Au Paradis des acteurs, ils lui ont fait une petite place. Nous t’attendions, a dit Belmondo, un cigarillo entre les dents, sapé comme dans Borsalino. Désolé pour le retard, quelques affaires de famille à régler. Mais, IL est là. A répondu sobrement Delon. Gabin a hoché la tête. Ah, la famille… Que des emmerdes… Au fait, au Ciel, y’a qu’un seul IL et c’est pas toi. Salut l’ancêtre, lui a lancé Delon, avec respect. Ici, nous sommes tous des ancêtres, a grommelé Gabin. Prends ton temps, gamin, pour t’installer. T’as pris perpéte.Delon a hésité avant de demander :Dites les gars, vous êtes sûrs que je suis mort ?Parce que j’ai joué une fois dans un film, où ils s’étaient gourés sur mon identité…Il se goure jamais ici, le metteur en scène, s’est marré Belmondo. Il change pas le scénario en cours de route, a ajouté Gabin. Prends mes Ray Ban, a proposé Belmondo. De ce côté des nuages, t’es plein soleil. Et l’autre qui nous tourne le dos, c’est qui ?C’est Godard. Il fait la gueule depuis qu’il est là. Il dit qu’IL ne comprend rien au cinéma. …Il y a eu un grand silence. Plusieurs bancs de cumulus ont glissé. Puis Delon a demandé timidement :Romy ?Elle t’attend, gamin. Elle t’attend au bord de la piscine.
Elle t’attend depuis toujours.
« Je partirai tranquille, je ne regretterai rien et surtout pas cette époque de merde. »
Alain Delon