Les Etats-Unis ne voulaient pas d’un embrasement au Moyen-Orient, et surtout, ils ne voulaient pas être entrainés dans une guerre aux côtés d’Israël. Résultat, la guerre ne s’est pas élargie au Moyen-Orient, mais elle a débordé sur le territoire américain lui-même.
Rappelons-nous l’immédiat après 7 octobre. Peu après que le Hamas ait perpétré une ignoble agression contre la population civile du sud d’Israël (1200 assassinats, 230 otages), l’Etat hébreu a mobilisé et envahi Gaza. La question qui se posait alors était la suivante : le Hezbollah, les Houthis, et toutes les milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak allaient-elles se porter au secours du Hamas ? Autrement dit, le Moyen-Orient allait-il s’embraser ?
Et cet embrasement potentiel allait-il obliger les Etats-Unis à intervenir – après l’Ukraine – dans une nouvelle guerre ? A un an des élections présidentielles américaines, pas question !
Pour dissuader l’Iran ou toute autre milice de l’ « axe de la résistance » de se porter au secours du Hamas, les États-Unis ont dépêché deux porte-avions en Méditerranée. En déplaçant ces deux systèmes d’armes (chaque porte-avions est assisté de plusieurs destroyers, de plusieurs sous-marins, un porte hélicoptère…), les États Unis entendaient afficher leur solidarité avec Israel mais aussi informer l’Iran et le Hezbollah des risques qu’ils encourraient à ouvrir un front contre Israël. « A tout pays, à toute organisation, à tous ceux qui envisagent de profiter de la situation, ne n’ai qu’un mot dire : ne le faites pas », a prévenu Biden. Ce « Don’t do that » – ne le faites pas – a été énoncé le 9 octobre, puis répété encore, le 18 octobre, par Joe Biden dans un discours prononcé à Tel Aviv. Ni la première fois, ni la seconde fois, l’Iran ou le Hezbollah, n’ont été nommés.
Ce double avertissement et les deux porte-avions ont été interprétés à l’époque comme une authentique démonstration d’amitié envers Israël. En réalité, il s’agissait d’empêcher un élargissement du conflit. Le Moyen Orient ne s’est pas « embrasé », mais l’Iran a allumé un foyer en mer Rouge.
Les milices Houthis soutenues par l’Iran, qui contrôlent des pans entiers du Yémen, ont fait irruption sur la scène militaire gazaouie. Dès le 19 novembre, des commandos houthis ont atterri en hélicoptère sur le cargo Galaxy Leaderalors qu’il traversait le sud de la mer Rouge. Ils s’en sont emparé et l’ont redirigé vers le port de Hodeida au Yémen. L’équipage est toujours détenu. Entre le 19 novembre et le début du mois de février 2024, pas moins de 43 autres navires ont été attaqués dans la région, dont 21 ont subi des frappes directes de missiles ou de drones. Ces attaques ont entraîné la mort d’au moins trois marins et le naufrage d’un vraquier. Ils ont également provoqué d’importantes perturbations du commerce mondial, dont environ 12 % transitent par la mer Rouge.
Aujourd’hui, les Houthis menacent toujours les navires qui transitent en mer Rouge, mais ils avertissent qu’ils pourraient s’en prendre aux câbles sous-marins par lesquels les télécommunications et l’Internet transitent. Deux milliards de personnes en Asie et en Europe pourraient en être affectés.
Les Houthis ne s’en cachent pas : leurs actions ont strictement à voir avec Israël et le Hamas. En d’autres termes, il s’agit de faire pression sur les Etats Unis pour qu’ils tiennent Israel en laisse et que le Hamas survive à l’opération.
C’est le territoire américain lui-même qui s’embrase
Washington a bien tenté de faire passer le message à Jérusalem qu’un cesser le feu à Gaza serait le bienvenu. Mais sans succès. Du coup, un autre front s’est ouvert, directement aux Etats Unis cette fois. Les universités américaines se sont embrasées. Les manifestations pro-Hamas ont commencé sur les campus universitaires dans les jours qui ont suivi l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre. À l’Université Brown, des manifestations contre la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas du 7 octobre ont éclaté presque immédiatement. La police a arrêté 61 personnes lors de deux manifestations l’automne dernier. Des manifestations similaires ont eu lieu simultanément dans d’autres collèges.
Avec l’arrivée du printemps, l’activisme estudiantin s’est s’intensifié, et les étudiants ont employé des tactiques de plus en plus agressives. La police de la ville de New York a déclaré avoir arrêté des centaines de manifestants cette semaine à l’université de Columbia, au City College de New York et à l’université Fordham. La police a réagi mercredi 1er avril pour réprimer les manifestations dans plusieurs écoles. Environ 90 manifestants du Dartmouth College ont été arrêtés. L’Université de l’Arizona a déclaré que quatre personnes, dont deux non affiliées à l’école, avaient été arrêtées. L’Université Tulane de la Nouvelle-Orléans a déclaré que 14 manifestants avaient été arrêtés. L’Université du Wisconsin-Madison a déclaré que 34 personnes avaient été arrêtées…
Ces manifestations n’ont rien de fortuit ni de spontané. Elles sont un moyen de pression de l’Iran et des Frères Musulmans, organisation à laquelle le Hamas est affilié, sur le gouvernement américain. Ce sont les étudiants étrangers, notamment en provenance des pays musulmans, qui composent le gros des manifestants. Certaines universités ont accusé des étrangers d’être venus dans les écoles pour intensifier les protestations. Le maire de la ville de New York, Eric Adams, a déclaré jeudi matin à NPR que plus de 40 % des manifestants à Columbia et au City College n’étaient pas étudiants. Michael Oren, ancien ambassadeur d’Israel, affirme que « ces manifestations sont orchestrées et financées de l’extérieur. Ce ne sont pas des manifestations spontanées ». Le New York Post accuseGeorges Soros, financier d’extrême gauche, de financer l’agitation sur les campus.
Le New York Times a repris une étude de NewsGuard, spécialiste de la désinformation, qui affirme qu’ « au cours des deux dernières semaines seulement, les médias d’État en Russie, en Chine et en Iran ont publié près de 400 articles en anglais sur les manifestations. Ces pays ont également déclenché une vague de contenu via des comptes ou des robots non authentiques sur des plateformes de médias sociaux comme X et Telegram ou des sites Web créés, dans le cas de la Russie, pour imiter les agences de presse occidentales ».
Washington veut sauver le soldat Hamas
Joe Biden qui ne voulait pas voir le feu s’étendre au Moyen-Orient, le regarde s’étendre sur le sol américain. Mais au lieu de faire pression sur les pétroleurs iraniens, il leur donne raison et déploie tous ses moyens de pression contre Israel pour sauver le soldat Hamas. Et pour faire passer le message, les Etats-Unis pourraient encourager la Cour pénale internationale à agir contre Benjamin Netanyahou, transformé en criminel de guerre. Le journal d’extrême gauche Haaretz qui soutient Joe Biden contre Netanyahou, s’est félicité voilà deux jours que Washington ait enfin trouvé un moyen de pression sur le premier ministre israélien.
La conséquence de cette immense pagaie est que les Etats-Unis, par refus affiché de faire la guerre au Moyen-Orient, se sont mis à la merci de l’Iran. Et se retournent contre le maillon récalcitrant, Israël. Pire, ils n’en paraissent pas mécontents.
© Yves Mamou
Journaliste et essayiste, Yves Mamou est notamment l’auteur du « Grand Abandon » en 2018 et de « Dix petits mensonges et leurs grandes conséquences » en 2021,Editions L’Artilleur, ouvrage consacré au conflit israélo-palestinien.
Même si il y a une certaine résurgence de l’antisémitisme dans plusieurs États européens, suite aux odieux massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas, il est indéniable que depuis cette date Tribune Juive, entre autres et à travers ses multiples articles écrits ici, trouve beau jeu à instrumentaliser cet antisémitisme à des fins purement politiques.
Voilà bien une très mauvaise stratégie car en fait c’est le bon moyen de renforcer cet antisémitisme.
@Jocelyne De toute évidence, le vôtre n’a besoin de personne pour être renforcé. Vous baignez littéralement dedans. Cela ne doit pas sentir bon chez vous.
Est-il bien utile de publier tous les jours ce genre de
Propagande islamo nazie ?
Pagaille
Tout cela est terrifiant.Les Etats-Unis jouent un double jeu. Et le plus horrible dans tout cela avec l’accord de trève, dont on connait pas encore la réponse.Le Hamas fait sa loi, c’est de la torture psychologique. Depuis 6 mois je pense aux familles des otages,c’est inhumain à chaque fois cette attente. Cela me rend très triste.Tous les dirigeants européens et Etats-Unis sont coupables de céder aux exigences de ces terroristes. L’antisémitisme a toujours été latent, mais s’est accentué avec le pogrom du 7 octobre.
Il est vraiment urgent de mettre en œuvre l’offensive contre les terroristes à Rafah !
Le Hamas et Daech sont des criminels sans scrupules. Ils ne méritent pas un souffle de confiance dans les négociations.
La pression malhonnête des US et d’Europe contre Israël ne doit plus être une raison de retenue contre les ennemis d’Israël !
L attelage Biden/Obama a joué l iran contre les etats arabes et ,bien sur , contre Israel.
Outre les accointances de Hussein obama et de son equipe avec les mollahs , le systeme economique americain vise l hegemonie commerciale avec un pays riche de 90 millions d habitants , gorgé de gaz et de petrole , et donc le deep state americain est derriere cette fine equipe .
Biden slalome entre cette strategie et la popularité d Israel qui reste forte aux usa , et souffle un peu de chaud et beaucoup de froid .
Il faut comprendre que la destruction de Trump ne fonctionne pas et que ce dernier est en avance sur le pantin d obama , donc , aux usa , chacun retient son souffle car les elections , et les inevitables magouilles des voyous de gauche obamienne vont amener une situation tres tendue , avec , semble t il , un camp republicain decidé a ne pas se laisser truander comme en 2020 , et ce camp fera face a des bataillons de » militants » sans foi ni loi qu ont voit a l oeuvre dans les universités actuellement .
Je suis tres inquiet pour la democratie US et l année 2025 sera cruciale pour l avenir du monde libre et donc le notre en Israel .
C’est surtout Biden qui essaie de se sauver lui-même
Il a peur de perdre son élection et tous les moyens sont bons pour y arriver.
Il essaie de « noyer » le premier ministre israélien en espérant que ce dernier
ne lui rendra pas la monnaie de sa pièce, en se tournant vers Trump.
Personne ne se demandait en septembre comment la dictature islamiste en Iran allaient réagir quand les manifestations, notamment de femmes, sans voile, allaient commémorer l’assassinat de Masha Amini? On en parlait encore un peu à l’époque.
Étant pour des raisons personnelles attentif à la question, j’avais pensé que les Gardiens de la Révolution allaient peut-être être obligé de tirer dans le tas, avec le risque pour leur image.
Mais bref, j’en étais là de mes réflexions quand, le 7 octobre, j’ai eu la réponse.
En effet, une opération, organisée à la hâte par leur marionnette Hamas, envoyant les habituelles « jeunesse » des organisations totalitaires et le tour est joué.
Les médias occidentaux ont de quoi remplir l’antenne, et les manifestations en Iran, oubliées. Et évidemment, et c’est là que c’est fort, voilà mobilisé tout ce que le monde compte d’idiot.e.s utile.s de l’islamisme et autres idéologies totalitaires, auxquels s’ajoutent les habituels antisémites purs et simples. Je crois que c’est la première fois aujourd’hui que j’entends pour la première fois sur une antenne suggérer par exemple l’influence que pourrait avoir eu les Frères Musulmans sur les manifestations anti-israeliennes.
Bravo les mollahs, bien joué.
Et puisque le commentaire est toujours en attente de modération, pourquoi ne pas en profiter pour rappeler, s’agissant de l’influence des Frères Musulmans sur SciencesPo, c’est qu’ils avaient déjà réussi à y organiser le HidjabDay…