Jean Mizrahi. Pourquoi je ne vais plus à la cérémonie des César

In « La Tribune ». Lien en bas de page

Cet article par deux avocates sur les pratiques de l’académie des César rejoint totalement ma vision du sujet : le cinéma français, dans sa partie « amont » (donc en excluant les exploitants de salle qui restent le plus souvent les pieds sur terre – ils n’ont pas le choix), est devenu un milieu saumâtre. On condamne quelqu’un avant qu’il ait été jugé, on se gargarise publiquement de la médiocrité ambiante. Les responsables de cet évènement sont passés il n’y a pas si longtemps, pour leur communication publique, à l’écriture dite « inclusive » qui est en réalité exclusive – d’autres l’ont dit mieux que moi – je m’en étais ému (je suis membre) auprès d’eux, ils m’avaient répondu que les membres de l’académie étaient très contents de cette évolution : cela en dit long sur la sociologie décadente du cinéma français.

Cette fois-ci, on a donné une tribune à Madame Godrèche qui est venue déblatérer sur ses anciens amants et ses grands malheurs, et tout le monde a condamné les réalisateurs mis en cause sans même l’once d’une contradiction. Anny Duperrey, qui avait souligné le caractère un peu tordu de la démarche d’une actrice restée quand même six ans avec celui qu’elle accuse (et qu’on voit dans des vidéos plus anciennes très satisfaite de son expérience), a été ostracisée sur le champ par une association d’aide aux enfants du monde sans la moindre hésitation, ce qui me conduira à ne jamais donner à cette association parmi toutes celles que j’aide. Et tous les cons d’applaudir madame Godrèche pour son « courage », alors qu’elle vient juste de trouver une magnifique occasion de se remettre en selle alors que sa carrière était en panne. En réalité, les seuls à condamner pour avoir laissé la petite Judith faire sa vie avec un quadragénaire, ce sont ses parents, qui sont pourtant deux psys, mais personne ne parle d’eux. En tant que parent, j’estime que c’est aux parents de guider les mineurs. Six ans, ce n’est pas rien.

Je ne vais plus à la cérémonie des César depuis que j’y suis allé une ou deux fois, je ne la regarde pas non plus, tant la médiocrité de cette assemblée qui s’autocongratule m’écoeure. On célèbre des films somme toute assez médiocres, suffisamment pour qu’ils soient incapables de franchir nos frontières pour la grande majorité d’entre eux, les exceptions se comptant sur les doigts d’une seule main dont on aurait coupé quelques doigts. Le cinéma français est devenu petit-bourgeois militant : les réalisateurs ne sont plus en quête d’une perfection artistique, ils ont des « messages » à faire passer. J’ai vu sans le finir « Anatomie d’une chute ». Ennui phénoménal en dépit d’un bon scénario. Image laide, et pourtant les membres de l’académie avaient nominé le chef opérateur pour son image. Et pourtant, comme disait Jean Ferrat, « Que la montagne est belle »…

Année après année, je m’afflige de l’état de déliquescence de notre cinéma national, qui biberonne aux subventions pour produire une quantité ahurissante de navets laids et creux. Les aides publiques encouragent la médiocrité. Les quelques films qui surnagent, je le dis une fois encore, sont incapables de voyager hors de France, en dehors de quelques exceptions ça et là. C’est pour moi un critère évident. Au fond, ce qui a disparu, c’est une vision artistique du cinéma. L’art devrait être LA priorité. Et pour cela il faut le BEAU. Même la laideur peut être belle si elle est bien filmée.

Je ne vais pas trop commenter l’indécence de ceux qui sont allés comme chaque année de leur petit message « politique » lors de la cérémonie, tous ces gens bien au chaud et bien nourris sont exaspérants. Je lis ici ou là que certains auraient affirmé haut et fort leur solidarité avec Gaza, mais sans avoir un mot pour les femmes israéliennes violées, mutilées, égorgées, décapitées, démembrées. Ces petits-bourgeois devraient nous épargner leurs leçons d’héroïsme à cent sous : s’ils veulent aider les habitants de Gaza qui en ont bien besoin : qu’ils y aillent. On est loin du temps des brigades internationales, aujourd’hui les révoltés se révoltent à distance, bien au chaud, entre les petits fours et le champagne. Ce milieu soi-disant créatif est réellement de plus en plus indécent et stérile. Comme l’écrivait Ben Hecht : « Je hais les acteurs ».

© Jean Mizrahi

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/academie-des-cesar-quand-le-cinema-fait-sa-justice-marie-dose-et-julia-minkowski-avocates-a-la-cour-990748.html

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3 Comments

  1. Je partage entièrement l’avis de Jean Mizrahi. Ce qu’est devenue la cérémonie des César, une sorte de tribunal d’inquisition sous l’emprise des metoo ou assimilées et des bien-pensants ne présente plus pour moi le moindre intérêt et je dirais même m’écœure aussi. Je ne la regarde plus. J’ai néanmoins pu voir dès le lendemain de la cérémonie en question ladite Godrèche, la « victime » prendre des airs penchés et doucereux, avec le sourire du chat du Cheshire (le chat de Alice au pays des merveilles) pour dénoncer d’anciens amants. Ces règlements de compte sont totalement déplacés alors que par ailleurs il se passe des choses autrement plus graves que les mêmes n’évoquent même pas, voire méprisent. Des massacres de femmes israéliennes ou des viols de femmes âgées en France. Anny Duperrey a bien résumé l’affaire et le fait qu’elle soit ostracisée prouve à quel point le milieu du showbiz (et pas que lui ) est totalement désaxé, déboussolé.

  2. La rive gauche et le quart du bd st germain se reunissent pour communier sur leurs fantasmes de gôche caviar a l abri des enormes subventions de l etat nounou .
    Ils produisent des  » films » que le peuple ne va jamais voir et s auto congratulent niaisement en insultant au passage gentiment le systeme socialo communiste qui les nourrit grassement .

    Bref l URSS n est pas morte …….

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