Lettre ouverte, aussitôt refermée, à Hassan Nasrallah. Par Geka

Cher Hassan, enfin je voulais dire Cheikh Hassan,

J’ai appris ta mort hier et, bien que j’aie bien été élevé, dans le respect de mon prochain et patin couffin, je n’ai pas écrasé une larme. Pire : j’ai explosé de joie.

Même si le très ambigu quotidien « Le Monde » t’a affublé du titre de « chef charismatique du Hezbollah» (on ne doit pas avoir la même définition de l’épithète), je vais être honnête avec toi Hassan : pour moi tu étais un serial killer enturbanné, un grand Yaka de l’attentat aux quatre coins de la planète, un prétendu homme de religion et de paix mais en réalité un voyou pur sucre (du reste tu tirais aussi une partie de ta richesse du trafic de drogue). Un voyou dont la puissance était indexée sur l’intolérance et l’ignorance des foules, et l’argent essentiellement sur les subsides pétroliers de tes frères Iraniens. 

Toute ta vie, tu as eu la possibilité de changer de cap, de te dire comme nombre de tes confrères chiites qui parlent, dansent et font même œcuméniquement la fête avec leurs vieux cousins rabbins israéliens ou d’ailleurs dans le monde, que la Paix des Hommes vaut plus que tout. Que la guerre est la pire des choses… 

Mais non, tu as préféré la mort. Celle des autres d’abord. Et puis in fine la tienne. Mourir en Shahid n’est-il pas à tes yeux, et nombre de tes hommes (et femmes) la consécration suprême pour qui aime la mort plus que la vie ? 

Je ne t’ai jamais croisé Hassan, bien heureusement. Mais j’ai connu, directement ou indirectement, quelques-uns des moments que toi et tes milices de fous de Dieu avaient causé sur cette planète. 

  • J’ai vu en 1983 dans mon amphi un de mes camarades de fac pleurer à côté de moi en cours de micro-économie. Il venait d’apprendre que son frère, parachutiste et engagé volontaire, avait été tué à 23 ans dans l’immeuble Drakkar que tes amis et toi-même aviez décidé de cibler.
  • Trois ans plus tard, je me trouvais devant la tour Montparnasse quand soudain le sol a tremblé sous mes pieds. A quelques centaines de mètres de là, rue de Rennes, devant Tati et à quelques encablures de la Fnac où je me trouvais quelques minutes plus tôt, tes amis et toi-même aviez décidé de faire exploser une bombe, fauchant des passantes et des passants… J’aurais pu être l’un d’entre eux…
  • J’ai vu ensuite un ami et collègue attendre fébrilement le retour de son père de ton kidnapping et celui de tes amis et craindre tous les jours qu’on lui annonce sa mort. Qui arriva prématurément après sa libération… Au contraire d’un des kidnappés qui avaient la malchance, contrairement aux autres, d’être… juif.  
  • En 2006, j’étais au petit déjeuner sur la terrasse de mes parents à Haïfa où nous nous trouvions pour quelques jours de vacances. Il faisait beau. Deux de mes enfants, en bas âge, jouaient sur cette terrasse. Quand soudain j’ai vu et surtout entendu passer à basse altitude une fusée qui allait terminer sa course plus bas dans la ville, dans un centre de réparation de trains, tuant plusieurs ouvriers. Je crois que je me souviendrai toute ma vie de ce bruit… Comme je me souviendrai du bruit des sirènes, jours et nuits, nous précipitant, les enfants pleurants, dans les abris sans fenêtre et à l’air raréfié…  La vague de fusées que certains continuent d’appeler roquettes (pour rockets en anglais) eût raison de notre séjour et nous dûmes rentrer en prenant des billets d’avion en urgence, sans pouvoir nous faire rembourser ceux qui étaient prévus trois semaines plus tard, alors qu’au même moment la France faisait un pont aérien et maritime pour exfiltrer les citoyens français du Liban… Toi et tes amis avaient fait plus que gâcher mes vacances… Ils avaient donné du relief au désespoir, de la puissance au désarroi. Ils avaient lancé l’un des conflits les plus meurtriers pour Israël. 

Tout le reste, je veux dire toute la haine que tu as déversée toi et tes amis depuis, j’y ai assisté à distance, tristement. J’ai vu comment depuis plus d’un an tu avais décidé de pourrir la vie des Israéliens du Nord, obligés de fuir leurs maisons, leurs boulots, leur vie quoi… Comment vos cousins et alliés du Hamas ont pourri sans cesse la vie de ceux du sud-ouest d’Israël avant de les massacrer, de les torturer, de les violer, etc. Et je n’oublie pas tes autres cousins H, les Houtis qui ont décidé d’en faire autant à plusieurs milliers de kilomètre de là. 

Tous, vous êtes tous, des criminels et des voyous à la solde d’une dictature qui assassine son peuple en plus de lui rendre la vie impossible : l’Iran. Un Iran et son « guide suprême » qui cherchent à se maintenir contre le Peuple et qui savent que la seule manière d’y arriver est de se trouver une cause (les Palestiniens) dont au fond ils se foutent, et un ennemi unique et prétendu diabolique (les Israéliens). 

Alors Hassan, ne m’en veux pas si au lieu de pleurer j’ai explosé de joie. Bien sûr ta mort ne règle rien, la graine de la violence et de la haine est si puissamment planté au cœur de tes amis et des amis de tes amis que, dans un premier temps, je le sais, la violence répondra de nouveau à la violence. Mais on ne te regrettera pas Hassan. A ça non, on ne te regrettera pas… Pas moi en tous cas ! 

© Geka

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