ?
© Thérèse Malachy
Spécialiste de la littérature et du théâtre français à l’Université hébraïque de Jérusalem, Thérèse Malachy-Krol est une des rares survivantes qui puisse encore témoigner de ce qu’elle a connu dans cette ville, symbole de l’extermination massive des Juifs, mais aussi de leur révolte héroïque.
Le massacre du 7 octobre a marqué à tout jamais l’Histoire d’Israel, cela est différent de la choa ou plus de 6 millions de Juifs d’Europe ont péri dans les camps. Le 7 Octobre, c’est en Terre d’Israel que l’inimaginable s’est produit. Les jeunes qui faisaient la fête et dont les corps jonchèrent le sol, les kibutzim attaqués ,ses habitants violés massacrés, mis en morceaux, les enfants… Les terroristes ont volé tout ce qu’ils ont pû aussi bien dans les voitures que dans les maisons, avec les cadavres des familles autour d’eux, ils ont mangé les repas préparés. Ils ont tout brûlé et emmené les otages à Gaza Le lendemain ce fut l’horreur en Europe mais ça n’a pas duré; c’est l’antisémitisme qui a repris le dessus partout. Des manifestations pour la Palestine à tous les coins de rue. Israel est en guerre, chaque jour un soldat tombe, Hamas continue a envoyer des missiles sur Israel, les otages ne sont pas rentrés à la maison. Je pense à eux tous les jours,mon coeur est brisé.