Lettre ouverte à A. Finkielkraut (2ème partie)
Dans un 1er article (1), nous avons décrypté les propos tenus par A. Finkielkraut lors de l’interview qu’il a donnée au Figaro le 27 avril dernier (2). Nous poursuivons ici ce décryptage.
Reprenons donc.
Au 2nd paragraphe, vous allez encore plus loin ; vous dites : « En s’alliant avec les partis fanatiques d’Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich, Benyamin Netanyahou a commis une faute impardonnable ». Là on va de Charybde en Scylla !! Je ne reviendrais pas sur le terme « fanatique » que vous employez haineusement ; je vous renvoie à un précédent commentaire (1) ; mais vous ajoutez que BN aurait commis une faute impardonnable ; mais impardonnable pour qui ? Si ce n’est pour vous, mais je ne suis pas trop inquiet, tant vos analyses en matière de politique israélienne sont erronées. Vous poursuivez avec : « Il est le pire premier ministre de l’histoire d’Israël » ; rien que ça, le pire ! Le pire, mais le seul de ces 15 dernières années à avoir su résister à « l’ami américain » version B. Obama et J. Biden, celui qui a fait de l’économie Israélienne une des plus prospères de l’OCDE, une capitale de la High Tech internationalement reconnue, une puissance militaire sans cesse bridée par l’opinion internationale, … On aimerait bien avoir des « pires » leaders politiques de son envergure ici en Europe et en tout particulièrement en France. Quant à ceux qui vous rassurent B. Gantz et G. Eisenkot, tous 2 anciens chefs d’état-major, vous faites là aussi les erreurs standards, à savoir de croire qu’il suffirait d’avoir été un militaire de haut rang pour être un bon politique ; les exemples passés qui vont de M. Dayan à E. Barak en passant par I. Rabin prouvent exactement le contraire.
Mais ce qui est là intéressant à noter, c’est que vous reprenez mot pour mot les propos de Y. Lapid, actuel chef de l’opposition, marionnette des fomenteurs de coup d’état (Cf. plus haut), qui lui, a probablement été le pire PM de toute l’histoire d’Israël et qui a notamment et sous la pression de J. Biden, concédé le tracé de la frontière maritime réclamée par le Liban (toujours officiellement en guerre avec Israël) incluant un énorme champ gazier en méditerranée, et ce sans aucun débat démocratique à la Knesset, comme la loi l’y obligeait et avec la complicité de la Cour Suprême ! Ce même Y. Lapid qui, pour pouvoir être PM pendant quelques mois, n’a pas hésité à former (avec d’autres dont B. Gantz) un gouvernement totalement hétéroclite avec même la participation d’un parti arabe islamiste. Ou encore ce Y. Lapid qui est pour une solution à 2 états sur toute la Judée-Samarie, alors même que la grande majorité des israéliens y est opposée. Voilà un rapide descriptif de votre référence cher AF.
Vous nous rapportez ensuite un échange que vous avez eu avec des israéliens « réalistes » opposées à la fameuse solution à 2 états, sans que votre critique ne soit trop aigüe à leur encontre, même si vous notez qu’ils refusent toute concession territoriale, sous-entendant que ce serait la pierre d’achoppement du conflit, ce que plus personne de bien informé ne pense ici ou en Israël. Au passage une petite pique envers B. Smotrich soufflée par votre ami universitaire, stigmatisant un de ses anciens écrits de 1999, mais oubliant de vous préciser que ce texte avait été écrit alors qu’il n’avait que……. 19 ans !! Sans commentaires.
Suit une digression un peu fumeuse sur la forme mais intéressante sur le fond, et que je résumerais en ces termes : vous essayez d’expliquer qu’il y a 2 types de Juifs : les observants et les laïcs et que ces 2 judaïsmes s’opposent fermement ; un « judaïsme de la justice et un judaïsme de la Promesse », sous-entendant que ceux qui se réclament de la Promesse (« les extrémistes, les Fanatiques »), rejetteraient automatiquement la justice, analyse caricaturale qui dénote votre profonde inculture en matière de judaïsme ; non, cher AF, il n’y a qu’un seul judaïsme, incluant Promesse ET justice, mais malheureusement une frange minoritaire de Juifs dont vous faites partie, se sent totalement étrangère à la Promesse, et ne comprend pas le rôle tout particulier que le peuple juif a en charge depuis 3500 ans vis-à-vis des autres nations. Sujet donc à travailler avec assiduité cher AF (Cf. Benny Lévy).
Puis vous semblez être touchée par la grâce quand vous explicitez ce que pense la majorité des israéliens quant à l’impossibilité de croire encore à la solution à 2 états (que vous ne nommez d’ailleurs même plus explicitement), vous empressant immédiatement de conclure que toute autre solution serait « détestable ». On voit combien il est difficile cher AF de rayer d’un trait de plume vos « croyances » les plus ancrées dans vos convictions, mais est-ce le début d’une prise de conscience tardive post 7 octobre ? Nous verrons ça à l’aune de vos futures prises de parole…
A mon grand étonnement, vous citez ensuite Y. Golan le qualifiant de « grand soldat et grande figure de la gauche israélienne » ; là je tombe de ma chaise, mais vous nous confirmez ici votre profonde méconnaissance de la politique israélienne ; non, Y. Golan n’est pas une grande figure de la gauche israélienne ; il est le représentant de la frange la plus radicale (et probablement antisémite) de l’extrême gauche israélienne, une sorte de clone israélien entre un Mélenchon et un Besancenot. Et cela pour nous resservir la création du futur état arabe palestinien (là, on vous retrouve enfin !!), et donc la nécessité de nouvelles élections (je ne vois pas le rapport), sous-entendant par-là que les futurs élus iront à coup sûr dans ce sens ; on voit ainsi la bataille intellectuelle que se livre votre esprit entre la persistance de vos idées anciennes et les constats de la réalité israélienne d’aujourd’hui. Je vous laisse à votre parcours initiatique ; tout le monde a le droit de se tromper et de choisir un jour le chemin de la téchouvah (rédemption en langage occidental).
Enfin je laisse de côté vos dernières analyses sur l’importation de ce conflit en occident ; rien à y redire. En fait ces dernières lignes illustrent parfaitement ce qui ressort globalement de cette interview : la clairvoyance continue de vos analyses de ce qu’il se passe en occident et plus particulièrement en France est inversement proportionnelle à votre connaissance de ce qu’il se passe en Israël ; on pourrait simplement espérer que cette inconsistance vous mène dorénavant à une plus grande prudence dans vos déclarations. A voir…
En guise de conclusion cher AF, et si vous souhaitez dorénavant être mieux informé je vous suggère d’arrêter définitivement de lire Haaretz, le New York Times et Le Monde, et de chercher des informations plus équilibrées, en lisant par exemple Israël Hayom ou d’autres.
- https://www.tribunejuive.info/2024/05/03/la-lettre-ouverte-de-gilles-bellaiche-a-alain-finkielkraut-1-2/
- https://www.tribunejuive.info/2024/04/29/alain-finkielkraut-ce-que-jai-vu-en-israel-par-alexandre-devecchio/
© Gilles Bellaïche
ISRAEL IS FOREVER/Morechet Jacques KUPFER – Toulouse
Bravo monsieur Serge bellaiche .votre analyse est parfaite sur cet individu,qui se prend pour le nombril du monde juif.qui s est offusqué lorsqu’il a été traité de sioniste chose dont chaque juif doit être fier.
Il a simplement des petits cailloux à la place du cerveau il pense qu il est un grand philosophe .
Sauf qu’à lire Serge Bellaiche s’adressant à Finkielkraut , on croirait un copié/collé de Soloviev, le propagandiste en chef de la 2ème chaîne TV-russe de Poutine, parlant de l’Ukraine. C’est fou comme ils se ressemblent tous dans leur prose ces grands défenseurs du nationalisme illibéral…
Comme il est doux de se faire traiter de con par un imbécile, qu’il est doux de recevoir des leçons d’illibéralisme de tous ceux qui manifestent tous les samedis soirs depuis 1.5 ans, refusant le résultat des urnes et cherchant à renverser dans la rue le gouvernement démocratiquement élu !!
Toutes ces querelles et ces contre arguments, c’est bien beau et cela montre que les juifs réfléchissent et sont démocrates dans leurs gènes. Très bien, c’est admirable. Mais à part une solution à 2 états, qu’est ce que vous proposez, M. BELLAICHE, comme solution à ce conflit et cette situation stressante pour tous les israéliens depuis près de 80 ans? Un état où les arabes seraient majoritaires à terme gouverné par un gouvernement à majorité ou exclusivement composé de juifs ? Un status quo éternel? Un déplacement de la population palestinienne en Jordanie ou en Égypte qui n’en veulent surtout pas ? Le jour où les USA se détourneront, comme ils l’ont d’ailleurs fait dans d’autres régions, d’Israel, comment ce dernier va-t-il survivre ?On a beau critiquer Biden, Obama et d’autres Presidents US antérieurs, qui sont en effet éminemment critiquables, il faut reconnaître tout de même que notre pays juif dépend de l’aide des USA. Et le monde occidental suivra alors les USA, comme un seul homme dans son rejet d’Israel. Il est facile de gloser à l’infini sur la capacité de l’Etat startup de s’en sortir tout seul en autarcie mais encore faut-il le démontrer car jusqu’à présent, dès que le conflit se réveille, les USA courent à son secours d’une façon ou d’une autre. Alors donnez-nous, je vous prie, votre solution pérenne à terme, M.BELLAICHE, dont j’admire votre prose. Je précise n’avoir aucune sympathie particulière ni pour AF ni pour BN ni pour qui que ce soit mais que je suis un juif de 73 ans ayant vécu l’antisémitisme en pays arabe et ayant été témoin dans le passé d’une forme de discrimination envers les sepharades en Israël. Enfin, je n’ai aucune sympathie pour l’extrême gauche ni pour l’extrême droite.
Alors la solution est claire : il faut tout d’abord et avant toute chose, que l’occident et en tête duquel la France, cesse de faire croire aux arabes palestiniens, qu’ils auront un jour un nouvel état imbriqué dans Israël ; quand les arabes palestiniens auront compris, accepté et intégré cela dans leur esprit et celui de leurs enfants, on pourra alors cherché une solution pérenne, qui passera effectivement par l’intégration de ceux qui accepteront la tutelle juive (minorité), puis par le déplacement volontaire de cette population apaisée vers la Jordanie qui est leur état palestinien, l’Egypte, ou tout autre pays musulman, voire même en Europe.
Certes ça va prendre du temps, au moins une génération après que le processus ait commencé, ce qui n’est pas encore le cas.
Il ne propose hélas rien à part l’aveuglement de Netanyahou qui mène Israël à sa perdition.
Regrettable !
Vous dénoncez les propos de Finkelkraut sur Netanyahou comme étant hors toute réalité, mais que dire des accusations sordides de Netanyahou sur Rabin en 1993-95. Netanyahou qui harangait la foule de ses supporters sous un portrait de Rabin caricaturé en Himmler… Lui et ses ultra religieux qui considéraient Rabin comme un traître au judaïsme. Netanyahou qui se voyait en héraut de la sécurité, face au terrorisme du Fatah puis du Hamas, a tragiquement failli le 7 octobre, dans ce qui est la plus grande tragédie après 1945 pour le peuple juif. Face à un tel échec, Netanyahou aurait dû avoir la décense de présenter sa démission et celle de son gouvernement. Au lieu de cela, il se crampone au pouvoir, sachant qu’en perdant son immunité, son avenir personnel s’annonce des plus sombres.
Quand on a un rôle aussi difficile, observé, critiqué que le sien, avec une telle responsabilité, on n’emploie pas l’expression « se cramponner » mais le verbe « assumer ».
La caricature était un montage de la part des gauchistes israéliens, quant au meurtre de Rabin il a été orchestré par les socialo-gauchistes qui étaient au pouvoir et le mettre sur le dos de la droite.
Naître aveugle c’est terrible mais vivre en aveugle volontairement comme vous le faites c’est pire !
Les évènements du 7 octobre démontrent que Nétanyahou avait raison en 1993, car ils sont la conséquence directe des accords d’Oslo signés par Rabin. Quant à ce qu’il s’est passé le 7 octobre, bien évidemment que BN a une part de responsabilité en tant que PM, mais les vrais responsables sont tous les tenants de l’état profond (militaires, politiques, médias, juges,…) qui ont mis en place cette conceptsia qui a gangréné les esprits (y compris celui de BN) depuis des années ; c’est ce nettoyage intellectuel qu’il faudra faire une fois la guerre terminé, si on ne veut pas revivre un nouveau 7 octobre.
Ce n’est que mon point de vue, je me trompe peut-être mais ces deux hommes n’ont rien à voir, même s’ils sont tous deux Juifs. Bien qu’ayant tous deux de grandes qualités, ils ne peuvent pas se comprendre et réagir de la même façon. Alain Finkielkraut est un philosophe, ce qui implique à mon humble avis un certain détachement, une certaine tiédeur du moins dans la chose politique. Il n’est pas un passionné comme le sont tous les grands chefs d’état (genre De Gaulle). Et, me semble-t-il, Benjamin Netanyahu.
Bibi aura détruit à lui tout seul 75 ans de sionisme. Dun projet prospère, respecté et parfois imité le sionisme grâce à bibi et ses sbires messianiques est devenu un morceau de merde que l’on hait.
Bibi tu le paieras.
On voit que les Kaplanistes sévissent aussi sur ce site.
des mots creux sans arguments, et avec des invectives.
lapid sort du corps de de Yves haggai !!
« mais que dire des accusations sordides de Netanyahou sur Rabin en 1993-95 » 3
On peut dire par exemple que les politiques se font rarement des cadeaux quand ils sont adversaires. Même les plus prestigieux d’entre eux.
« Mitterrand ? « Une arsouille », « un imposteur », « le prince des politichiens »… Ce sont les mots cinglants qu’aurait employés de Gaulle devant Alain Peyrefitte, son ministre de l’Information, pour qualifier son adversaire à la présidentielle de 1965. »
Par ailleurs, trop facile d’accuser Netanyahu d’être responsable de la tragédie du 7 octobre.
Au moins en a-t-il tiré la leçon qui convenait aujourd’hui et pris la bonne décision, la seule possible pour que ne se renouvelle pas une telle tragédie . On ne traite pas avec des terroristes.
On suit les commentaires avisés et mainstream de Joseph et Jean Bernard. La relecture du conflit Israël – Palestine montre qu’on ne peut pas être binaire et que BN n’est pas le héros qu’il voudrait être ( merci Jean Bernard ). Il faut s’en sortir par le haut et on ne peut poursuivre ad vitam aeternam cette spirale de violence.