C’est Tsahal qui publie le premier via un rapport les conclusions de l’enquête menée sur les combats au sein du kibboutz Beeri le 7 octobre. Les conclusions, d’abord présentées aux habitants du kibboutz qui saluent le travail professionnel mais estiment ne pas avoir obtenu toutes les réponses à leurs questions et exigent en conséquence une commission d’enquête étatique, sont accablantes.
Accablantes, sévères pour Tsahal, lesdites conclusions pointent les extrêmes dysfonctionnements et défaillances dans la gestion de ce qui a permis que les terroristes puissent parler de « conquête du kibboutz Beeri », et mettent en lumière, par effet de miroir, l’héroïsme des membres du groupe de sécurité du kibboutz et celui de tous ses habitants.
Pour rappel, sur les 1071 membres du kibboutz, 101 civils ont été assassinés, 35 enlevés à Gaza où 11 se trouvent toujours, 23 soldats de Tsahal et membres du groupe de sécurité du kibboutz ainsi que 8 policiers sont tombés .
Le rapport note qu’à 13h30, au plus fort des combats et alors que l’attaque avait commencé à 6h50, 340 terroristes se trouvaient dans le kibboutz, face à 26 combattants israéliens, rapport de force qui se passe de commentaires et interroge fortement sur un dysfonctionnement au sein de notre armée, laquelle n’était absolument pas préparée à un tel scénario, comme le confirment les conclusions de ladite enquête.
Toujours selon le Rapport, les bases autour du kibboutz Beeri, censées le protéger, en ont été empêchées, les soldats étant occupés à se défendre eux-mêmes, leurs propres bases étant envahies par des centaines de terroristes.
Par ailleurs, les forces appelées en renfort, retardées par des terroristes qu’elles durent combattre en chemin, ont mis du temps à arriver et porter secours aux habitants de Be’eri.
Le plus grave est qu’une fois sur place, de nombreux soldats ont dû attendre, positionnés hors du kibboutz, des instructions de leur hiérarchie pour intervenir, lesquelles instructions n’arrivant pas parce que Tsahal ne parvenait pas à établir un état des lieux de ce qui était advenu et se passait toujours à l’intérieur.
À noter encore: si à 8h30 un petit groupe de soldats du commando Shaldag est arrivé dans le kibboutz, le commandant de ce groupe a dû décider dès 9h de se retirer à l’extérieur du kibboutz après que plusieurs de ses hommes eurent été blessés et au vu du manque de munitions imposant de se ré-armer afin de fournir aide et soins aux blessés.
C’est ainsi jusqu’à 13h30, les membres du groupe de sécurité du kibboutz et les habitants se sont battus seuls contre des centaines de terroristes.
Ce n’est que vers 16h que, Tsahal arrivant, le nombre de soldats dans Be’eri a dépassé celui des terroristes et que seulement à 22h, l’armée israélienne estimait avoir repris le dessus et pouvoir procéder à la libération du kibboutz.
Le rapport pointe, last but non least, une défaillance morale de Tsahal: il acte qu’à certains moments, les soldats ont été pris en charge avant les civils. Par ailleurs, et à titre d’exemple, lorsque, tard dans la soirée du 7 octobre, les habitants ont pu sortir de chez eux pour monter dans les autobus mis à leur disposition pour les évacuer, les soldats présents ne leur ont pas donné leurs casques et leurs gilets pare-balles comme le veut le réglement.
Le rapport acte l’héroïsme des combattants et des habitants, amenés à se battre à mains nues, faute de munitions et d’armes disponibles face à une horde barbare dotée de véritables armes de guerre et à l’envahissement des lieux par des civils gazaouis entrés pour participer aux massacres et charger des corps dans des voitures volées, « pour réclamer de l’argent au Hamas en échange des corps israéliens ».
Le rapport note des actes de bravoure au sein des habitants de Be’eri et des groupes de sécurité: certains, tels l’ancien général Bahar, ayant pris l’initiative de décisions qui ont fait défaut à notre armée, sauvant ainsi de nombreuses vies et empêchant les terroristes de pénétrer dans les autres quartiers, en se montrant capable d’organiser et décider sans attendre l’ordre venu de haut.
D’autres habitants du kibboutz, qui avaient réussi às’enfuir du festival Nova, sont allés aussitôt prêter main forte à Be’eri plutôt que de sauver leur peau.
Le Chef d’Etat-major, Herzi Halévy, a réagi à la publication de ces conclusions: « Il s’agit d’un premier rapport, issu d’une large enquête interne de Tsahal. Ce premier rapport illustre de manière très claire l’ampleur de l’échec et les dimensions de la catastrophe qui s’est abattue sur les habitants du sud. Tsahal n’était pas là pour les protéger ».
Une Commission d’enquête est demandée sur « les jours qui ont précédé et suivi le 7 octobre ».
Pour Benjamin Netanyahu une enquête visant à déterminer la culpabilité du gouvernement ne peut avoir lieu tant que la guerre contre le Hamas à Gaza est en cours. Ses détracteurs l’ont accusé d’éviter la question par crainte de l’image qu’une telle enquête pourrait renvoyer de son rôle dans les événements.
À contre-courant du Premier ministre, Gallant a appelé à la formation d’une commission d’État qui enquêterait sur tous les décideurs et leurs échecs avant le pogrom, y compris lui-même: « Elle doit m’examiner, moi, le ministre de la Défense, elle doit examiner le Premier ministre, le chef d’état-major et le chef du Shin Bet, l’armée et tous les organismes nationaux subordonnés au gouvernement ».
L’armée a déclaré que des enquêtes de grande envergure étaient également en cours, parallèlement aux dizaines d’enquêtes sur chacune des batailles qui ont eu lieu ce jour-là, dont Be’eri est la première à être publiée. Tsahal espère présenter toutes les enquêtes sur les batailles d’ici la fin du mois d’août.
L’enquête a été menée par le général de division (Rés.) Mickey Edelstein, ancien commandant de la division de Gaza. L’armée va créer un site web où les conclusions seront rendues publiques, et qui sera mis à jour au fil du temps avec des enquêtes supplémentaires sur les batailles du 7 octobre.
Sarah Cattan
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