Depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, les restrictions envers les femmes ne cessent de se renforcer. Désormais, elles ne peuvent plus s’exprimer entre elles, ni être entendues des autres femmes.
C’est une loi qui “cadenasse” encore un peu plus la vie des femmes afghanes, assurait à la fin août “Courrier International”. Depuis l’été dernier en Afghanistan, les Talibans ont en effet édicté de nouvelles règles à ces dernières parmi lesquelles l’interdiction de communiquer, même entre elles. L’information provient de “Rukhshana Media”, une agence de presse fondée par la journaliste afghane Zahra Joya, qui vit désormais en exil au Royaume-Uni.
“Une vision inquiétante de l’avenir”
Depuis la prise du pouvoir des talibans en 2021, les restrictions envers les femmes n’ont cessé de se renforcer dans le pays, touchant tous les aspects de leur vie : éducation, emploi et famille. En 2023, on leur a, par exemple, interdit “de travailler hors de leur domicile”, rapporte “Amnesty International”. Les filles n’ont également plus accès aux écoles et aux universités, et les mères et épouses ne peuvent plus se déplacer sans homme à leurs côtés. À tout cela s’ajoute donc, désormais, l’impossibilité de pouvoir parler entre femmes, que ce soit chez elles, lors de réunions intimes ou dans le cadre de la prière.
Cette restriction a été officiellement publiée comme loi par le ministre afghan de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, ont souligné plusieurs médias. Celui-ci a d’ailleurs ajouté qu’en ce sens, les Afghanes n’ont plus le droit «d’entendre la voix» de leurs consœurs, devant ainsi privilégier le chuchotement lors de leur prise de parole. Dans cette même logique, elles ne peuvent plus «faire le Takbir ou l’Azan» (prières à voix haute) et ne peuvent pas chanter non plus. Des règles qui les isolent totalement de la vie sociale, et ne sont pas représentatives de la religion islamique, comme le rapportent certains observateurs. «C’est une vision inquiétante de l’avenir de l’Afghanistan», a ainsi souligné Roza Otunbayeva, responsable de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan, relaye Courrier International.
Les contours de ces nouvelles restrictions restent cependant nébuleux et flous. Le porte-parole adjoint du gouvernement afghan a expliqué que ces règles seraient “mises en œuvre de manière très douce, en éclairant la compréhension des gens et en les guidant (comprendre : spirituellement, NDLR)”.
D’autres voix que celle de Roza Otunbayeva se sont élevées de plus belle pour dénoncer le traitement des femmes dans le pays. Abdul Wahid Sadat, président de l’Association des avocats afghans, a déploré ces nouvelles dispositions, soulignant que “du point de vue du droit musulman, cette loi contredit les principes fondamentaux de l’islam selon lesquels la promotion de la vertu n’a jamais été définie par la force, la coercition ou la tyrannie”.
© Léa Mabilon
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