Le régulateur des médias, l’Arcom, va devoir étendre son contrôle du pluralisme de l’information dans l’audiovisuel, au-delà du temps de parole des personnalités politiques. Invité du Grand Rendez-vous Europe 1/CNews/Les Échos ce dimanche, le philosophe Michel Onfray revient sur le sujet.
La liberté d’expression est-elle en danger ? Le Conseil d’État a demandé mardi à l’Arcom, le régulateur des médias, de renforcer son contrôle sur la chaîne d’information CNews, et au-delà le contrôle de toutes les télés et radios.
La plus haute juridiction administrative a « enjoint à l’Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». La décision fait suite à un recours de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui considère que CNews « est devenue un média d’opinion », ce que l’intéressée conteste. Une décision qui n’a pas étonné le philosophe Michel Onfray, invité du Grand Rendez-vous Europe 1/CNews/Les Échos ce dimanche.
« Sur le service public, on peut être interdit de parole »
« Sur le service public, on peut être interdit de parole et ce sont ces gens-là qui nous parlent de liberté d’expression. Quand je faisais mon cours sur Freud à l’Université populaire de Caen, des gens ont manifesté et ont fait une pétition à France Culture pour interdire la diffusion de mon cours au nom de la liberté d’expression. C’était formidable, très orwellien d’imaginer que, au nom de la liberté d’expression, on pouvait interdire l’exercice de la liberté d’expression », a-t-il commencé.
Dans un communiqué, l’Arcom a fait valoir qu' »avec cette interprétation renouvelée de la loi de 1986 (sur la liberté de communication, ndlr), le Conseil d’État renforce la capacité de contrôle par le régulateur ». Et ce, concernant l’ensemble des médias audiovisuels.
« Ça renvoie à la question des fiches au moment de l’affaire Dreyfus »
Dans le détail, la plus haute juridiction administrative a demandé que l’Arcom contrôle que « les chaînes assurent, dans le respect de leur liberté éditoriale, l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinions en tenant compte des interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». Une décision qui s’apparente, pour certains, à un fichage des journalistes et chroniqueurs. « J’ai entendu, sur votre chaîne, Philippe de Villiers qui a fait savoir que ça renvoyait à la question des fiches au moment de l’affaire Dreyfus. Il a raison mais je pèse mes mots. Ça renvoie aussi à une époque où il existait des triangles pour signifier qui étaient les gens, les triangles rouges pour les politiques, par exemple », a-t-il indiqué.
Concernant l’indépendance de l’information, celle-ci ne doit pas seulement s’apprécier « au regard d’extraits d’une émission spécifique mais aussi à l’échelle de l’ensemble des conditions de fonctionnement de la chaîne et des caractéristiques de sa programmation », a ajouté le Conseil d’État.
« En toute subjectivité devrait être le slogan de France Inter »
« Si leur théorie fonctionne pour CNews, j’aimerais que ça puisse fonctionner partout et à ce moment-là que l’on puisse faire ça sur toutes les chaînes, sur toutes les radios et qu’on puisse savoir qui travaille à France Culture, à France Inter… », a-t-il lancé avançant qu' »en toute subjectivité devrait être le slogan de France Inter [et/ou] de France Culture ».
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