Paris, mercredi 14 février 2024, 12h30’ Place Vendôme, devant le Ministère de la Justice : ce jour-ci, à cette heure-là, en cet emblématique lieu, le Président de la République Française, Emmanuel Macron, a annoncé, lors de l’hommage national à Robert Badinter, la prochaine et très attendue entrée, méritoire entre toutes, de celui-ci au Panthéon, ce mémoriel sanctuaire où est à jamais gravé dans la pierre de son fronton ces magnifiques paroles, emplies d’une éternelle gratitude : “Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante”.
AVEC SES IMMORTELS PAIRS : VICTOR HUGO ET JEAN JAURÈS
Car, oui, c’est bien aux côtés de ses pairs spirituels et modèles philosophiques, au premier rang desquels émergent Victor Hugo et Jean Jaurès en matière de justice comme d’humanité, de lutte pour les imprescriptibles droits de l’homme, que le père de l’abolition de la peine de mort en France – Robert Badinter, donc – aura le juste, plein et légitime droit de reposer, dans un avenir plus ou moins proche, pour l’éternité !
Certes, cet hommage d’Emmanuel Macron à Robert Badinter, l’une des grandes consciences morales de notre temps, fut particulièrement poignant, tissé d’une sobriété qui n’avait d’égale, dans son profond et sincère recueillement, que son intensité. Aussi, lorsque le Président de la République a donc fait comprendre, très subtilement mais très clairement, que l’ancien Garde des Sceaux de François Mitterrand entrerait effectivement un jour au Panthéon, là même où Hugo et Jaurès l’attendent précisément, n’ai-je pu m’empêcher, la gorge nouée, les yeux embués, le cœur battant mais l’âme réjouie, de me lever spontanément et d’applaudir, encore plus respectueusement, en silence.
LES MORTS NOUS PARLENT ; LES MORTS NOUS ÉCOUTENT : ROBERT BADINTER, AVOCAT DE LA JUSTICE UNIVERSELLE, A ÉTÉ ENTENDU !
Car, oui, très cher Robert Badinter, s’il est vrai, comme vous l’avez dit un jour lors de l’un de vos mémorables plaidoyers en faveur de l’abolition de la peine capitale, que “les morts nous parlent” et que “les morts nous écoutent”, alors l’on peut bien dire également que la retentissante clameur de votre infatigable combat pour la justice universelle a même été à ce point entendue, tant par la noblesse de sa pensée que par la vérité de son humanisme, qu’il vous fera donc bientôt entrer, vous aussi, et très probablement aux côtés de votre non moins admirable épouse, Elisabeth, dans cette éternité des grands hommes qu’est en effet le Panthéon.
Grâce, donc, vous soit rendue !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, auteur d’une quarantaine de livres, dont « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, étique » (Presses Universitaires de France), « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), « Traité de la mort sublime – L’art de mourir, de Socrate à David Bowie » (Éditions Alma/Nuvis/Le Condottiere) et directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » ainsi que « Repenser le rôle de l’intellectuel » (publiés tous deux aux Éditions de l’Aube, en collaboration, pour le premier, avec la Fondation Jean Jaurès). A paraître prochainement : « L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir. Contre les nouveaux obscurantismes » (Éditions du Cerf).
On peut parfaitement n’avoir aucune sympathie pour le RN sans pour autant être aveugle. L’extrême droite raciste antisémite et génocidaire est représentée par la FI, la NUPES et tous leurs alliés _ y compris Martine Aubry et de nombreux membres du PS.
Donc mettre sur le même plan le RN et les nazis de la FI n’est pas seulement imbécile : c’est une faute politique très grave.
@Joseph29 En effet. Je ne partage nullement les éloges dithyrambiques en cours. Aucune personne ayant fréquenté le clan Mitterrand-Bousquet ne mérite à mes yeux le moindre éloge _ peu importe son nom, sa religion, son origine ou ce que vous voulez.
Toute promiscuité avec un gouvernement de l’Europe “moderne” (à la sauce
Johannesburg et Téhéran) est même impardonnable à mes yeux.
Un pavé dans la mare: les pires assassins, ceux qui ont assassiné toute leur famille, des enfants, je parle des criminels français et qui sont ressortis libres de prison comme Patrick Henri, parce que la perpétuité n’existe pratiquement pas en France , je ne trouve pas que la France en soit grandie.
A mon humble avis, la peine de mort, ça se discute et on n’est pas forcément un méchant parce qu’on est pour. Il est des assassins qui ne connaissent ni pitié, ni regret, ni remords, qui sont réellement très dangereux dès qu’ils sont en liberté et il faut en protéger la société.
Par contre, je me suis dit : ça alors !!! quand RB a comparé les Juifs d’hier avec les Musulmans d’aujourd’hui, pour lui, parias de la même façon et pour les mêmes raisons sans doute ? Quid de la Shoah, quid du terrorisme islamiste, quid des agressions de Juifs et de Chrétiens, quid des horreurs et des menaces proférées entre autres par des rappeurs et pas que ? On n’a jamais vu cela chez les Juifs. Les Juifs ne menacent pas de mort les non-juifs, ils sont pacifiques, bien intégrés, et bénissent la France chaque semaine à la synagogue … Ce sont des bons citoyens français.
Manoukian au Panthéon est un non sens historique. Badinter c’est un non sens tout court. Qu’a-t-il fait pour cela? Fait voter l’abolition de la peine de mort? C’était le vœu de Mitterrand et lui, son ministre, n’a fait qu’appliquer le programme commun pour lequel les Français avaient voté. Badinter n’est pas le promoteur de la peine de mort. D’autres avant lui l’avait souhaité: François Guizot, Victor Hugo, Aristide Briand etc. Et Elisabeth, aux combats plus méritante, et nouveaux, que les siens, que va-t-elle devenir? Ce que l’on ne nous a pas dit, c’est qu’à sa mort, on mettra le couple au Panthéon. Je ne crois pas qu’Elisabeth aurait souhaité être séparée de son mari. Le Panthéon va devenir le Père Lachaise!
Les morts ne s’appartiennent plus tout à fait. Ils deviennent une fois morts l’objet de la préoccupation, jamais totalement désintéressée, de ceux qui leur survivent, de ceux qu’on appelle les descendants ou les neveux dans une langue plus classique. Parler comme vous le faites de « non sens historique » dans le cas de Manouchian supposerait qu’il existât un sens de l’histoire. L’âge aidant est venu sur ce point me détromper, avec toujours au fond de moi-même, une certaine amertume à devoir l’admettre et m’y résoudre. Car s’il y a quelque chose qui n’a pas de sens, c’est bien l’histoire. A tale told by an idiot… vous connaissez la suite.
Mais la question est-elle vraiment de savoir s’il était sensé que Manouchian entre au Panthéon, voire si Badinter méritait d’y rentrer ? Je ne discute pas ce point qui me paraît somme toute assez secondaire, dans des matières qui ne relèvent pas de la démonstration mais au mieux de l’interprétation. Il faut une lucidité que je n’ai pas pour trancher là-dessus avec l’assurance qui est la vôtre, sans doute avec celle que vous donne votre jeunesse. Laissez-moi vous dire cependant que vous vous trompez sur un point et que cette erreur se lit dans vos propos. Victor Hugo et quelques autres avant lui avaient certes souhaité l’abolition de la peine de mort. Mais reconnaissez vous-même que Robert Badinter l’a fait et qu’il y a un mérite particulier à avoir fait quelque chose plutôt que d’avoir voulu le faire. J’aurai toujours tendance à reconnaître une différence de nature et non de degré entre ce qui est et ce qui peut être.
Et ce ne fut pas une mince affaire de faire que cela soit, je vous assure. Il est trop facile de juger des choses quand elles sont arrivées, quand la cause est gagnée ou entendue, au point de croire que, parce que la cause a été gagnée, il fut simple d’y parvenir. Si la peine de mort paraît à ce point une peine indéfendable, c’est grâce précisément à l’action indéfectible de personnes comme Badinter, ne sous-estimez point la chose. Il faut bien de la force et une fidélité peu communes pour y parvenir, quand tout le monde montre de la fermeté d’âme pour charger d’avis et trahir ses idéaux. Il y avait chez cet homme à la fois une vision prophétique mêlée à des vertus de vieux romain. Des qualités qui a l’époque n’étaient pas si communes, pour ne rien dire de maintenant. Et que cela aille de soi aujourd’hui, à ce qu’il semble, n’allait pas de soi, il y a quarante ans, quand il aura fallu déployer tant d’efforts pour qu’il en soit ainsi. Référez-vous aux témoignages de ceux qui ont participé à ce combat. Je ne sais pas si cela mérite d’entrer au Panthéon, mais cela mérite au moins la reconnaissance et de la reconnaissance. Au commencement, il y a sans doute un but, mais il n’y a pas encore de chemin, seulement beaucoup d’hésitations pour y parvenir, sans avoir même la certitude de le pouvoir. Quant à Élisabeth Badinter, sa femme, comment pouvez-vous croire sérieusement qu’elle n’ait pas donné son accord pour la panthéonisation de son mari, laquelle n’a pas dû lui être extorquée, croyez-moi.
Sur le Panthéon, pour conclure, je trouve plutôt touchant qu’il existe un monument dans Paris, à l’allure un peu boursoufflée, monument de la reconnaissance qui faisait la risée des Surréalistes, où il est dit que la patrie se montre reconnaissante envers ses « grands hommes ». J’aime le caractère désormais intempestif de tous ces vieux mots : patrie, reconnaissance, grands hommes, à une époque où l’on ne voit le passé que comme un poids plutôt qu’un héritage, où les hommes ne sont grands, selon elle, que sur des malentendus ou des manœuvres, où l’admiration est tenue pour un manque de vigilance et la reconnaissance, pour une atteinte portée à l’amour-propre. C’est sans doute le caractère un peu désuet de ce lieu, et du projet qu’il abrite, qui m’émeut. Mais si le Panthéon est le temple de tous les dieux, le problème est moins posé à mes yeux par les dieux qui l’occupent légitimement ou non, cela se discute, que par l’existence de fidèles capables encore de les honorer. Et là je crains bien qu’il y ait peu d’orants dans l’avenir enclins à prier de tels dieux, et qu’il faille s’écrier une fois de plus : le grand Pan est mort ! C’est le destin des temples d’être vides, moins parce qu’ils le sont vraiment – bien qu’ils le soient quand même, n’est-ce pas ? –, que parce qu’il n’y a plus grand monde pour les visiter, trop indifférents devant ce qui jadis s’y laissait encore adorer avec ferveur.
Ce qui est un contre-sens politique et historique, c’est l’hommage rendu à des résistants par les collabos au pouvoir. L’islamisme est une idéologie nazie, et l’attitude de l’Etat français relève du collaborationnisme le plus pur. Le macronisme en entier est un non sens historique.