L’Affiche rouge est le nom donné à une affiche de propagande antisémite allemande tirée à 15 000 exemplaires à partir de mi-février 1944 et placardée dans des villes et villages de France, lors d’une vaste campagne de propagande antisémite baptisée « L’armée du crime », présentant les Juifs comme globalement responsables d’une série d’attentats terroristes.
Il étaient vingt et trois, en majorité juifs
Cette campagne de propagande, lancée du 18 au 24 février 1944, sous l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, visait à prouver la responsabilité des Juifs dans la délinquance et le terrorisme, pour valoriser la condamnation à mort le 17 février 1944 de 23 résistants, en majorité juifs, fusillés par les Allemands quatre jours après et appelés Groupe Manouchian-Boczov-Rayman puis dix ans plus tard « Groupe Manouchian », du nom de Missak Manouchian.
Un film est diffusé la même semaine aux actualités cinématographique, alors qu’on recense 330 cinémas pour la seule ville de Paris, la campagne de propagande comportant aussi des tracts, brochures et interventions à la radio et dans la presse écrite.
Parmi les 23 victimes, plusieurs appartenaient aux FTP de la Résistance. Le tiers étaient des résistants polonais. Une dizaine, dont sept juifs, ont leur photo sur cette affiche qui a donné son nom à la première chanson de l’album de 1961 de Léo Ferré, mais ne sera appelée « Affiche rouge » qu’à partir de cette chanson.
Entre-temps, selon les historiens Annette Wieviorka et Stéphane Courtois, « le Parti communiste a effacé ses résistants juifs » au début des années 1950. La presse communiste et 10 000 manifestants avaient cependant, salué les « 23 héros du procès Manouchian-Boczov » le 21 février 1945, premier anniversaire de leur exécution sommaire.
Le 80ème anniversaire voit aujourd’hui, 21 février 2024, Missak Manouchian, accusé à tort de 56 attentats par l’affiche, entrer au Panthéon, avec son épouse Mélinée, où une plaque doit honorer les 22 autres du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, rebaptisé dans les années 1950 « Groupe Manouchian » sous la pression du Parti communiste français.
Voici les photos, noms et crimes attribués, de manière fantaisiste selon les historiens, à dix Résistants, dont sept Juifs :
« Grzywacz – Juif polonais, 2 attentats » ;
« Elek – Juif hongrois, 8 déraillements » ;
« Wasjbrot (Wajsbrot) – Juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements » ;
« Witchitz – Juif hongrois, 15 attentats » ;
« Fingerweig – Juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements » ;
« Boczov – Juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats » ;
« Fontanot (Fontano) – Communiste italien, 12 attentats » ;
« Alfonso – Espagnol rouge, 7 attentats » ;
« Rajman – Juif polonais, 13 attentats » ;
« Manouchian – Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés » ;
La vaste campagne de propagande antisémite dont fait partie l’affiche vise à contrer les écrits du polonais Louis Gronowski, qui avait formé avec deux autres Juifs, le polonais Jacques Kaminski et le tchèque Arthur London, le 1er triangle de direction nationale dez FTP-MOI. Gronowski a rédigé en novembre 1941 une brochure diffusée clandestinement : « L’antisémitisme, le racisme, le problème juif », riposte à l’idéologie raciste et antisémite de l’occupant nazi.
Selon l’historien Denis Peschanski, « les nazis voulaient faire passer les résistants pour des terroristes à la solde des étrangers, des juifs, des bolcheviques » et selon l’historienne Annette Wieviorka « l’antisémitisme est au coeur du choix de ceux présentés à la vindicte publique » sur l’affiche rouge qui accompagne la brochure où on lit un peu plus loin : « Voyez le juif polonais Rayman, l’arme du crime au poing », le jeune ouvrier juif Marcel Rayman étant particulièrement visé par un texte stigmatisant « son regard pervers où passe en lueur tout le sadisme de sa race » et déclamant une longue « énumération de turpitudes sexuelles attribuées aux Juifs ».
Simone de Beauvoir a raconté son sentiment personnel : « Malgré la grossièreté des clichés, tous ces visages qu’on proposait à notre haine étaient émouvants et même beaux ; je les regardai longtemps, sous les voûtes du métro, pensant avec tristesse que je les oublierai ».
La liste suivante des 23 membres du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l’affiche rouge. Les 22 hommes, dont douze Juifs, ont été fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, fut décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart :
Celestino Alfonso (AR), Espagnol, 27 ans ;
Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944) ;
Joseph Boczov, Hongrois, 38 ans – Ingénieur chimiste ;
Georges Cloarec, Français, 20 ans ;
Rino Della Negra, Français, 19 ans – Footballeur du Red Star Olympique ;
Thomas Elek, Hongrois, 18 ans – Étudiant ;
Maurice Fingercwajg (AR), Polonais, 19 ans ;
Spartaco Fontanot (AR), Italien, 22 ans ;
Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans ;
Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans – Ouvrier métallurgiste ;
Léon Goldberg, Polonais, 19 ans ;
Szlama Grzywacz (AR), Polonais, 34 ans ;
Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans ;
Cesare Luccarini, Italien, 22 ans ;
Missak Manouchian (AR), Arménien, 37 ans ;
Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans ;
Marcel Rajman (AR), Polonais, 21 ans ;
Roger Rouxel, Français, 18 ans ;
Antoine Salvadori, Italien, 24 ans ;
Willy Schapiro, Polonais, 29 ans ;
Amedeo Usseglio, Italien, 32 ans ;
Wolf Wajsbrot (AR), Polonais, 18 ans ;
Robert Witchitz (AR), Français, 19 ans.
À noter: quand Emmanuel Macron annonça le 18 juin 2023 que Missak Manouchian et son épouse seraient les seuls à entrer au Panthéon 80 ans après l’assassinat, ladite décision fut critiquée, dans une lettre ouverte dans Le Monde, par un collectif d’intellectuels et descendants de victimes de l’affiche rouge, qui estimaient que « Missak et Mélinée Manouchian, eux-mêmes ne l’auraient sans doute ni compris ni souhaité car isoler un seul nom, c’était rompre la fraternité de leur collectif militant. Distinguer une seule communauté, c’était blesser l’internationalisme qui les animait ».
La présidence de la République a fait savoir qu’une plaque honorera les 22 autres combattants du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, victimes du même procès et de la même exécution sommaire collective.
Je ne sais pas bien s’ils auraient été invité par Pascal Praud et sa fine équipe, ceux de l’Affiche rouge.
Notez qu’à l’époque ça n’existait pas, suis-je bête, ça s’appelait autrement.
Mais je peux me tromper, bien entendu, l’erreur étant tellement humaine.
Avec tous ces immigrés pratiquant, va savoir, des religions étranges, et leurs drôles de tête, leurs noms à coucher dehors.
La bien-pensance catho réac de l’époque les a pas trop soutenu, ceux de l’affiche rouge, juifs ou pas, et on ferait bien de s’en rappeler avant de se prosterner devant les représentants actuels de l’engeance comme sauveurs universels.
Même si l’on sait ce qu’on doit combattre, il faut faire attention à ceux avec qui on peut s’allier pour les combattre, ne pas trop se tromper.
Quelle honte de voir les fachos du PCF au premier rang .
On lira aussi de Stéphane Courtois dans Le Figaro du 21 février :« La mort de Missak Manouchian suscite l’admiration mais son héroïsation a été construite par le PCF ».
https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/stephane-courtois-la-mort-de-missak-manouchian-suscite-l-admiration-mais-son-heroisation-a-ete-construite-par-le-pcf-20240220
Se sont les juifs qui ont créé le communisme et aujourd’hui on leur crache dessus, et sur Israël,