L’exode des juifs britanniques

Photo : Royaume-Uni, Londres, Trafalgar Square. Auteur : JOHNGOMEZ / depositphotos.com

Au Royaume-Uni, foyer de la quatrième plus grande communauté juive de la diaspora – environ 312 000 personnes, les événements du 7 octobre ont déclenché une hausse significative de l’antisémitisme dans le pays.

L’organisation « Campaign Against Antisemitism » a publié les résultats d’une enquête menée auprès des Juifs britanniques du 10 novembre au 17 novembre, peu après l’attaque terroriste du HAMAS contre Israël.

Les résultats de l’enquête indiquent que :
– 69 % des Juifs britanniques sont devenus plus prudents en affichant ouvertement des symboles juifs, tels que l’Étoile de David ou une kippa.
– 48 % envisagent de quitter le Royaume-Uni en raison de l’augmentation de l’antisémitisme.
– 61 % ont soit vécu, soit été témoins d’incidents antisémites après le 7 octobre.
– 66 % estiment que la police applique des doubles standards lors de l’enquête sur les crimes antisémites basés sur la haine.
– 90 % évitent les déplacements au centre-ville s’il y a une grande manifestation anti-Israël.
– 86 % sont insatisfaits de la couverture du conflit entre Israël et le HAMAS par la BBC.
– 97 % des Juifs britanniques ressentent un lien personnel avec les événements se déroulant en Israël.

L’enquête a impliqué 3 744 individus qui reflètent de manière représentative les différents segments de la communauté juive au Royaume-Uni.

***

Des temps mauvais en Grande-Bretagne. Comme le nôtre, le pays connaît une violente poussée d’antisémitisme.

Les médias britanniques alertent. Le Standard, un quotidien conservateur publiait il y a deux jours un article au titre choc : Les Juifs de Londres envisagent de fuir la capitale face à une énorme vague d’antisémitisme.

Il raconte les craintes Juifs du Royaume-Uni, confrontée à une explosion des actes antisémites. Un sondage montre que la moitié des 200 000 Juifs de la capitale envisagent de partir à l’étranger.

C’est factuel, les actes antisémites connaissent une explosion au Royaume-Uni.

Plus de 4.100 incidents antisémites répertoriés dans le pays en 2023. Ils ont doublé en un an. Un chiffre en trompe l’oeil. Ca a été une déferlante en quelques mois, après le 7 octobre. Au dernier trimestre 2023, les actes antisémites ont connu une hausse ahurissante de 600% par rapport à l’année précédente en Grande Bretagne.

L’article du Standard raconte un climat menaçant.

Les Juifs de Londres vivent, dit l’article, une intimidation massive. Il existait, raconte l’auteur, une hostilité persistante de certaines communautés envers les Juifs. Elle s’est transformée en passages à l’acte, en marge des manifestations de soutien au Hamas qui sont ouvertement antisémites  à Londres. Une désinhibition qui se prolonge par des intimidations, des menaces de mort contre des parlementaires juifs. Plusieurs en ont témoigné à la BBC la semaine passée. Un député a démissionné, parce qu’il craignait pour sa vie. Selon les mots du premier ministre Rishi Sunak, “le régime de la foule remplace le régime démocratique “.

L’antisémitisme s’est immiscé dans le quotidien britannique.

Début février, un théâtre de Londres a dû s’excuser après qu’un acteur de one man show avait chassé des spectateurs Juifs de la salle, sous les huées du public. Et puis, il y a cet autre article qui fait frémir, publié il y a deux jours dans le Telegraph. Il compile des témoignages d’auteurs, d’agents littéraires, expliquant qu’il était devenu extrêmement difficile de faire publier des auteurs au nom à consonnance juive ou des livres au “ sujet juif”. Le Londres littéraire , dit un éditeur, leur est devenue une zone interdite. Et à l’université, c’est la même chose.

Comme chez nous, ce que vit le Royaume-Uni est une conjonction d’antisémitismes.

Il y a un vieil antisémitisme d’extrême droite, héritier d’Oswald Mosley, le fondateur du parti fasciste britannique. Il y a aussi un antisémitisme musulman importé, qui se déverse en prêches haineux dans les mosquées de Londres. Et puis, il y un antisémitisme opportuniste, qui gangrène les rangs de la gauche britannique. Le Labour a été secoué par la multiplication des plaintes pour des actes et paroles antisémites. Jusqu’a Jeremy Corbyn leader du parti jusqu’en 2020, qui avait déposé des fleurs sur la tombe d’un des terroristes palestiniens des JO de Munich de 1972.  Tout cela refait surface à Londres, comme un grand égout qui déborde.

© Emmanuelle Ducros

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2 Comments

  1. Lorsque des atrocités ont été perpétrées par les islamistes sur des centaines de jeunes filles Anglaises au vu et au su des autorités locales à Telford et dans d’autres villes d’outre-Manche, la Grande-Bretagne a définitivement quitté l’orbite du monde civilisé.
    Mais cette mort civilisationnelle était également la nôtre, car tout le monde s’est tu en France et dans doute dans les autres pays occidentaux.
    Je ne crois pas à une hypothétique résistance et libération : non seulement les Juifs mais également des millions d’Anglais, de Français et d’Européens non-Juifs et non « racisés » vont devoir fuir l’Europe tombée aux mains du nazisme islamiste. Ce sera un
    exode de masse : du reste, cela a déjà commencé.

  2. Déjà, il faudrait pouvoir commencer par nommer les choses par leur nom : le Labour et plus encore la FI sont des partis néo nazis. Mais à force d’agiter l’épouvantail d’extrême droites imaginaires ou ultra minoritaires, on a permis à la Bête Immonde de se faire passer pour le Camp du Bien et devenir politiquement majoritaire.

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