Suite à la mort d’Ebrahim Raïssi, l’ancien président, dans un accident d’hélicoptère le 19 mai 2024, des élections anticipées ont été organisées par le régime iranien le vendredi 31 juin. Le Guide suprême, Ali Khamenei, cherchait à résoudre en même temps, par ces élections précipitées, la question de sa succession au sein du pouvoir iranien. Selon les informations reçues, il tenterait de remplacer son fils Mojtaba à sa place. Il sait que cela n’est possible que de son vivant. Le président qui sera connu le vendredi 5 juillet doit pouvoir faciliter cette tâche.
Pourtant, l’abstention record du 31 juin montre autre chose. Des unités de résistance appartenant à l’opposition organisée à travers l’Iran ont surveillé plus de 14 000 bureaux de vote jusqu’à minuit, démontrant clairement qu’au minimum, 88 % des Iraniens avaient boycotté les élections. Il est à noter que le vote est obligatoire pour les soldats, les prisonniers, etc. C’est pourquoi lors des scrutins organisés par le régime iranien, les votes blancs obtiennent souvent la première ou la deuxième place dans certaines villes ou districts. Les unités de résistance avaient précédemment estimé, en mai dernier, la participation du public aux élections législatives à 8 %, malgré toutes les contraintes.
Référendum pour la énième fois
Si nous n’avions pas vu le vote du peuple iranien lors du soulèvement de 2019, où, selon Reuters, au moins 1500 jeunes ont été tués par des tirs directs sur ordre personnel d’Ali Khamenei lors de leur quête de liberté ; et si nous n’avions pas observé le soulèvement populaire de 2022, qu’Ali Khamenei a temporairement réprimé uniquement par des massacres et des tortures sans précédent, ces élections ont néanmoins une fois de plus mis en lumière le vrai vote du peuple iranien. Loin d’un choix entre des différents candidats, ce vote confirme, encore une fois et à sa propre manière, la préférence du peuple iranien pour un autre régime, laïque et démocratique, à la place de la dictature religieuse actuelle. C’est le régime entier qui est refusé par ce référendum.
Cela s’est confirmé par des dizaines de milliers d’Iraniens manifestant à Berlin au lendemain des élections présidentielles iraniennes, qui ont voulu être la voix forte du peuple iranien en Europe appelant au changement.
Le prochain président, quel qu’il soit, suivra la stratégie de Khamenei. Il servira et continuera de servir le programme de fabrication d’arme nucléaire de Khamenei. Les évaluations publiées avant les élections prédisaient par les institutions liées au régime ont montré que le candidat Saïd Jalili serait finalement sorti des urnes. Massoud Pezeshkian, soi-disant réformateur, dans la course présidentielle n’était qu’une manœuvre pour augmenter le nombre de participants à l’élection, comme le souhaitait dans son discours le guide suprême deux jours avant. Ali Khamenei n’avait pas hésité à ajouter avec une fierté excessive qu’il n’accepterait même pas le moindre signe de désaccord avec lui.
Et combien naïf, voire stupide, est-il de croire que quelqu’un comme Pezeshkian , après quatre décennies de service au régime, pourrait créer une brèche dans ce mur de quatre décennies de répression et y instaurer un coin de démocratie.
La politique de complaisance encourage le régime
Malgré le souhait du peuple iranien, les gouvernements occidentaux persistent dans leur politique de complaisance envers le régime moribond. Aux États-Unis, des décisions ont été prises pour transférer plus de cent milliards de dollars des avoirs iraniens dans la trésorerie du régime, facilitant ainsi la vente de pétrole pour financer le Corps des Gardiens de la révolution islamique et leurs forces par procuration dans la région, et soutenir leur bellicisme.
En Belgique, sous la pression publique due à la prise en otage d’un citoyen belge en Iran, le gouvernement a remis, l’année dernière, un diplomate-terroriste aux autorités iraniennes. Celui-ci avait été condamné à 20 ans de prison pour avoir transporté une bombe capable de tuer des centaines de personnes lors d’une réunion de l’opposition à Paris en 2018.
En Suède, bien qu’un tribunal ait fermement condamné à perpétuité un bourreau impliqué dans le massacre de trente mille prisonniers politiques en 1988, le gouvernement l’a remis le mois dernier au régime des mollahs pour être accueilli à Téhéran en grande pompe, une guirlande autour du cou. Encore une fois, la politique de prise en otage d’un diplomate suédois en Iran a fonctionné.
À Paris, pour satisfaire les exigences du régime iranien pour la libération des otages et répondre à sa demande, quatre pages du journal « Le Monde » ont été remplies de mensonges et de calomnies contre la résistance, un article largement rediffusé et applaudis par les site-web du Ministère iranien de renseignement.
Dans son discours inaugural de la conférence annuelle de la résistance iranienne à Paris, simultanément avec la manifestation de la diaspora iranienne à Berlin, et en présence de nombreux hauts fonctionnaires de pays occidentaux, Maryam Rajavi, dirigeante de la Résistance iranienne, s’est adressée aux gouvernements qui continuent à ménager le régime iranien : « Vous avez aidé ce régime à se rapprocher de la bombe nucléaire, vous avez pavé la voie à la bellicosité de Khamenei dans la région, et vous avez tant enhardi les mollahs qu’ils ont provoqué des protestations en Ukraine. Depuis des années, vos médias propagent le mensonge selon lequel le fascisme religieux n’a pas d’alternative et que nous devons nous en contenter. Cependant, maintenir ce régime mourant et prévenir sa chute inévitable est impossible. »
© Hamid Enayat
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