L’Amérique de Trump et la France de Macron Ou Le degré zéro de la politique. Par Daniel Salvatore Schiffer

Que notre bonne vieille Europe – celle qui vit naître Socrate, Aristote, Dante, Shakespeare, Léonard de Vinci, Cervantès, Mozart, Kant, Goethe, Voltaire, Victor Hugo ou Albert Camus – puisse autant se passionner à voir les ineptes débats inondant quotidiennement nos chaînes d’infos en continu, sur les toutes prochaines élections présidentielles en Amérique, en dit long sur l’effarant délabrement, aujourd’hui, de son niveau intellectuel, et pas seulement sur le plan politique ou idéologique.

Pensez : les plus grands spécialistes, paraît-il, de la société américaine contemporaine en train de gloser, en s’agitant à longueur de journées devant des caméras de télévision supposées leur octroyer leur quart d’heure de célébrité, sur le sens profond symboliquement, latent ou avéré, de la cravate rouge, de la casquette noire et maintenant du gilet orange fluo sur fond de camion à ordures, d’un crétin, roi de la vulgarité et même de l’obscénité, tel que ce grotesque mais surtout dangereux clown, vaguement fascisant à en croire quelques-uns parmi ses anciens collaborateurs, de Donald Trump ! 

Un Trump  qu’il est malheureusement plausible de voir désormais élu (contre la très digne Kamala Harris, mais hélas handicapée par les bourdes à répétitions de son mentor Joe Biden) prochain inculte Président des Etats-Unis d’Amérique, la première puissance nucléaire de notre précieuse mais pauvre planète !

UN DONALD ÇA TRUMP ENORMEMENT : DE L’INSULTE ORDURIERE A LA POLITIQUE POUBELLE

D’où, urgente, la question : la politique de cette prétendue “plus grande démocratie du monde” ne serait-elle plus donc en effet, et non pas seulement sur le plan métaphorique, qu’une poubelle ? Je prends en l’occurrence là, sinon au mot du moins à l’image, tant Trump que Biden. 

Il est vrai qu’un Donald, qui ressemble effectivement à un éléphant dans un magasin de porcelaines bien plus encore qu’à un canard boiteux, ça Trump énormément ! Mais enfin, de là à dire, au sein de ces mêmes commentateurs patentés de l’actuelle sociologie américaine, que, comble d’une bêtise qui s’ignore, ce fat à la houppe blondasse est un “génie de la communication”, il y a de la marge. A moins que, bien évidemment, nous n’ayons pas, comme j’ai plutôt tendance à le penser pour ma modeste part, la même définition du “génie”, ce mot tellement galvaudé, jusqu’à la nausée linguistique, en ces derniers temps de décadence.

DANSE, CADENCE ET DECADENCE

La décadence, justement ! Voilà un terme propice, précisément, pour se lancer, à voir les inénarrables pas de danse de ce Donald éléphantesque sur les podiums de ses gigantesques meetings, dans une belle et féconde allitération poético-littéraire : danse, cadence et décadence.

Car, oui, Trump, à défaut d’idées rationnelles, crédibles et sensées lors de ses caricaturaux discours en campagnes électorales, par ailleurs d’un mauvais goût à faire pâlir d’envie les plus ambitieux des artistes kitsch de par le monde, a bien, à n’en pas douter, le sens, fût-il d’un ridicule fini à le voir se dandiner micro en main sur les très macho-martiales notes de “YMCA”, du rythme populaire, sinon populiste !

C’est dire, à ne considérer que ce consternant niveau intellectuel, doublé d’un encore plus affligeant échelon de la réflexion politique, où l’insulte la plus ordurière (tiens, on y revient !) le dispute à l’indigence de l’argumentation aussi bien qu’à l’irrespect de son contradicteur, si l’Amérique, celle qui nous fit jadis rêver – celle d’écrivains nobélisés tels que William Faulkner, d’artistes pop tels qu’Andy Warhol, de fabuleux musiciens tels que Miles Davis, de savants aussi révolutionnaires que Robert Oppenheimer, d’inventeurs aussi considérables que Bill Gates ou de leaders aussi charismatiques que Martin Luther King, pour ne s’en tenir qu’à la seconde moitié du XXe siècle – est tombée là, en cette triste et sombre époque, bien bas !

LA SOMBRE AFFAIRE BELLATAR AVEC MACRON EN VISITE D’ETAT AU MAROC

Et, pourtant, comment toutefois oser lui jeter la première pierre, ou prétendre lui faire la leçon de morale ou même de philosophie, lorsque l’on voit notre propre Président de la République, Emmanuel Macron, s’en aller faire une visite d’Etat au Roi du Maroc accompagné, dans son avion présidentiel, parmi sa large centaine de courtisans invités, d’un délinquant, fanatique islamiste condamné par la justice française elle-même pour menaces de mort, tel que Yassine Belattar, antisémite notoire et suppôt déclaré de surcroît, par-delà ses mauvaises blagues de médiocre humoriste ou son désormais fameux survêtement-pyjamas face à Mohammed VI en personne, de cette autre nébuleuse islamiste que constituent aujourd’hui les tristement célèbres “Frères Musulmans”, ennemis jurés des valeurs démocratiques de ce qu’il reste encore, ne leur en déplaise, de notre Occident libre, laïque, tolérant et pacifiste ?

Oui, aussi lamentable qu’impardonnable, sinon immonde, cette énorme faute de Macron ! Et tout cela, pour aggraver davantage encore cette situation déjà très critiquable, sinon répréhensible, en soi, en plus de ses récents et inacceptables propos, tout simplement fallacieux au regard de la grande et véritable Histoire, concernant l’Etat d’Israël et sa prétendue création par l’ONU ! 

Conclusion ? Oui, c’est bien là, de Trump à Macron, l’édifiant, indigne et honteux degré zéro de la politique, pour le pire, hélas, sinon de notre civilisation, du moins de notre culture !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, écrivain, auteur d’une quarantaine de livres, dont « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France), « Dialogues du Siècle – 7 conversations » (avec Eugène Ionesco, Vaclàv Havel, Günter Grass, Jean Baudrillard, Gillo Dorfles, Francis Fukuyama, Emmanuel Levinas), « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » (Editions de l’Aube/Fondation Jean Jaurès), « Repenser le rôle de l’intellectuel (Editions de l’Aube), « L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir. Contre les nouveaux obscurantismes » (Editions du Cerf). A paraître « Contre l’antisémitisme – Pour Israël », manifeste collectif sous sa direction éditoriale. 

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3 Comments

  1. “contre la très digne Kamala Harris”
    “Digne” me paraît un épithète totalement inapproprié en ce qui la concerne.
    Dans ce cas, peut-on dire simplement de Trump qu’il est “haut en couleurs” (c’est-à-dire pittoresque et truculent ?)

  2. La tres ” indigne ” Kamala : incapable notoire , dotée d un rire devastateur …….et c est a peu pres tout !
    Celle qui n a pas vu que Biden etait gateux durant 4 ans , sauf quand on lui a ordonné d eliminer le vieux president pour prendre sa place .
    Mr Schiffer fait tres fort , je dois le reconnaitre , moi , perso , je n aime ni kamala ni ceux qui tirent les ficelles pour lui faire lire ( peniblement ) son prompteur , ni rachida tlaib, ni hussein obama , ni l extreme gauche antijuive fascisante qui s aligne derriere la peu brillante kamala .

  3. C’est sûr le niveau baisse ! Et si l’on accepte de rentrer dans le jeu de la gentille Kamala contre le vilain-méchant-vulgaire-pas beau Donald, on passe à côté de l’enjeu : le wokisme stop ou encore ? et la mort programmée des classes moyennes avec à la clé un quatrième mandat d’Obama.

    Ceci dit, la position développée par M. Schiffer est une position très convenue, puisque comme d’habitude les Français et les Européens ont les yeux de Chimène pour les démocrates, alors que les Républicains ont toujours été considérés comme des imbéciles au mieux ou comme des fascistes au pire ! Il faudrait pourtant se rappeler que les Démocrates américains ont toujours affiché un mépris incommensurable pour la France : Roosevelt haïssait le général de Gaulle qu’il considérait comme un dictateur ; Kennedy et Obama n’ont eu, en Europe, de considération que pour l’Allemagne (« Ich bin ein Berliner »). De son côté, la pensée unique française n’avait pas de mots assez durs pour qualifier les présidents républicains qu’elle a toujours considérés comme des crétins : il suffit de relire les Verbatim de Jacques Attali pour comprendre en quelle haute estime la France tenait le président Reagan (le meilleur Président de la seconde moitié du XXè siècle) dans les années 1980 !

    J’aimerais enfin partager ici une anecdote que j’ai entendue en 2019 dans une conférence de Boaz Bismuth, aujourd’hui député israélien, mais en 2016 rédacteur en chef du quotidien Israël Hayom : en reportage en Floride pour les élections américaines de 2016, il croise un couple d’Afro-Américains de la mid-class à la sortie d’un bureau de vote et leur demande s’ils ont voté pour Hillary Clinton. Et ce couple explique à Boaz Bismuth qu’ils ont préféré voter pour “un clown” (Trump) plutôt que pour des Démocrates, “qui ne considèrent les minorités qu’au moment des élections”.

    J’ai entendu exactement les mêmes commentaires il y a quelques jours.

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