Daniel Sarfati. Le Pidyon HaBen

Je n’ai pas toujours été grand-père, j’ai d’abord été père. 

Mon premier fils, est né quand j’étais interne à l’Hôpital St Louis de Jérusalem. 

Le Rav Hirsch hantait les couloirs de l’hôpital sous le regard bienveillant des chevaliers des premières croisades, représentés sur les fresques murales. 

C’était un orthodoxe, qui habitait le quartier de Géoulah et qui faisait partie de la Hevra Kadisha, les Pompes Funèbres. 

Quotidiennement, il venait s’enquérir de l’état de santé de nos malades, la plupart en stade terminal. 

C’était un homme jovial, qui se réjouissait à chaque fois, que je lui disais : 

Pas de boulot pour vous aujourd’hui, Rav Hirsch !

Ce matin là, il était venu pour me féliciter. 

« Mazl Tov Doktor Daniel ! La Brith Mila s’est bien passée ? Baroukh Ha Shem ! Béni soit Son Nom ! »

Le bébé va bien, merci. 

« Et le prépuce ? Vous l’avez bien enterré dans le jardin, comme je vous ai dit ? »

J’ai rassuré le Rav Hirsch sur le destin du prépuce. 

Il a lissé sa barbe et a demandé :

« Pour le Pidyon HaBen, vous avez prévu quelque chose ? »

Le Quoi ?

« Le rachat du premier-né. C’est votre premier garçon. Tout s’est bien passé pour la maman et le bébé. Vous devez racheter votre enfant à D… pour quelques shekels. C’est une tradition. Pour se souvenir que D… a épargné les premiers-nés avant la sortie d’Egypte. 

Vous n’êtes pas Cohen, Doktor ? »

Non. Pas Cohen. Sarfati simplement. 

Mais… Votre Pidyon…Je ne connais pas vraiment…

Le Rav Hirsch m’a pris amicalement par l’épaule. 

« Je m’occupe de tout Doktor ! Achetez juste de quoi faire une petite seouda, un petit buffet, et invitez votre famille et vos amis »

Ça s’est passé chez moi. 

En juillet, il faisait très chaud. Le vent soufflait du désert de Judée. 

De la terrasse, je contemplais les collines de Jérusalem. 

Ma femme était un peu inquiète. Elle craignait comme un remake de la circoncision. 

Elle serrait fort dans ses bras notre bébé. 

Mais c’est rien, juste un truc symbolique. 

« Tu es sûr Daniel ? »

Oui, oui. 

Le Rav Hirsch est arrivé avec des copains à lui, des talmudistes de Mea Shearim. 

Il m’a confié deux pièces en argent. 

« Voilà. Vous me les donnerez après la fin de la prière que je vais dire. Et votre fils sera définitivement à vous. »

En somme, Rav Hirsch, vous jouez le rôle de Dieu. 

« Je ne suis que son modeste porte-parole Doktor ! »

Mon fils ne m’appartient pas, il n’appartient qu’à lui-même. 

Mais ce jour-là, à Jérusalem, j’ai eu l’impression de sceller avec lui, un pacte éternel.‌‌

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