Les tweets d’un avocat justifiant l’attaque du 7 octobre placent le barreau de Lille dans l’embarras

L’avocat lillois Eddine Denfer-Djeffal a publié de nombreux tweets anonymes légitimant l’attaque du 7 octobre, propageant des clichés antisémites ou ironisant sur l’attentat de l’Hyper Cacher. PHILIPPE HUGUEN / AFP

L’avocat lillois Eddine Denfer-Djeffal est dans la tourmente depuis quelques jours : un compte Twitter l’accuse d’avoir publié sur le même réseau social (rebaptisé «X») de nombreux messages ayant un caractère antisémite où faisant l’apologie d’actes terroristes antisémites. Me Eddine Denfer-Djeffal serait en effet le propriétaire du compte Twitter @Luffy_Affranchi, supprimé depuis ces révélations, et sur lequel ces messages ont été postés.

Depuis ces révélations, Le Figaro a pu authentifier qu’Eddine Denfer-Djeffal était bien l’auteur de ces tweets : de nombreux posts faisaient référence à des dossiers judiciaires sur lesquels il travaillait, et un ancien collaborateur de son cabinet l’a formellement identifié sur la photo de profil du compte, où Eddine Denfer-Djeffal pose en selfie derrière son téléphone.

Parmi les messages à caractère antisémite, certains remontent notamment à 2015 et à l’attentat de l’Hyper Cacher commis par Amedy Coulibaly, porte de Vincennes à Paris, ayant fait quatre morts. Eddine Denfer-Djeffal a ironisé notamment sur l’acte de bravoure de Lassana Bathily, employé sans papier de l’Hyper Cacher qui avait caché des otages pendant l’attentat, en s’en prenant aux «feuj» qu’il estime «chanceux» : «Les feuj alors vraiment employer un sans papier, gagner de l’argent sur lui, et au final c’est lui qui les sauve ! Toujours chanceux», a-t-il écrit. Quelques jours après l’attentat, Eddine Denfer-Djeffal plaisante d’un ton goguenard sur Twitter : «Kirikou y vient de débarquer où je travaille comme s’il allait faire un braquage, j’ai cru c’était coulibaly».

Plusieurs messages postés sur le même compte Twitter minimisent également les massacres du 7 octobre commis par le Hamas, voire en font l’apologie en les légitimant. «Chaque horreur a sa conséquence», écrit-il, l’attitude d’Israël envers Gaza ne pouvant selon lui que «mener à une réponse violente» ; il compare enfin l’attaque du 7 octobre aux actes commis par les résistants français pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a également partagé des vidéos afin d’accréditer l’idée que les assaillants du Hamas s’étaient comportés avec humanité à l’égard des femmes et des enfants pris en otage le 7 octobre. «Déniez à un peuple sa dignité, son autonomie et vous n’obtiendrez que les conséquences de vos actions», écrit-il encore.

Exemples de tweets anonyme de Me Eddine Denfer-Djeffal Captures d’écran Twitter

Plus loin, il répond également à un internaute évoquant des «fake news» du «Qatar» sur des trafics d’organe auxquels se livreraient les juifs, en estimant que ce sujet n’est «malheureusement pas assez connu». Il met enfin en doute le récit par Israël des massacres du 7 octobre, en s’étonnant que des maisons aient été retrouvées calcinées «alors que le Hamas avait uniquement un armement léger», accusant implicitement Israël de manipuler la vérité au sujet du 7 octobre. Commentant enfin la vidéo où une dame est filmée arrachant les affiches en mémoire des otages du Hamas, il estime que celle-ci est une «grande dame, humaine, courageuse, et digne».

Exemples de tweets anonyme de Me Eddine Denfer-Djeffal Captures d’écran Twitter

Le Bâtonnier du Barreau de Lille, Me Florent Méreau, avait confirmé auprès de La Voix du Nord s’être «saisi immédiatement de l’affaire» et prendre «actuellement toute mesure nécessaire quant aux circonstances de ces tweets et leurs conséquences».

L’affaire embarrasse en réalité le Barreau, dont Me Eddine Denfer-Djeffal est proche à plus d’un titre. D’abord parce qu’il est le collaborateur du cabinet Masson-Dutat à Lille : les deux associés, Emmanuel Masson et Marie-Christine Dutat, sont tous deux anciens bâtonniers du Barreau – et Marie-Christine Dutat est encore l’actuelle présidente de la CARPAL, la caisse de règlement pécuniaire des avocats lillois. Celle-ci indique au Figaro avoir notifié à Eddine Denfer-Djeffal son intention de le licencier suite aux révélations sur ses tweets ; en définitive, l’avocat a pris les devants en choisissant de démissionner de lui-même, cessant donc sa collaboration avec le cabinet Masson-Dutat. «En tant qu’ancienne bâtonnière, j’ai été profondément choquée par ces révélations», confie encore Marie-Christine Dutat.

Proche du député LFI David Guiraud

Surtout, Eddine Denfer-Djeffal est connu pour être un avocat engagé, très politique. Une affiche de Jean-Luc Mélenchon trône au-dessus de son bureau au cabinet, et il est connu pour être proche de la France insoumise, en particulier du député David Guiraud sur les photos duquel il apparaît à de nombreuses reprises. Ami de longue date de la suppléante de David Guiraud, Shéhérazade Bentorki, ses propos embarrassent jusqu’aux équipes du député, selon des sources proches du parlementaire.

Me Eddine Denfer-Djeffal (à droite) en compagnie de David Guiraud (au centre). Photo postée sur le compte Twitter de David Guiraud

Outre ses engagements politiques, l’ancien militant de l’association propalestinienne Conscience est également membre de la commission pénale du Barreau de Lille, et enseignant à l’Université catholique de Lille où il est chargé de TD en deuxième année de licence, pour le cours de droit civil. Il a toutefois supprimé son profil LinkedIn et donc son CV en ligne au moment où ses tweets ont été révélés.

Enfin et surtout, Me Eddine Denfer-Djeffal est sympathisant du Syndicat des avocats de France (SAF), un syndicat proche de l’extrême gauche dans ses prises de position, qui avait été notamment à l’initiative, avec le Syndicat de la magistrature, de l’invitation faite à Médine à la Fête de l’Huma. Un syndicat dont fut aussi membre… Florent Méreau, le bâtonnier de Lille. Qui confirme au Figaro avoir lancé une procédure au sein de l’ordre des avocats, et indique par ailleurs n’avoir pas «souvent croisé» Eddine Denfer-Djeffal aux réunions du SAF. «Oui, cette affaire nous embarrasse, mais pas au sens où nous essayons de le couvrir : c’est par dégoût des propos qui ont été tenus», ajoute le bâtonnier.

© Paul Sugy

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-

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