Comment expliquer qu’une séquence télé datée de 1988 et vue presque un milliard de fois continue de faire monter les larmes aux yeux, encore et encore
Il y a des mystères qui rendent heureux. Comment expliquer qu’une séquence télé datant de 1988 et vue (tous supports confondus) presque un milliard de fois continue de faire monter les larmes aux yeux, encore et encore, à chaque visionnage jusqu’à aujourd’hui ? C’est le mystère Nicholas Winton, un courtier anglais qui a organisé le sauvetage de 669 enfants tchécoslovaques, juifs pour la plupart, juste au moment de l’annexion de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie sous le IIIe Reich.
Issu de la bourgeoisie (juive immigrée d’Allemagne), ce jeune homme insouciant de 29 ans devait partir skier. Il se retrouve finalement à Prague en 1938, au cœur de la tragédie imminente.
Dès lors, il n’aura de cesse de sauver des vies et, en mars 1939, il organise le premier des huits déplacements en train qui permettront à des enfants juifs d’échapper à la mort. Le neuvième, avec deux cent-cinquante enfants à bord, n’arrivera lui jamais à destination.
La vidéo en question, celle de 1988, est tournée des années plus tard. Nicholas Winton, âgé de 80 ans, se retrouve sur le plateau télé de l’émission That’s life. Autour de lui,il voit peu à peu le public se lever. Il a l’air perdu, modeste, loin des paillettes. Ceux qui se lèvent dans le public sont les enfants devenus adultes qu’il a sauvés de la mort. Et on pleure à nouveau.
Cette séquence culte a servi de point de départ au très joli film « Une vie », réalisé par James Hawes, et sorti sur les écrans français cette semaine . C’est l’impeccable Anthony Hopkins qui incarne parfaitement « celui qui ne voulait pas être un héros ».
Le film est linéaire, clair, juste, efficace et surtout modeste. C’est bien là que réside la réussite de cette adaptation d’une histoire vraie : ce monsieur extraordinaire a été ordinaire et avant tout modeste. « Qui sauve une vie sauve l’humanité » Et à l’heure de la renommée à tout prix, il n’a eu les honneurs et la reconnaissance (qu’il n’a jamais demandé) qu’à partir de ses 80 ans. En 1998, Vaclav Havel le décore, en 2003 c’est la reine d’Angleterre qui le fait chevalier et ainsi de suite jusqu’à ses 105 ans. Il est sur les listes du gouvernement tchèque pour recevoir un prix Nobel, sur les listes des personnalités distinguées pour services rendus à l’humanité. La liste est longuissime.
Chrétien converti, Nicholas Winton, parce qu’il était juif de naissance, n’a pu recevoir le titre de Juste parmi les nations.
En septembre 2009, soit exactement 70 ans après le départ de son dernier train pour enfants, « Le train Winton », avec des rescapés qu’il avait sauvés a fait le trajet de Prague à Londres et c’est lui, âgé de 100 ans qui les a accueillis.
© Valérie Abecassis
Valérie Abecassis est Rédactrice en chef Culture sur i24News
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