Aux États-Unis comme en France, le poids de la désinformation: L’édito stupéfiant de Patrick Cohen

Le grand vainqueur des élections américaines est déjà annoncé : le mensonge

Le grand vainqueur des élections américaines est déjà annoncé : le mensonge.

Le mensonge, qui fera qu’une partie de l’Amérique, quel que soit le vainqueur, ne voudra pas admettre la victoire du camp d’en face. Comme il y a quatre ans. Prenez l’un des bobards régulièrement colportés par Donald Trump : Kamala Harris et les démocrates amènent des migrants pour les faire voter illégalement et fausser l’élection. L’institut Brandwatch, spécialisé dans l’écoute des réseaux sociaux avec l’aide du journaliste Thomas Huchon, a repéré en ce sens 2 millions et demi de messages postés sur X, le réseau d’Elon Musk. Messages qui ont été vus ces 100 derniers jours, plus de trois milliards de fois !

Et ces immigrés ne se contentent pas de bourrer les urnes : vous savez, comme l’a dit Trump, qu’ils mangent des animaux domestiques. 3 milliards et demi de vues ! Kamala Harris, une Noire d’opportunité, 1 milliard 2. Qui veut établir le communisme aux États-Unis, 800 millions.

Elon Musk, le véritable colistier de Donald Trump

Il suffirait de voir ces messages pour y croire ? Non… enfin jusqu’à un certain niveau de matraquage. 3 milliards de vues rapportées au nombre d’utilisateurs américains du réseau X, signifient qu’en moyenne, la même infox est tombée plus de 60 fois sous les yeux de chaque électeur républicain. Si en plus, la famille, les proches pensent la même chose, s’ils sont dans une bulle, comment ne pas y croire ? Le résultat se lit dans un récent sondage : 8 républicains sur 10 pensent que les démocrates permettent effectivement à des migrants de voter de manière illégale en faveur de Kamala Harris. Imparable et irrésistible. Trump peut dire merci à Elon Musk, son véritable colistier.

Et le pire est peut-être à venir : les experts s’attendent à partir de ce soir à un déluge de désinformation et d’images générées par intelligence artificielle, ces « deepfakes » appelés à régner sur l’empire du mensonge.

L’ère du doute généralisé

C’est pire parce que soit vous vous laissez prendre par un faux qui vous apparait vrai, soit, vous repérez le faux, mais tout ce qui est vrai vous apparaitra suspect. Et vous entrez dans l’ère du doute généralisé. Le même sondage sur l’infox des migrants qui votent nous indique que plus d’un tiers des démocrates pensent que les tentatives d’assassinat de Donald Trump étaient des mises en scène. Quand tout est sujet à caution, il n’y a plus de vérité qu’alternative.

La France est-elle encore loin de la désinformation américaine ? En sommes-nous si sûrs ? Je peux vous citer trois bobards politiques qui ont prospéré récemment, pas seulement sur les réseaux sociaux, mais sur des chaines privées grand public. Des migrants viennent en France pour se faire recoller gratuitement les oreilles, on en a parlé ici. Le gouvernement projette d’instaurer une taxe sur les chiens. Et les syndicats de la SNCF ont fait censurer la campagne d’affichage de Jordan Bardella. Trois infox relayées parfois avec aplomb, avec des accents trumpistes. Si vous pensez que le mensonge américain peut déferler chez nous, alors vous serez dans le vrai.

Patrick Cohen sur France Inter, mardi 5 novembre 2024

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7 Comments

  1. George Orwell avait anticipé l’émergence d’une désinformation absolue, d’une inversion systématique du reel et du totalitarisme du monde futur…Qui est aujourd’hui
    le nôtre. L’inversion du reel et des valeurs y devient systématique et omniprésente : comparée à la désinformation existant aujourd’hui en France (ou en Belgique ou en Suisse ou en Grande-Bretagne etc) les propagandistes de la Pravda étaient des amateurs ou des enfants de chœur.

    La France a un service public que les dictateurs du monde entier nous envient.

  2. “Le mensonge, qui fera qu’une partie de l’Amérique, quel que soit le vainqueur, ne voudra pas admettre la victoire du camp d’en face.”

    Cet incipit, grammaticalement incorrect, est source d’équivoque.
    Par des propos liminaires aussi confus que veut dire exactement M. Cohen ? Qu’en cas de défaite de Mme Harris, ses partisans auraient pu contester eux aussi le résultat des élections et choisir le mensonge et le déni à l’acceptation lucide et honnête de la réalité ? Une hypothèse aussi affreuse est-elle vraiment concevable ? Que les démocrates eussent pu être aussi peu démocrates que les républicains ! Le monde de M. Cohen s’écroulerait si une telle abomination pouvait se vérifier. Hélas, la large défaite de Mme Harris comme le triomphe de Donald Trump ne nous auront pas permis de mettre à l’épreuve une hypothèse aussi fantastique.

    Pour M. Cohen, Trump n’est pas d’abord celui qui a gagné les élections, en
    remportant un véritable triomphe dans les urnes, mais celui qui les aurait contesté s’il les avait perdues. C’est cela qui reste l’essentiel en l’espèce : supériorité du conditionnel sur l’indicatif, du possible sur l’être. Il s’agit de condamner Trump et de le juger non sur ce qu’il fait ou a fait RÉELLEMENT, comme on le ferait pour tout un chacun, mais sur ce qu’il aurait pu faire, POSSIBLEMENT. Qu’il ait été élu dans le respect des formes démocratiques est de peu de poids, rapporté au fait qu’il aurait pu ne pas les respecter ! Ce faisant, M. Cohen n’est plus un journaliste. Il ne s’intéresse plus à rapporter des faits, à les analyser, mais à échafauder des hypothèses qui servent ses convictions morales et politiques. Il pratique donc lui-même, tous les matins sur France-Inter, ce que les armées de trolls pratiquent quotidiennement sur les réseaux sociaux et contre lesquels M. Cohen n’a de cesse de nous mettre en garde.

  3. Les médias français soutiennent la propagande obscurantiste, génocidaire, raciste et antisémite des islamonazis et la propagande russophobe des Ukronazis et de l’UE.
    Dans les deux cas, c’est une propagande fasciste et meurtrière. En comparaison, les propagandistes de la Pravda étaient des enfants de chœur.

    Ce qu’il y a de merveilleux avec médias français (ou belges ou suisses) c’est qu’ils desinforment sur TOUT ! L’avantage, c’est qu’il suffit de prendre pour principe que la réalité se situe à l’opposé des affirmations des medias français contemporains pour s’informer. Ce procédé s’avère assez fiable, y compris dans le domaine du cinéma : les films encensés par les médias français sont presque systématiquement des navets.

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