Le mouvement de boycott Block Out 2024, qui cible sur les réseaux sociaux des stars ne soutenant pas la cause palestinienne, prend de l’ampleur. Décryptage.
Depuis quelques jours, les stars tremblent à la suite d’une initiative mondiale appelée « Block Out 2024 » et qui appelle au désabonnement et au blocage de personnalités qui n’auraient pas apporté leur soutien public aux Palestiniens depuis les attaques menées par Israël. En France, ce mouvement prend de l’ampleur et cible des présentateurs, auteurs, acteurs, footballeurs, enseignes et influenceurs. Derrière cette initiative se devine l’influence du mouvement controversé BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions).
« C’est un mouvement de boycott des célébrités qui ne se sont pas exprimées au sujet de la Palestine et qui tirent leur popularité et leurs revenus en partie grâce aux réseaux sociaux et à l’attention que leurs fans leur donnent », explique, face caméra sur son compte Instagram, la militante Zazem. Présenté comme « un mouvement de pression », le hashtag #BlockOut2024 enflamme des réseaux sociaux comme Instagram et TikTok afin d’établir des listes de personnalités à cibler.
Le principe de la « guillotine numérique »
Peu après l’événement culturel du Met Gala 2024, la plateforme TikTok a vu émerger de nombreuses vidéos aux statistiques affolantes où l’on pouvait voir s’entrechoquer des instants de la soirée fastueuse organisée par Anna Wintour et des vidéos des bombardements en Palestine. Appelé aussi « guillotine numérique », ce mouvement serait né d’une vidéo de l’influenceuse et mannequin Haley Baylee (Haley Kalil, de son vrai nom) qui s’est filmée en robe de soirée aux abords de la cérémonie du Met en prononçant en anglais la phrase attribuée à tort à Marie-Antoinette : « Qu’ils mangent de la brioche ! »
Présentée comme un dédain des souffrances des plus modestes, et plus particulièrement du peuple palestinien, la vidéo a rapidement été utilisée comme symbole d’une rébellion face à l’influence de célébrités qui seraient incapables en retour de dénoncer des injustices.
Dès lors, nombreuses sont les vidéos TikTok à établir des noms de célébrités ayant défendu Israël ou encore étant restées silencieuses depuis le 7 octobre à propos du sort de la Palestine. Le hashtag #BlockOut2024 cumule sur l’application plus de 32 000 publications. Selon le média numérique L’ADN, la superstar Kim Kardashian, accusée de soutenir Israël, aurait perdu plus de 800 000 abonnés ; même chose pour l’acteur Dwayne Johnson (aussi appelé The Rock) avec 398 000 followers de perdus ou encore la chanteuse Beyoncé qui cumule une perte avoisinant les 700 000 abonnés.
En France, le compte Instagram @BlockOut2024_France référence plus de 60 personnalités à bloquer sur la liste de leurs abonnements. On y retrouve l’actrice Géraldine Nakache, les humoristes Camille Lellouche et Marie S’infiltre, la présentatrice Léa Salamé, l’acteur Pierre Niney, le footballeur Antoine Griezmann, le youtubeur Squeezie ou encore le dessinateur Joann Sfar. La liste va être étendue, a d’ores et déjà annoncé le compte.
« Bloquons les célébrités qui restent silencieuses face au génocide à Gaza », résume dans sa présentation le compte Instagram, qui inaugure ses attaques en s’en prenant publiquement à l’animateur Cyril Hanouna et à l’équipe de l’émission Touche pas à mon poste. Selon ce compte, qui cumule déjà plus de 20 000 abonnés, les personnes visées n’auraient eu « de cesse de relayer et d’amplifier la propagande israélienne » depuis le 7 octobre.
Le mouvement BDS est-il derrière l’action ?
Dans sa vidéo, la militante Zazem, partenaire de la communication du compte @BlockOut2024_France, prend en exemple le mouvement BDS. « L’idée, c’est vraiment de suivre le fonctionnement de BDS en exerçant des actions ciblées », indique-t-elle, montrant longuement le compte Instagram @CampagneBDSFrance, tout récemment à l’initiative d’un boycott de l’Eurovision où concourait une candidate israélienne.
À LIRE AUSSI Eurovision 2024 : les censeurs de Malmö et le « détail » du 7 octobreNé en 2005, BDS explique, sur son site, vouloir boycotter les marques liées à Israël afin de proposer « un acte de dénonciation politique qui se poursuivra jusqu’à ce qu’Israël s’engage clairement dans le respect du droit international, la fin de l’occupation et de la colonisation ».Déjà la cible de nombreuses critiques pour ses campagnes de boycott d’enseignes, le mouvement BDS a été épinglé en 2019 dans un rapport rédigé par Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité intérieure, pour ses liens étroits avec le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), tous deux inscrits sur la liste des organisations terroristes par de nombreux pays, dont la France.
© Nora Bussigny
Source: le Point
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