Ma montre s’était arrêtée.
À deux heures dix du matin. La pile sans doute.
Une grosse montre étanche pour la plongée.
Je n’aime pas quand le temps s’arrête.
Le soleil était déjà haut dans le ciel.
Je devais être entre le petit déjeuner et le déjeuner.
Je suis descendu boire un café et manger un borekas au fromage bulgare, à tout hasard.
Le serveur m’a indiqué un horloger, un peu plus loin sur le boulevard Allenby.
…
Une échoppe étroite, encombrée de toutes sortes de cadrans et d’outils fixés aux murs.
L’horloger, les lunettes sur le front et des loupes sur le nez, m’a à peine honoré d’un regard.
« C’est pour quoi ? »
Ma montre. Vous changez bien les piles.
Il a eu un reniflement de mépris.
« Bien sur. C’est 40 shekels. »
Je lui ai tendu ma montre.
« Vous faites de la plongée ? »
J’ai fait. Je préfère bronzer sur le sable maintenant.
« Alors pourquoi une montre de plongée ? »
Je la trouve belle.
« Vous ne vivez pas ici ? »
Non, j’habite Paris.
« J’aurai du le deviner. Votre accent. La montre. »
Il a ricané.
« Quand on vit ici, seul compte l’essentiel. »
Il a soulevé le couvercle, changé la pile et revissé délicatement.
« Voilà. »
Elle est de nouveau bien étanche ?
« Évidemment. Mais pourquoi demandez-vous ?
Si c’est juste pour bronzer à la plage… »
Ce type commençait à m’énerver.
J’ai répondu « je dois faire une balade en sous-marin ».
J’ai utilisé le mot « Tzolelet » צוללת, sous-marin en hébreu. Un peu difficile à placer dans une conversation.
Les lunettes de l’horloger lui sont retombées sur le nez, au dessus des lunettes. Il me regardait avec étonnement.
« Vous parlez bien l’hébreu, mon ami. Profitez bien de votre montre.
Excusez ma mauvaise humeur, le moral n’est pas très bon dans le pays en ce moment.
Je suis sûr que vous comprenez. »
Oui, je comprends.
…
Nous étions fin août.
Ma montre n’a pas fonctionné très longtemps.
Elle s’est arrêtée, à nouveau, le 7 octobre à 6 heures du matin. Il y a 6 mois pile.
Le 7 octobre, le monde en tout cas le mien ,a changé. Rien ne sera plus comme avant.Merci Daniel Sarfati, pour cette rencontre avec le temps.
Impeccablement construit, ce texte. Il fonctionne, comme un mécanisme d’horlogerie. La fin m’a fait tilt, le frisson…
Chapeau, et courage.
La prochaine fois, viens à Eilat, il y a un club de plongée très sympa, là-bas, tenu par une française qui s’appelle Victoria, Viki pour les copains. Mais elle te parlera en hébreu si tu veux travailler un peu de vocabulaire… 😉
Je vous connais pas Daniel votre texte m à fait vibré mon cœur comme je disais plus haut je suis catholique amoureuse de la terre d Israël le peuple d Israël les enfants d Israël ben moi aussi je vis avec les Infos de J24 cnews bref moi aussi plus dé montre je pleure pour les mots les blessés les otages les soldats de Tsahal gloire à eux shabbat shalom