Frédéric Sroussi. Israël envoie un pétard mouillé contre l’Iran : analyse d’une erreur stratégique 

Décidément, les membres du cabinet de guerre israélien et les généraux de l’état-major de Tsahal ne sont pas à la hauteur du courage exceptionnel des soldats, sous-officiers et officiers de terrain qui se trouvent au front à Gaza, au nord d’Israël et en Judée-Samarie. Alors que ces derniers prouvent leur dévotion totale à la sécurité d’Israël en risquant leur vie à chaque instant, les décideurs – planqués dans leurs bunkers – ne font que perpétuer une guerre en ne prenant pas – par pusillanimité – les décisions qui s’imposent pour vaincre l’ennemi. Ils devraient tous lire ou relire Clausewitz qui expliquait dans ses Principes fondamentaux de stratégie militaire, que « la première cause de victoire dans l’art militaire » est de « poursuivre un grand but décisif avec énergie et ténacité ». 

La pseudo-riposte de l’armée israélienne à l’attaque massive et inédite de la République Islamique d’Iran contre l’État juif n’a pourtant été qu’un pétard mouillé en comparaison des intentions iraniennes qui étaient de frapper tout Israël en faisant le plus de dégâts possibles.

« Les Iraniens ont bien reçu le message », disent fièrement des sources israéliennes après les explosions attribuées à l’État juif entendues dans les environs de la région d’Ispahan en Iran.  En effet, je suis d’accord avec ces « sources », les Iraniens ont bien reçu le message suivant de la part d’Israël : « Continuez à nous combattre et à produire votre nucléaire enrichi, nous n’oserons pas vous attaquer de manière décisive tant que notre maître Joe Biden nous dira de rester à la niche. » Voilà Téhéran rassuré…

Israël aurait en fait pris pour cible en Iran une station radar servant à l’utilisation du système de défense anti-aérien S-300 d’origine russe. La belle affaire ! 

Il est évident que Tsahal réalise, depuis ce maudit 7 octobre 2023, des prouesses qu’aucune armée au monde ne serait capable d’exécuter : se battre sur plusieurs fronts en même temps (Gaza, Liban, Iran, Syrie, Irak, Yémen, Judée-Samarie) avec une précision redoutable ! Pour nous Juifs, cela relève d’un miracle divin ! Il n’empêche, je le répète : les têtes pensantes du cabinet de guerre, Netanyahou compris, préfèrent se soumettre aux diktats du faux ami américain plutôt que d’en finir une fois pour toute avec leur (notre) ennemi juré, la tête de la pieuvre du terrorisme international chiite : la République islamique d’Iran. 

Opération militaire mise en stand-by à Rafah, attaque sans conséquence contre l’Iran :  Biden, en faisant pression sur Israël (tout comme le fit Eisenhower en 1956 lors de la Crise de Suez, lui-aussi en campagne en vue d’une réélection) préfère trahir et mettre en péril un allié plutôt que de prendre le risque de déplaire, en pleine campagne présidentielle, à la puissante frange anti-israélienne/antisémite du parti démocrate. 

Même si les aspects politiques et diplomatiques sont évidemment à prendre en compte, il existe seulement un pays au monde – en l’occurrence Israël – qui se trouve menacé ouvertement de destruction. Dès lors, la « modération » de la guerre (en reprenant un terme utilisé par Raymond Aron) ne peut être envisagé (et encore moins loué) puisque l’une des parties – l’Iran dans ce cas – a comme ambition l’anéantissement de son « ennemi » israélien. Dès lors, pour Israël, la guerre ne peut plus être considérée comme « politique », au sens clausewitzien du terme, car même pour Clausewitz « (L)a guerre absolue demeure politique dans la mesure où elle exprime l’absolu de l’hostilité entre les belligérants mais elle ne coïncide pas avec une guerre réelle (…), l’État (ayant) un passé et un avenir, […]. ( Raymond Aron ; Sur Clausewitz ). L’extermination du peuple juif en Europe pendant la Shoah n’avait rien de « politique » comme le disait si justement Jean-François Lyotard qui voyait en  « Auschwitz « (au sens métonymique) une « résistance à la pensée » car les «explications », qu’on peut en donner, qu’elles soient économiques, politiques, idéologiques, n’en rendent nullement raison ». (Jean-François Lyotard, in Questions au judaïsme, Entretiens avec Elisabeth Weber). 

Dès lors, en ne répondant pas de manière décisive à l’attaque massive iranienne visant son territoire, Israël n’a fait que « reculer pour mieux sauter ». 

Et que fera Jérusalem lorsque Téhéran dotera ses missiles d’une ogive nucléaire ? Si l’État hébreu a baissé la tête devant la puissance terroriste islamique chiite alors que cette dernière est encore en état d’infériorité par rapport à lui, alors quid du moment où l’Iran sera nucléarisé ?  

Les autorités israéliennes tentent donc de nous faire croire que l’État hébreu a montré à l’Iran de quoi il était capable en faisant passer sa faiblesse pour une vertu (la vertu de « modération »). Ceci me rappelle les propos de Nietzsche condamnant –  dans La Généalogie de la morale  – ceux qui en inversant le sens des mots et des valeurs feront passer « […] l’impuissance qui n’exerce pas de représailles en « bonté » (et) « la bassesse craintive en « humilité » […] » .

© Frédéric Sroussi (Israël)

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4 Comments

  1. Mr Sroussi , bien que je partage a 100% votre frustration et votre incomprehension , mon analyse diverge et je me permet donc de vous la presenter :
    – Israel est otage des etats unis , et cette evidence nous a sauté aux yeux depuis 6 mois .
    – la strategie americaine vis a vis de l iran est heritėe de la politique obamienne qui a cherché a construire une alliance avec les mollahs et les freres musulmans contre les pays arabes plus moderés , a ce sujet il faut comprendre que l administration biden est celle d obama , et qu il y a tout lieu d imaginer que le triste pantin desarticulé dispose d un  » Gepetto » bien facile a identifier .
    – je ne suis pas certain que Trump modifierai fondamentalement cette politique et j ai la conviction que les etats unis n attaqueront jamais les centrales nucleaires iraniennes , privilegiant l apaisement et la mainmise economique sur la mine d or que constituerai un pays riche de 90 millions d habitants pour le monde des affaires US .
    – je pense que la strategie israelienne est d attendre encore pour constituer une coalition contre l iran , en jouant sur la peur des arabes pour les rapprocher de nous , je n y crois pas un instant , devant l evidente defection americaine , les arabes laisseront Israel seul.
    – enfin , la retenue actuelle est , peut etre , liée au dernier vote qui nous octroie 26 milliards de $ d aide , et explique que nous attendions la validation de cette aide importante avant de passer a l action .
    La seule question que je me pose , en tant que citoyen israelien , c est : quelle est la limite de notre  » soumission  » aux interets americains , et a quel moment , nos dirigeants jugeront que notre survie passe avant les desiderata de la maison blanche ,et donc , passeront outre les injonctions Us ?

  2. Vous faites partie de la meute ou quoi ?
    Votre théorie est d’une indigence, heureusement que, comme l’illustration, vous restez un «  »Clausewitz de salon » ».

    • De quelle meute parlez-vous mon bon monsieur ? De celle qui souhaite la victoire d’Israël contre l’Iran à la différence des capitulards comme vous ? Quant à l’opinion d’un parfait ignorant, d’un petit scribouillard qui a écrit un petit livre complotiste qui ose prétendre parler aussi de cosmogonie (quelle blague !), je m’en tape complètement ! Vous êtes un des ces êtres complètement narcissiques qui subliment leur médiocrité en critiquant les autres sans apporter aucun argument. Frédéric Sroussi

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