Liliane Messika. Le 27 mai 2024, OMS deviendra l’acronyme de « Omnipotence Mondiale Souveraine »

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève, le 20 décembre 2021.  
DENIS BALIBOUSE / REUTERS

Le nom de Tedros Adhanom Ghebreyesus n’est pas familier aux Français. 

Pourtant, il a été élu en 2020 parmi les cent personnalités les plus influentes du monde.[1]

Le 27 mai, il deviendra l’homme le plus puissant de la planète. 

Dans le silence des pantoufles démocratiques.

Tedros Adhanom Ghebreyesus dirige l’OMS depuis 2017 

Érythréen, premier Africain, premier non-médecin titulaire de ce poste, sa nomination à la tête de la Médecine mondiale n’a pourtant pas été facile, car il traînait un certain nombre de casseroles. Ministre de la santé de son pays, il avait,  à trois reprises, caché le bacille du choléra sous le tapis de la bien-pensance. Il « avait empêché les organisations d’aide internationale d’appeler l’épidémie autrement que « diarrhée aqueuse aiguë » et de publier le nombre de personnes malades en raison de l’épidémie.[2] » Dans son pays et dans ceux alentour.

La diarrhée aqueuse est une des manifestations du choléra, mais réduire l’épidémie à ce seul symptôme entraîne, pour la Santé mondiale, le même effet que des circonstances atténuantes pour la Justice : il minimise les moyens mis en œuvre pour lutter contre le délit. 

Cette attitude a été dénoncée par des associations de médecins : « … vous manquez manifestement à votre mandat de directeur général de l’OMS. Plus grave encore, vous manquez à votre devoir envers le peuple soudanais, qui a tant souffert aux mains du régime actuel.[3] »

Qualifié de « gangster mafieux[4] » par TesfaNews, qui couvre l’actualité d’Érythrée et de la Corne de l’Afrique, il a aussi été accusé de « discrimination, corruption et crime contre l’humanité[5] » par le syndicat professionnel Amarha, un groupe de médecins, scientifiques et avocats de cette ethnie, expatriés aux États-Unis.

Tedros Ghebreyesus a été élu grâce au bloc Afrique-Asie 

La Chine, qui en est la tête de pont, jouit d’une influence considérable auprès de ces pays[6]. Les puissances qui ont, historiquement, façonné l’OMS (USA, Royaume-Uni, Canada) soutenaient son principal rival, le médecin britannique David Nabarro. Mais, on ne le répètera jamais assez, à l’ONU, les démocraties ne font pas le poids des votes. Juste le poids des maux.

L’appréciation élogieuse de l’OMS pour la façon dont la Chine a traité la pandémie de Covid-19 dès son origine est-elle un retour d’ascenseur de la part de l’élu ? « La délégation de l’OMS a hautement apprécié les actions mises en œuvre par la Chine en réponse à l’épidémie, la rapidité avec laquelle elle a identifié le virus et sa volonté de partager des informations avec l’OMS et d’autres pays.[7] »

L’attitude de Tedros a poussé certains dirigeants (et pas seulement Trump) à l’accuser de Sinophilie excessive. L’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, des associations de médecins et plusieurs sénateurs, notamment Marco Rubio[8] (républicain, Floride) ont appelé à sa démission. Le sénateur Rick Scott l’a carrément accusé « d’aider la Chine communiste à dissimuler une pandémie mondiale. [9] »

La Chine et l’OMS se tiennent par la barbichette

Les preuves de la duplicité de l’Empire du milieu s’accumulent. Le Times du Royaume-Uni : « Les autorités chinoises ont forcé les scientifiques qui ont découvert le virus en décembre à en détruire les preuves. Le régime chinois a également puni les médecins qui ont tenté d’avertir le public au début de l’épidémie et il a supprimé les informations sur le virus en ligne. Environ sept millions de personnes ont quitté Wuhan en janvier, propageant le virus dans toute la Chine et dans le monde entier, avant que la Chine ne restreigne les déplacements vers Wuhan le 22 janvier 2020.[10] »Même le quotidien crépusculaire français a vu ce qu’il avait sous les yeux : « Une puissante campagne de propagande d’Etat s’engage, dont tous les contours ne sont pas encore connus. Elle débute dans la sidération causée par le nouveau virus, en ce début d’année 2020.[11] »

Certes, avec des « si » on mettrait Paris en bouteille. Mais si on avait admis tout de suite de quelle bouteille sortait le maléfique génie, on pleurerait beaucoup moins de morts. Une étude a montré que « si les interventions en [Chine] avaient pu être menées une semaine, deux semaines ou trois semaines plus tôt, les cas auraient pu être réduits de 66 %, 86 % et 95 % respectivement, ce qui aurait permis de limiter considérablement la propagation géographique de la maladie.[12] »

Au lieu de quoi, le 14 janvier 2020, aveuglément confiante en la parole des dirigeants chinois, l’OMS a officialisé l’innocuité du virus.

Dès le lendemain, le patient américain zéro contaminait le territoire du Pacifique à l’Atlantique. Il arrivait tout droit de Wuhan[13].

L’aveuglement de l’OMS aurait pu se plaider ignorance, voire incompétence, mais la chronologie des faits indique plutôt une volonté dissimulatrice du malsain patron.

Henry Thayer, professeur à l’université du Texas-San Antonio, et Lianchao Han, vice-président de Citizens Power Initiatives for China ont accusé Tedros d’avoir « fermé les yeux sur ce qui s’est passé à Wuhan et dans le reste de la Chine et, après sa rencontre avec Xi en janvier, il a aidé la Chine à minimiser la gravité, la prévalence et l’ampleur de l’épidémie de COVID-19. [14]»

Difficile d’avoir raison contre la Chine, car elle pratique l’entrisme avec la même maestria que les Frères musulmans. « La Chine aime trouver des moyens, au sein du système mondial, de donner d’elle une image de leader et de bienveillante. L’OMS était l’endroit idéal pour le faire sans controverse. » (Rana Mitter, directeur du Centre chinois de l’Université d’Oxford).

Illustration au sommet : en 2019, lorsqu’elle a tenté de dissimuler l’apparition du virus et réduit les lanceurs d’alerte au silence, M. Tedros a salué sa « transparence » et il a déclaré que sa « réponse au virus devait servir de modèle à tous les autres.[15] »

L’OMS, un corps sans âme… mais avec un fort esprit de corps

L’OMS n’a qu’un pouvoir limité, mais elle n’a de comptes à rendre à personne, car l’ONU n’a mis en place aucun mécanisme de contrôle sur elle. Pour autant, contrairement au Conseil de sécurité, elle n’a pas la capacité de contraindre ou de sanctionner ses membres. PAS ENCORE. Son budget de fonctionnement annuel égale à peine celui de certains CHU américains[16] et il est dilué dans une multitude de projets. 

Stephen Buranyi, journaliste spécialisé dans les sciences et l’environnement décrit ainsi la gestion de cet appendice du « Machin » : « L’OMS ressemble moins à un général militaire ou à un dirigeant élu doté d’un mandat fort qu’à un entraîneur sportif sous-payé craignant de « perdre le vestiaire », qui ne peut arriver à ses fins qu’en charmant, en grognant, en cajolant et parfois en suppliant les joueurs de faire ce qu’il dit.[17] »

Compte tenu de la pénétration de l’OMS, du flou de son mandat et de la composition de sa maison-mère, qui compte 95 dictatures et seulement 72 démocraties parmi ses 193 membres, son directeur général dispose de toute latitude pour la façonner à son image.

On n’est jamais si bien servi que par soi-même

À peine élu DG de l’OMS, la première action de Tedros fut d’annoncer la nomination au poste d’ambassadeur de bonne volonté… du président du Zimbabwe, Robert Mugabe.

Dans le monde entier, des dirigeants s’indignèrent. Même au sein de l’OMS, des voix dissidentes émirent des doutes sur la boussole mentale du Directeur général. 

Les mauvais castings sont une habitude onusienne. La République islamique d’Iran avait été membre de la Commission de la condition de la femme[18]. Elle avait aussi servi de rapporteur auprès de la commission du désarmement et de la non-prolifération[19]. Dans la même veine, de 2012 à 2023, la procureure du TPI a été la Gambienne Fatou Bensouda. Elle avait été élue par consensus, après avoir servi Yahya Jammeh comme ministre de la Justice. Ce dictateur sanguinaire fut ensuite accusé de crimes contre l’humanité[20], mais sa Garde des sceaux a prétendu avoir tout ignoré de ce qui se passait pendant son ministère[21].

Tedros est peut-être la goutte d’O…MS qui a fait déborder le vase. Devant la bronca, il a changé de stratégie et a annulé son casting. Mugabe ne serait pas Diafoirus. À 93 ans, il avait trois décennies de dictature sous le capot et une médaille d’or  de la ruine d’un pays prospère. Comme aujourd’hui au Venezuela, l’économie avait disparu, la famine régnait et l’espérance de vie dans le pays était  passée de 62 ans en 1990 à 36 ans en 2006.[22] 

La pandémie du Covid a montré que les gouvernements étaient nus

Elle a mis à jour les manques et l’amateurisme de nombre de gouvernements dans le monde. Mais comme en matière de santé publique, les responsables ne s’estiment pas coupables, cela n’empêche pas ces mêmes gouvernements de négocier des amendements au Règlement sanitaire international (RSI) de l’OMS et un nouveau traité sur les pandémies.[23] Ces deux textes donneront au directeur général de l’OMS un pouvoir sans précédent sur la santé publique mondiale.

Si aujourd’hui, l’OMS peut déclarer une urgence de santé publique de portée internationale, ses recommandations ne sont pas contraignantes. Juste pour rire, en version originale, une urgence de cette nature se dit PHEIC, Public Health Emergency of International Concern, et l’acronyme se prononce « fake », comme les news du même nom.

Les amendements proposés au RSI octroient à l’OMS le pouvoir de déclarer une PHEIC existante, mais aussi une Fake potentielle estimée au doigt souillé et de contraindre ses États membres à y faire face, de la façon qu’elle a choisie, même si certains États estiment sa stratégie inadéquate.

Pompon sur le masque sanitaire 

Aucune critique du nouveau régime de l’OMS et de ses décisions ne sera autorisée par ce nouveau RSI : « L’OMS collabore avec les États parties, en particulier les pays en développement qui en font la demande, et les aide rapidement à lutter contre la diffusion d’informations fausses et non fiables sur des événements de santé publique, des mesures et des activités de prévention et de lutte contre les épidémies, dans les médias, sur les réseaux sociaux et par d’autres moyens de diffusion de ces informations. »

Du temps du Covid-19, Donald Trump avait provoqué l’hilarité mondiale en accusant un laboratoire chinois. Avec le nouveau RSI, il aurait été sanctionné pour fake news. Mais la fake news d’hier est une vérité prouvée aujourd’hui. La science est un domaine dans lequel la vérité ne cesse d’évoluer.

Hélas, Melissa Fleming, secrétaire générale adjointe à la communication mondiale de l’ONU, estime que la vérité est une, indivisible et indiscutable une fois pour toutes : « Nous possédons la science et nous pensons que le monde devrait la connaître[24] », a-t-elle déclaré lors de la réunion du Forum économique mondial 2022 à Davos, avant d’expliquer avoir signé un partenariat avec Google pour que les « vrais » résultats, c’est-à-dire la version de l’OMS, soient toujours en tête des réponses sur la santé dans le monde. 

Le nouveau RSI sera voté à l’ONU le 27 mai 2024

En matière de soins, la France n’autorise l’internement sans consentement du malade que dans le cas de risque grave, soit pour le malade, soit pour autrui, et cette pratique est, au plan légal, sévèrement contrôlée. 

Est-il raisonnable d’autoriser une seule personne à la tête d’une seule organisation comprenant beaucoup plus de dictatures que de démocraties, à légiférer sur l’obligation de soins généralisée à toute la planète ? Ne vaudrait-il pas mieux interner d’office le dirigeant mégalomane qui veut posséder ce pouvoir incontrôlé ?

© Liliane Messika


Notes

[1] www.time.com/collection/100-most-influential-people-2020/5888335/tedros-adhanom-ghebreyesus/

[2] www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2016/08/19/the-things-ethiopia-doesnt-want-you-to-know-that-are-going-on-in-the-country/

[3] https://fr.scribd.com/document/358818042/Physicians-Open-Letter-to-WHO

[4] www.tesfanews.com/gangster-who-head-tedros-adhanom/

[5] www.modernghana.com/news/954953/did-ghebreyesus-committed-crime-against-humanity.html

[6] www.theguardian.com/news/2020/apr/10/world-health-organization-who-v-coronavirus-why-it-cant-handle-pandemic

[7] www.who.int/news-room/detail/28-01-2020-who-china-leaders-discuss-next-steps-in-battle-against-coronavirus-outbreak

[8] www.foxnews.com/politics/bolton-joins-calls-for-who-directors-resignation-accomplice-to-chinas-massive-coverup

[9] www.rickscott.senate.gov/2020/3/sen-rick-scott-calls-investigation-whos-role-helping-communist-china-cover-global-pandemic

[10] www.thetimes.co.uk/article/chinese-scientists-destroyed-proof-of-virus-in-december-rz055qjnj

[11] www.lemonde.fr/international/article/2021/03/26/l-offensive-de-pekin-pour-faire-oublier-le-virus-chinois_6074498_3210.html

[12] www.southampton.ac.uk/news/2020/03/covid-19-china.page

[13] www.gatestoneinstitute.org/20637/who-tyrannical-power-grab

[14] www.thehill.com/opinion/international/487851-china-and-the-whos-chief-hold-them-both-accountable-for-pandemic/

[15] www.dailycaller.com/2020/03/22/who-director-general-tedros-adhanom-ghebreyesus-china-coronavirus-pandemic-cover-up/

[16] 2 milliards de dollars en 2019.

[17] www.theguardian.com/news/2020/apr/10/world-health-organization-who-v-coronavirus-why-it-cant-handle-pandemic

[18] https://news.un.org/en/story/2022/12/1131722

[19] www.mabatim.info/2023/06/24/liran-se-distingue-a-lonu/

[20] www.hrw.org/fr/news/2021/03/12/gambie-lancien-president-implique-dans-le-meurtre-de-59-migrants

[21] www.justiceinfo.net/fr/83997-fatou-bensouda-je-ne-savais-pas-ce-qui-se-passait-sous-jammeh.html

[22] La santé en ruines : Rapports du PHR sur la crise sanitaire provoquée par l’homme au Zimbabwe. https://phr.org/our-work/resources/health-in-ruins-phr-reports-on-the-man-made-disaster-in-zimbabwe/

[23] https://apps.who.int/gb/wgihr/pdf_files/wgihr2/A_WGIHR2_7-en.pdf

[24] www.weforum.org/podcasts/agenda-dialogues/episodes/tackling-disinformation-how-can-we-combat-the-lies-that-go-viral/


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