« Messieurs les Iraniens, tirez les premiers  » : la stratégie perdante d’Israël. Par Frédéric Sroussi

La nuit dernière fut surréaliste pour l’Israélien que je suis. Alors que notre pire ennemi annonçait avec fierté le lancement depuis son territoire (une première !) de drones kamikazes et de missiles contre Israël, Tsahal fit le dos rond en attendant que les différentes vagues d’attaques d’engins volants arrivent au dessus du territoire de l’État hébreu afin de les abattre (certains furent interceptés au dessus d’autres pays de la région avec l’aide du « pot de colle » américain).

Nous attendîmes donc tous – comme les spectateurs d’un film catastrophe – l’arrivée des drones et des missiles de l’irréductible ennemi sans l’espoir d’assister – ne serait-ce que par principe – à une attaque préemptive dirigée contre le territoire iranien. L’armée de défense d’Israël ( « traduction » de Tsahal) n’avait jamais aussi bien porté son nom : imaginez une équipe de football qui n’aurait que des défenseurs ! Imaginez un boxeur qui éviterait tous les coups mais n’en rendrait aucun ! Ce serait la défaite assurée ! 

Les ennemis d’Israël ont juste besoin de ne pas  « prendre » un KO pour être déclarés vainqueurs (l’expert pompeux des salons parisiens – Gilles Kepel – prétendait encore le soir de l’attaque iranienne – sur une chaîne d’infos – que les Arabes avaient « remporté » la guerre de Kippour ! Quelle blague !). 

En tout cas, Il fallait battre le fer tant qu’il était chaud car les futures représailles d’Israël – si elles ont lieu – (souvenons-nous des promesses jamais tenues du Premier ministre Itzhak Shamir et de Tsahal de faire payer Saddam Hussein pour avoir envoyé ses Scuds contre Israël), seront encore plus difficiles à faire avaler à la « communauté internationale ». 

L’armée israélienne et nombre d’Israéliens louent depuis la fin de l’attaque iranienne les capacités exceptionnelles de défense de l’État juif ! Quels naïfs ! 

L’Iran possède déjà toutes les capacités technologiques et matérielles pour produire l’arme atomique, et Israël remet toujours à plus tard la destruction (de tout ou partie) des installations nucléaires des ayatollahs de Téhéran ! Que fera Israël quand l’Iran aura une ou plusieurs bombes montées en ogive ? Eh bien, même sans nous l’envoyer tout de suite en pleine tête, l’Iran pourra dicter au monde et à Israël sa volonté avec encore plus d’audace ! 

Pensons simplement que c’est – si je ne me trompe pas – la première fois dans l’histoire qu’un État qui n’a pas encore la bombe atomique ose attaquer un pays qui possède au moins une centaine d’ogives nucléaires (c’est un secret de polichinelle que l’État hébreu possède des armes atomiques)! Cela prouve à quel point les Iraniens ne prennent pas au sérieux – et à juste titre – notre volonté de les frapper fort. 

Israël n’a pourtant plus le choix, et malgré le veto du l’Oncle Biden (avec le lâche soulagement d’une partie de l’establishment militaire israélien), il aurait fallu « profiter » de l’ignoble attaque iranienne pour lancer une contre-attaque immédiate qui aurait frappé les installations nucléaires et les lieux de pouvoir de l’Iran (tout en détruisant ses moyens de communications).

Comme l’écrivit Raymond Aron en paraphrasant Clausewitz : « Celui qui veut éviter les grands efforts et les combats décisifs doit se rappeler à chaque instant que l’accomplissement de ses souhaits dépend aussi de l’autre« .  

La République Islamique d’Iran ne consentira pas à hisser le drapeau blanc sans une attaque volontaire, risquée et décisive d’Israël.

© Frédéric Sroussi (Israël)