Maayan Degani Gabbay en Hommage aux Otages. Synagogue d’Orléans

© La République du Centre

Discours 12 septembre en Hommage aux Otages

Mesdames, Messieurs, cher.es ami.es et camarades de lutte,

Je vous remercie d’être présents à l’hommage aux 6 otages israéliens et israéliennes exécutés, trouvés le 31 août dans un tunnel à Gaza. Merci d’être là pour partager notre douleur et leur rendre hommage.

Nous sommes là pour la mémoire de Hersh Polin-Goldberg, Eden Yerushalmi, Carmel Gat, Ori Danino, Almog Sarusi et Alex Lobanov.  

Hersh, Eden, Ori, Almog et Alex ont été enlevés par le Hamas au festival Nova le 7 octobre, alors que leurs amis ont été massacrés par des terroristes. Carmel Gat a été enlevée de la maison de ses parents au Kibbutz Be’eri le même jour. Les 6 ont passé 330 jours en captivité, soit presque 11 mois. Leurs corps ont été trouvés par l’IDF dans un tunnel à Rafah, assassinés de deux balles dans la tête.

Pendant 11 mois, ils ont été retenus sous des conditions inhumaines et inimaginables. Le tunnel où ils ont été retrouvés est étroit et bas, il ne permettait même pas à un adulte de se mettre debout, ils n’avaient pas de matelas, pas de toilettes, pas de lumière de jour, ni d’air frais.

11 mois de souffrance et d’espoir d’être libérés. 11 mois de lutte incessante de la part de leurs familles, qui parlaient aux hommes politiques en Israël, aux Etats-Unis, en Europe et partout, qui manifestaient pour demander leur retour immédiat, qui sentaient qu’une part de leur cœur est enlevée. 11 mois que le monde est en feu. Et nous, nous sentons leur douleur.

Nos cœurs et notre soutien sont avec les 6 otages et leurs familles, ainsi que les 101 otages qui sont toujours en captivité. Nous attendons leur retour immédiat et prions pour la paix.

Il y deux semaines, je suis revenue d’une visite en Israël. Je voudrais vous raconter à quoi ressemble l’atmosphère dans ses rues. Dans quelconque coin de Jérusalem et Tel Aviv, nous voyons les visages des otages et des personnes mortes à partir du 7 octobre, affichés sur les murs, sur des affiches et des autocollants, collés aux arrêts de bus, dans des restaurants, des toilettes, aux bars, des écritures demandant leur retour sur les murs, sur des drapeaux… Leur retour et leur mémoire commémorée dans la forme des bracelets, des colliers, qui ont leurs noms, qui lisent « notre cœur est captif à Gaza », et bien encore. Tous les samedis, chaque semaine, il y a des rassemblements dans les grandes villes, demandant la libération des otages. A Tel Aviv, la place des rassemblements est désormais nommée « la place des otages. ». Le peuple israélien se rassemble là-bas pour donner son soutien aux familles des otages, et pour demander leur retour.

Parmi les visages affichés et les écritures sur les murs, en me baladant à Jérusalem, j’ai vu énormément d’affiches et des graffitis qui demandaient la libération de Hersh. Hersh Polin-Goldberg, qui avait 23 ans, a grandi à Jérusalem, à quelques quartiers de celui ou j’ai grandi. Il a déménagé en Israël avec sa famille depuis les Etats-Unis quand il avait 7 ans.

Il était une âme pure, pleine de beauté et d’amour pour son entourage. Il luttait pour la paix entre les Palestiniens et les Israéliens, à travers différentes initiatives, il supportait le groupe de football, HaPoel Yerushalaym, il aimait voyager, et avait des billets d’avion pour faire un voyage de deux ans dans le monde, pour décembre 2023. Il était extrêmement aimé et apprécié. Il était en train de danser avec ses amis à son dernier jour de liberté. Tous ses proches et connaissances parlent de lui avec amour. Tout le monde espérait et attendait son retour. Son visage est partout en Israël, il est rentré dans le cœur des milliers de personnes, qui assistaient à ses funérailles. Les cris et les lamentations de douleur s’entendaient de loin.

Nous pleurons la perte de sa famille. Nous pleurons sa mort. Nous pleurons la mort de tous les otages et les victimes.

Les visages des otages, sont très familiers aux militants de l’UEJF, qui faisaient régulièrement des collages des affiches, portant les visages et les noms des otages. Quand on colle le visage de 251 personnes toutes les semaines, toutes les nuits, les affiches avec les visages de Hersh, Carmel, Ori, on commence à s’attacher à ces personnes. On s’intéresse à leurs vies, à leur sort, à ce qu’ils sont. On veut qu’ils retournent à leur maison, qu’ils revoient leur famille. Qu’ils soient en sécurité. Pourquoi sont-ils même retenus ?

C’est ainsi pour ça que quand on apprend le sort terrible de ces otages, nous sentons la douleur, la perte, et même un sentiment d’échec. Pourquoi échec ? parce qu’un des objectifs des collages est de sensibiliser le public afin qu’on puisse les rendre à la maison. Bring them home.

J’ai rejoint mon premier évènement de l’UEJF une semaine après le 7 octobre. C’était le premier espace où j’étais dans lequel on en parlait, on a partagé le choc, la peine, et la terreur. Je ne sais pas comment je me retrouverais cette année si je n’avais pas rejoint cet espace. Le seul qui donnait du soutien en tant que collectif, surtout quand on vit dans une ville qui a une aussi petite communauté qui s’en sent impactée.

J’aurais pu vous parler d’Ori Danino, 25, qui a réussi à échapper au moment du massacre, mais a été enlevé quand il est retourné pour sauver d’autres personnes.

J’aurais pu vous parler d’Almog, 27, qui aimait faire des randonnées et jouer à sa guitare. 

J’aurais pu vous parler d’Alex, 32, qui aimait la vie, les gens et la liberté, dont le deuxième enfant est né lorsqu’il était en captivité.

J’aurais pu vous parler longtemps de Carmel Gat, 40, qui rentrait d’un voyage aux Himalaya, qui apportait la lumière, et donnait des cours de yoga et de méditation aux enfants et adultes qui étaient en captivité avec elle.

Je vais vous parler d’Eden Yerushalmi, 24. Une fille drôle et joyeuse qui aimait la mer et avait hâte de travailler au bar au festival Nova. Elle était très proche de sa famille. Le 7 octobre, elle s’est cachée dans une voiture avec les corps de deux filles. Elle parlait à ses sœurs pendant des heures et demandait qu’on la retrouve. Sa famille avait l’espoir de la voir dans le prochain échange d’otages. Mais l’échange a échoué. Quand son corps a été rendu en Israël, nous avons appris qu’elle pesait 36 kilogrammes. Elle a survécu à 11 mois de conditions terribles, pour être assassinée cruellement à la fin.

La découverte de ces conditions terribles, et la violence dans laquelle ces 6 otages ont été exécutés, sont insoutenables. C’est une urgence. Il faut libérer les otages immédiatement, avant qu’il soit trop tard.

Il reste encore 101 otages à Gaza. Ce sont les mères, les pères, les grands-pères, et les enfants de 101 familles. Ils représentent tous une vie, et un propre monde, ils représentent également les dizaines et les milliers des personnes qui vont sentir la douleur de leur perte, si on les trouve trop tard.

Nous sommes là pour pleurer la mort des otages, pour appeler à la paix et la libération des 101 otages restants.

© Maayan Degani Gabbay, Présidente de la section UEJF – Orléans Tour

Merci à Cynthia Gabay et à Eliane Klein

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