Petit tutoriel des gouvernements de coalitions à l’usage de nos amis français

La France s’apprête à former un gouvernement avec plusieurs partis (en en évitant soigneusement un). Ça tombe bien, en Belgique, on a acquis un fameux savoir-faire en la matière. On se permet quelques conseils utiles.

Françaises, Français, vous savez que quand la situation est délicate, vous pouvez compter sur vos amis belges, comme vous dites. Et pas seulement quand il s’agit de mettre des autogoals pour vous faire plaisir. Il nous revient ce soir que vous souhaitez vous aussi entrer dans le monde enchanteur des régimes de coalitions. Pas simple, mais voici quelques règles et usages à l’attention des marieurs débutants, on a de l’expérience.

Restez zen. Sachez qu’au début, personne ne voudra gouverner ensemble. En campagne, vous l’avez vu, ils se sont copieusement insultés, détestés, ont prononcé des « jamais » des « c’est eux ou nous » tellement définitifs. Cela ne doit pas vous effrayer. Sachez qu’en général, ce qui est vrai le samedi avant les élections ne l’est plus le lundi d’après, c’était pour rire.

Commencez petit. On sait votre tendance à la grandiloquence, mais on ne devient pas belge du premier coup. Idéalement, commencez par de petites coalitions, genre deux ou trois partis. Le record du monde, que nous détenons évidemment, est fixé à sept, mais ça pose d’autres problèmes. Ah oui, à ce sujet, vous possédez un fameux atout que nous n’avons pas, vous ne devez pas avoir de Flamands dans votre gouvernement. Ça pourrait vous faciliter le travail.

Trouvez un château. Pour donner à votre coalition toutes ses chances, formez-la plutôt dans un château, ça fait genre. Nous vous prêtons volontiers Val Duchesse ou le Stuyvenberg mais nous ne doutons pas que vous pourriez en trouver un plus beau près de Paris, à moins de pousser jusqu’à la Loire, il y en a de jolis.

Comptez les jours. Il n’y a pas de bonne coalition sans dramatisation. Quand les discussions traînent un peu trop, apprenez à compter les jours ou demandez à la presse de le faire. Vous pouvez monter au moins jusqu’à 541, ça fait un peu peur au début mais ça finit toujours par s’arranger.

Trouvez un arbitre. Enfin, et c’est sûrement le point le plus délicat, pour rapprocher les points de vue, nous possédons une sorte d’arbitre qu’on appelle Roi. Il peut nommer toute une série de professionnels de la médiation, informateur, préformateur, clarificateur, entremetteur, acuponcteur, assouplisseur, tout votre Larousse est à disposition pour masser les plus réfractaires. D’accord, on sait que pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer vous n’adorez plus les monarques, mais parfois ça peut aider.

Si rien de tout cela ne fonctionne, en dernier recours, on menace souvent, en Belgique francophone, de se rattacher à la France. Essayez dans l’autre sens, ça pourrait faire très peur.

Bonne chance.

Bernard Demonty

Source: Le Soir

https://www.lesoir.be/600282/article/2024-0

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. La France pourrait tout à fait se rattacher à la Belgique et réciproquement : deux États islamonazis n’en formant plus qu’un au cœur d’une Europe de l’ouest islamonazie.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*