Dans un article TJ de janvier 2023, alors qu’il était encore temps pour Elisabeth Borne de renoncer à la loi retraites, je concluais : « Reste qu’imposer une réforme aussi majeure dans ces conditions et avec une absence très majoritaire de consentement de la population me parait être très dangereux. Trop dangereux. Puissent-ils s’en rendre compte à l’Élysée. C’est drôle, j’ai comme un doute… » (1)
On sait ce qu’il est advenu… Bornée, Elisabeth le fut et Macron avec elle, faisant monter la température du « peuple » à 49,3°. Comme plus récemment, ce fut le cas d’Attal et sa ministre du travail désireux contre vents et marées de faire passer en vitesse des mesures très impopulaires contre les chômeurs. Il aura fallu une débandade électorale pour qu’ils « suspendent » puis « renoncent » aux mesures annoncées…
En avril 2022, dans un article TJ « Dayénou pour une élection qui va se jouer sur le fil du rasoir » (2), je résumais en 37 points, et autant de « cela eût été suffisant », les raisons pour lesquels il me paraissait inconcevable de voter aux Présidentielles pour le RN et Marine Le Pen.
Plus de deux ans après, je ne reviens sur aucun de ces 37 points énoncés et j’en ai même d’autres à ajouter, qui ne concernent pas cette fois Marine Le Pen, mais Jordan Bardella et son entourage, dont l’arrivée plausible à Matignon me glace par avance, des pieds à la tête…
Et puis, il y a eu le 7 octobre et le comportement inique de Jean-Luc Mélenchon et de ses troupes au complet contre les Juifs et Israël. J’ai donc expliqué qu’en plus du RN, il me serait tout aussi impossible d’apporter ma voix à la gauche qui, au soir des Européennes, avait cédé sans lutter aux diktats des Insoumis… Je précise qu’au-delà même de ses positions farouchement hostiles à qui nous sommes, le programme économique et social porté par le NFP, en cas de victoire, me paraissait tellement surréaliste que je n’aurais pas voté pour lui de toute façon.
Déréliction, phase 2
J’ai voté le 30 juin dans une circonscription où la candidate de LFI a été élue au premier tour avec plus de 66% des voix… Inutile de vous dire que je suis un peu plus encore l’orphelin désemparé que j’évoquais le 14 juin dernier (3).
Ce qui fut le plus navrant ça n’est pas la vague bleu foncé à l’Assemblée Nationale – elle était prévue sans discontinuer par les instituts de sondage et le laps de temps si court entre la débâcle des Européennes et les Législatives ne laissaient guère de temps, encore moins d’espoir, pour « travailler » l’opinion afin de la faire réfléchir sur son choix et la décider à se contredire…
Non, le plus navrant fut la débâcle de certains candidats « démocrates », y compris médiatiques et bien installés, face à des Nationalistes ou des Insoumis, y compris fichés S ou accusés d’antisémitisme virulent. Parachutés parfois dans des circonscriptions où ils n’habitaient pas, voire n’avaient même pas le droit de vote. Que les Panot, Delogut et consorts, soient passés dès le premier tour avec de très beaux scores à la clé, nous renvoie à notre isolement et à notre déréliction d’ultra-minoritaires (nous représentons 0,6% de la population) dont le sort importe finalement si peu aux yeux de ces gens-là. Des sentiments qui n’ont pas débuté avec le 7 octobre…
Le 10 juin, je parlais déjà dans ces colonnes de « gueule de bois » démocratique (4) mais n’envisageais pas un storytelling aussi soutenu des mass médias qui n’eurent de cesse, pendant les deux semaines qui ont précédé le premier tour des Législatives, d’imposer aux consciences (et aux inconscients) un basique duel, manichéen et binaire, « RN ou LFI », passant toutes les autres forces démocratiques par pertes et profits…
Macron rejeté mais Le Pen aussi…
Soyons-en convaincus, le rejet du pouvoir, et au-delà du personnage même d’Emmanuel Macron, le bon élève, énarque et banquier, aux yeux de la « plèbe paupérisée » au bord de la crise de nerfs et en proie à toutes les formes d’insécurité, a fait l’essentiel de la débâcle de l’entreprise « Macron et associés ».
Il avait promis de diriger différemment. Que le vote des Français, qui n’avaient pas tous voté pour lui au premier tour de 2017 et de 2022, l’engageait… Son échec se situe clairement là !
Il n’en est pas moins navrant que l’on ait déjà accepté l’idée que Jordan Bardella puisse s’installer à Matignon et cohabite avec Emmanuel Macron. Cela semble si logique me répondra-t-on. Et pourtant…
Pourtant, pourquoi à l’époque de la première cohabitation (Chirac-Mitterrand) et même un peu au cours de la seconde (Jospin – Chirac) on se questionnait et on débattait sur l’esprit de la constitution et sur la légitimité, dans l’esprit de la Vème République plus que dans la lettre, à tolérer un Président inaugurateur de chrysanthèmes, aux ordres d’un Premier Ministre soudain omnipotent. Et pourquoi ce débat serait-il devenu illégitime aujourd’hui, la nature totalement opposée du PM et du Président n’invitant pas à la confiance…
Sans doute parce qu’on n’imagine pas Macron, et son orgueil démesuré en bandoulière, démissionner… Et pourtant pourquoi pas ? On pourrait sans doute me rétorquer qu’une telle démission conduirait à coup sûr à une victoire du RN aux Présidentielles. Je répondrais que je n’en suis pas sûr.
Oui, le vent (mauvais) de l’histoire est aujourd’hui porté par le RN. Mais, après tout, son score n’est « que de » 34%. Soit un peu plus de 10 millions de voix. Suis-je à ce point naïf pour penser qu’au sein de l’immense majorité des 66% restants, bien peu souhaitent voir Marine Le Pen devenir cette fois encore Présidente ? Et quand bien même ils rejettent majoritairement Macron celui-ci, en cas de démission, ne pourra se représenter…
Alors ?
Geka
(3) https://www.tribunejuive.info/2024/06/14/geka-un-orphelin-desempare/
(4) https://www.tribunejuive.info/2024/06/10/geka-gueule-de-bois/
« Jordan Bardella et son entourage, dont l’arrivée plausible à Matignon me glace par avance, des pieds à la tête… »
Vraiment ? ça c’est la petite phrase gratuite qu’on peut balancer sans même avoir à argumenter. Moi, voyez-vous, avec le RN, je me sens plutôt comme une naufragée sur un radeau, dans un océan où nagent les requins et qui voit enfin arriver les secours.
Le caricaturiste a fait de son mieux pour enlaidir Jordan Bardella mais c’est raté car ledit Jordan est un beau garçon qui offre peu de prise à la caricature – contrairement à un Mélenchon ou à un Hollande par exemple et on ne le reconnaît pas même si on devine que c’est lui que le dessinateur a voulu représenter. Et comment faut-il interpréter cette Marianne à l’air débile ? Voilà un dessin qui m’a laissé une mauvaise impression (et pas que lui).
Macron ne démissionnera pas… Quant à Bardella, au lieu de se pâmer sur son physique macronien, mieux vaut regarder son programme. Les Juifs seront les premiers à en faire les frais, sachant que le judaïsme est traité comme une religion qui doit rester privée depuis Napoléon, et que son particularisme n’est absolument pas reconnu…
Mais la gauche haineuse et traîtresse, pas question. Alors ?
@Kadie. Bardella, quoi qu’on pense de lui n’a rien de macronien ni par le physique ni par son programme, même si certains essayent de s’en prendre à lui à travers les deux. Les Juifs font les frais non pas du RN mais des décisions de Macron lequel est selon toute apparence antisémite puisqu’il refuse de participer à la marche contre l’antisémitisme sur le conseil d’un musulman (c’est pour le moins une curieuse initiative de la part d’un Président de la République que de se conformer à l’avis d’ un musulman concernant une marche contre l’antisémitisme) et qui condamne Israël suivant également en cela un procureur musulman de la CPI. Ce sont là les faits et ils sont très clairs. Le RN lui ne se cache pas de défendre les Juifs et Israël et ce sont également les faits. Tout le reste qu’est qu’allégations gratuites.
Vous avez accepté l’immigration musulmane encouragée par la gauche, la droite et le centre pendant des décennies sans sourciller. Vous en récoltez les résultats aujourd’hui avec un antijudaïsme débridé et vous avez peur d’un Bardella (qui ne fera rien) ??
Quant au judaïsme, son particularisme est tout à fait reconnu, les associations communautaristes juives qui ont pignon sur rue, souvent critiquées, sont dynamiques. En fait, vous rejetez la laïcité à la française comme d’ailleurs beaucoup de musulmans.
Dans votre analyse, vous oubliez un regard sur le temps long qui explique la situation actuelle :
– l’importation du conflit israélo-« palestinien » par Pascal Boniface, les medias mainstream (Le Monde, Liberation, le Nouvel Obs, l’AFP, France Televisions,…) dès les années 2000 ; cf. https://www.tribunejuive.info/2024/05/24/bas-les-masques-du-jourdain-a-la-tayelet-les-antisemites-ont-toujours-aime-les-juifs-comme-leurs-steaks-saignants-ou-bien-cuits-jean-marc-2-2/
– la trahison des juppéistes ralliant Macron au soir de la victoire aux primaires LR de François Fillon en 2016 ;
– la désintégration du PS et de la gauche républicaine, pour laisser l’islamo-gauchiste Hamon représenter le PS à l’élection présidentielle de 2017.
Bâtie sur une alliance de traitres, la victoire de Macron en 2017 avec 66% aurait pu être mise au service d’un projet d’intérêt public et général au lieu de conforter les avantages des castes bourgeoises et d’aller dans le sens des minorités déconstructrices auxquelles on a tout concédé au travers de réformes sociétales et anthropologiques catastrophiques.
Maintenant Monsieur GEKA, je souhaiterai que vous définissiez l’extrême droite qui est un mot-valise ; pour moi, l’extrémisme ou le fascisme procèdent de l’antiparlementarisme, de la violence politique et publique dans la rue : une attaque permanente contre la démocratie donc et le suffrage universel ! Le RN n’est rien de tout cela et il faut en prendre acte ; l’opposition doit donc être politique sur les idées, les programmes, les mesures et la gestion (39 députés RN ont tout de même été élu ou réélu sur leur programme et leur gestion le 30 juin). Or, l’extrême en politique est à gauche où les menaces de mort, les tabassages, les insultes publiques, l’apologie du terrorisme et la haine des Juifs sont devenus la norme depuis des mois ; l’extrême est aussi au centre (Macron parle « d’extrême-centre ») où, au nom d’une morale à géométrie variable (l’arc républicain), les macronistes contourneront le vote du peuple et finiront dans les bras de Mélenchon, comme les socialistes du Front Populaire (le vrai, pas sa copie frelatée) allèrent au pétainisme.
Il est plus que temps de respecter le choix des électeurs (la démocratie, c’est aussi que la minorité accepte le résultat des urnes), sinon il faut supprimer les élections (il y en a qui en rêvent !). Il est aussi plus que temps d’achever la stratégie de SOS Racisme, dont Baudrillard disait que « SOS Racisme, c’est comme SOS Baleines, un appel subliminal à sauver le racisme ». La situation actuelle, pré-totalitaire, confirme la pertinence de cette prédiction.
@Jean-Marc Lévy Le cœur idéologique de la FI et du NFP, c’est Houria Bouteldja et le PIR mouvement d’extrême-droite islamiste pro Hamas. Pascal Boniface, aussi sordide et détestable soit-il, est presque « » »Bisounours » » » comparé à Houria Bouteldja (Dieudonné puissance 10) qui appelle explicitement au meurtre des Juifs et justifie le terrorisme. Le PIR et le NFP cochent évidemment toutes les cases de l’extrême-droite la plus extrême. Pour quiconque est doté de culture politique et historique, c’est limpide. Le fascisme mélenchoniste et ses équivalents étrangers n’auraient jamais pu exister dans des sociétés cultivées…
La « stupidité structurellement induite ».
Je vous donne parfaitement raison sur le fait que l’effondrement du niveau scolaire, de l’éducation et de la culture (historique notamment) se traduit maintenant dans les urnes.
Le fait d’être diplômé et cultivé n’est pas un rempart contre la bêtise et la violence. Les totalitarismes du 20e siècle et le succès du Nfp aujourd’hui nous le montrent assez.
@Sylvain. Houria Bouteldja (Dieudonné puissance 10) qui appelle explicitement au meurtre des Juifs et justifie le terrorisme »
Il est parfois arrivé à Dieudonné d’être drôle (quand il était en duo avec Semoun), ce n’est jamais, au grand jamais, arrivé à Houria Bouteldja. Cette charmante créature ne représente qu’un concentré de la haine la plus sinistre. A croire que l’humour est interdit dans cette religion. Il y a vraiment comme un grand voile noir couvrant leur corps, leur cœur et leur esprit, empêchant toute lumière, toute joie de vivre. Il en va de même d’ailleurs pour beaucoup d’écolos et de néo-féministes – beaucoup d’aigries parmi elles qui sont capables de garder bien au chaud une rancune tenace, un demi-siècle plus tard pour certaines, sans jamais tourner la page. Triste vie, triste mentalité !!! Il arrive néanmoins que ces personnes nous fassent rire, mais c’est toujours involontaire leur part. A l’insu de leur plein gré, comme on dit plaisamment.
« Le Vent mauvais de l’Histoire est aujourd’hui porté par le RN »…Ces mots vous déshonorent à jamais.
Le NFP, avec la complicité de la Macronie (vous venez de nous en faire en aveu). La complicité de la Macronie et la Hollandie avec le Nazisme islamiste et « racisé » est un fait. Le Nazisme a toujours été rendu possible grâce à la collaboration des « Élites ». Il va de soi que le terme Élites ne renvoie pas à des qualités intellectuelles dont la plupart des commentateurs et « philosophes » sont totalement dépourvues mais au pouvoir médiatique et politique dont disposent les nouveaux collaborationnistes. Serge Klarsfeld, dont la légitimité morale ne peut pas être remise en cause (contrairement à la votre) a bien compris d’où venait la peste brune.