Terroristes du 7 octobre : Comment justice sera-t-elle faite ? Par Raphaël Jerusalmy

Une cour de justice israélienne vient d’octroyer aux terroristes de la Nukhba le droit à une défense légale, obligeant le gouvernement à financer 79 avocats pour défendre environ 120 terroristes.

Screenshot d'une vidéo montrant l'enlèvement de soldates à la base de Nahal Oz, le 7 octobre
Screenshot d’une vidéo montrant l’enlèvement de soldates à la base de Nahal Oz, le 7 octobre. Article 27A of the Israeli copyright law

Dans les jours qui viennent, une partie des otages israéliens séquestrés par le Hamas pourraient recouvrer la liberté en échange de terroristes capturés par Israël, dont certains sont passibles de la peine capitale. Quel regard faut-il porter sur la mise à mort ou non de ces terroristes ?

L’avis de la religion juive à ce sujet est très précis. Le Lévitique et le Deutéronome détaillent les infractions pour lesquelles la peine de mort est prescrite. Le Sanhédrin, tribunal composé de 71 sages qui siégeaient à Jérusalem durant la période du Second Temple, a établi une jurisprudence des plus strictes : présence de témoins oculaires, préméditation, avertissements préalables que refuse d’écouter l’accusé et de nombreuses autres conditions doivent être réunies pour exiger une condamnation à mort. Et même ainsi, le condamné à mort est rarement exécuté. La raison en est claire : la tenue d’un procès est bien plus importante que le verdict auquel il parvient. Elle a pour but d’éduquer. D’où les deux sens du mot ‘instruire’.

Près de deux mille ans plus tard, en 1961 et 1962, le procès intenté au nazi Adolf Eichmann, le planificateur de la Shoah, capturé en Amérique latine par le Mossad puis condamné à mort et pendu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, fut très médiatisé afin d’éduquer, informer, perpétuer la mémoire des victimes, et inscrire à jamais cette horreur dans l’histoire dans l’espoir et l’intention qu’elle ne se reproduise plus.

Aujourd’hui, un procès du même ordre est envisagé pour les perpétrateurs des massacres du 7 octobre. La similarité avec les atrocités nazies est flagrante. Les quelque 5000 membres de la Nukhba, affiliée au Hamas, sont triés sur le volet selon les mêmes critères que les SS : loyauté, dévouement, brutalité. Trois mille d’entre eux se sont « distingués » le 7 octobre par les tueries, tortures et viols d’une rare sauvagerie. Depuis, près de 2000 d’entre eux ont été éliminés et 120, capturés vivants, sont détenus dans les geôles israéliennes dans l’attente d’un procès. Mais lequel ?

En Israël, la peine capitale existe uniquement pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Selon quelle procédure peut-elle s’appliquer à des terroristes ? Par comparution devant un tribunal civil ou militaire ? Dans les deux cas, la procédure est longue et coûteuse. Faut-il songer à une juridiction plus appropriée, et donc à un tribunal d’exception, en passant de nouvelles lois ? Ou bien s’inspirer des méthodes américaines en pratique au site carcéral de Guantanamo qui permettent de détenir les terroristes à discrétion et sans aucune forme de procès ? Une chose est certaine, mieux vaut un procès collectif qu’individuel, ce qui évite d’avoir à lier chaque inculpé à la ou les victimes précises qu’il a agressées durant ce massacre.

Une cour de justice israélienne vient d’octroyer aux terroristes de la Nukhba le droit à une défense légale, obligeant le gouvernement à financer 79 avocats pour défendre environ 120 terroristes, à raison d’un quart de million d’euros au total. Aux frais du contribuable.

À quoi s’ajoutent l’instruction et la fourniture de preuves. Le travail d’enquête pour documenter les massacres du 7 octobre est mené par l’unité Lahav 443 de la police, sorte d’équivalent israélien du FBI. Cette unité a recueilli les témoignages de survivants israéliens, de terroristes capturés sur place, ainsi que les images qu’ils ont filmées avec un orgueil et un plaisir sadique non dissimulés. Dans certains cas, la violence des actes, corps mutilés, brûlés, éparpillés, a rendu difficile la collecte d’ADN et autres indices de médecine légale.

D’un côté, un procès similaire à celui d’Eichmann permettrait d’exposer au monde entier la barbarie du Hamas. Une barbarie organisée, planifiée, orchestrée selon des méthodes et des ordres précis, tout comme cela fut le cas pour la barbarie nazie. De l’autre côté cependant, n’est-ce pas faire le jeu des terroristes qui adorent la publicité et la couverture médiatique ? Plus on parle d’eux et plus ils touchent d’argent. Ils sont prêts à tout pour une photo à la une. C’est d’ailleurs pour l’obtenir qu’ils perpètrent des attentats « spectaculaires ».

Les chefs successifs du Shin Beth ne voient pas cette option d’un bon œil. D’après eux, un procès, surtout s’il dure, ne fera que jeter de l’huile sur le feu. Il restera sans effet dissuasif. Au contraire, il pourrait encourager d’autres à briguer le statut de martyr. Et puis, un terroriste vivant constitue une monnaie d’échange comme on le constate ces jours-ci. Sans compter l’inestimable source de renseignements que la plupart des terroristes capturés représente. Ce qui n’empêche toutefois pas le même Shin Beth d’avoir monté une unité spéciale, nommée NILI, uniquement dédiée à la chasse et à l’élimination des perpétrateurs du 7 octobre, où qu’ils se trouvent et à long terme si nécessaire. Ceci dit, cela s’applique aux terroristes du rang. Pour les chefs, Yahia Sinwar en tête, il serait préférable qu’ils comparaissent à la manière d’Eichmann, avant d’être exécutés.

Pour conclure, rappelons l’affaire de l’autobus 300. Le 12 avril 1984, quatre terroristes venus de Gaza prirent en otage le bus 300 reliant Ashdod à Tel-Aviv. Annonçant qu’ils détenaient une valise bourrée d’explosifs, ils exigèrent la libération de 500 de leurs collègues détenus en Israël. Après de longues heures de négociation, les forces de sécurité israéliennes décidèrent de donner l’assaut. Deux des terroristes furent tués sur le coup. Les deux autres furent supprimés avec promptitude et discrétion plutôt que d’être faits prisonniers. Affaire classée.

Dans bien des pays, certains criminels ou traîtres sont destitués de leur nationalité du fait de la gravité de leurs actes. En commettant les massacres du 7 octobre, les tortionnaires du Hamas et leurs complices se sont eux-mêmes destitués de toute humanité. 

© Raphaël Jerusalmy, Ancien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d'”Evacuation” chez Acte Sud, Intervenant sur i24News.

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