Francis Moritz. UNRWA: « Quelle opération vérité pour les palestiniens »? Nouvelle menace pour Israël

Les projecteurs de l’actualité sont braqués sur l’UNRWA et sa collusion avec l’organisation terroriste HAMAS. Cette complicité notoire ne faisait pas la Une des médias jusqu’au 7 octobre. Il a fallu mettre en évidence qu’au-delà même de la collusion et de l’infiltration des organisations terroristes de diverses obédiences, l’UNRWA a fermé les yeux sur la participation de certains de ses employés d’être membre de l’une ou l’autre des organisations exerçant leur joug sur Gaza.

Ce qui est en cours

Parallèlement. On a peu fait de publicité sur les travaux en cours depuis 2020 pour officialiser et légaliser le statut de RÉFUGIÉ pour les premiers concernés (1948)  mais aussi pour leur descendance et même plus encore. Alors qu’on sait que certains qui n’ont jamais été refugiés ou dont aucun des membres ne l’a été, revendiquent ce titre pour bénéficier des aides fournies par le financement international. Oui, l’Office de secours de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) veut rendre publics plusieurs millions de documents sur les déplacés de 1948 et leurs descendants.  Selon ses auteurs, le projet est destiné à contribuer au « traitement des traumatismes ». En réalité, Il semble que ce projet recouvre un tout autre objectif. Il est éminemment politique et menaçant pour Israël.  Les Accords d’Abraham ont rebattu les cartes au Moyen Orient et la question des réfugiés n’est pas prioritaire. 

A l’heure où le conflit fait rage et où les attentats se sont multipliés en Israël, cette question arrive soudainement sur le devant de la scène. Or l’organisation est débordée par sa taille et son budget insuffisant. En 1948, l’organisation avait pour mission de prendre en charge les quelques 750.000 réfugiés inscrits sur ses listes. En 2021 ils sont devenus près de 6 millions.

L’objectif

Sa directrice des affaires sociales et du bien-être, Dorothee Klaus, indiquait « qu’il s’agit de permettre à tous les réfugiés de prendre connaissance de leur parcours par la mise en ligne de toutes ces archives ». IIs devraient pouvoir consulter l’historique de leur dossier familial. Ces documents sont notamment issus d’un recensement réalisé entre 1950 et 1951 qui visait à vérifier qui était vraiment « une personne déplacée ». Ces dossiers familiaux comportent des évaluations manuscrites des situations respectives, des informations sur la composition de la famille et le statut social et économique avant 1948. L’UNRWA a hérité des listes d’organisations humanitaires telles que la Croix-Rouge et les Quakers (AFSC) avec toutes les imprécisions et erreurs qu’on imagine. 

Cette question est devenue d’une actualité brulante quand on a constaté l’inflation du nombre d’ayants droit, de personnels embauchés. L’organisation est devenue une machine à embaucher, pour ne pas dire une « pompe à fric » pour les organisations terroristes.  Nombre de membres d’organisations qui n’ont plus rien à voir avec l’aide aux « réfugiés historiques » l’ont infiltrée en raison de sa porosité. En conséquence, cette dernière a de fait  des liens directs ou indirects avec des organisations militantes, d’aucuns disent terroristes.

Ce qu’on sait : 

30 millions de documents ont déjà été numérisés, mais environ 10 millions restent à numériser. L’indexation et le classement des dossiers historiques n’ont jamais eu lieu. Mme KLAUS estime qu’il existe actuellement un climat politique dans lequel la question des réfugiés est mise de côté. Il est d’autant plus important pour l’UNRWA de sécuriser les documents de manière appropriée ; car selon elle, des efforts sont également en cours pour dissoudre l’UNRWA, en supposant que cela résoudrait le problème des réfugiés. Elle espère que ces archives contribueront à « faire prendre conscience de la situation des descendants des déplacés de 1948 ». 

L’UNRWA est accusé d’entretenir le conflit en attribuant au plus grand nombre le statut de réfugié. On peut donc imaginer que la mise en ligne de ce projet qui ne veut pas dire son vrai nom sera plus considérée comme un outil juridique et politique. Le but sera de créer pour tous les inscrits un statut avec des droits, quand bien même on en est aujourd’hui à la troisième, voire la quatrième génération.  Ce projet contribuera sans aucun doute à jeter de l’huile sur le feu en provoquant nombre de contestations au sein de la population des camps.

L’UNRWA qui est en permanence accusé de gonfler le nombre de réfugiés affirme que les chiffres seront basés sur des documents historiques qui peuvent être vérifiés. On se demande aussi pourquoi l’UNWRA a attendu jusqu’à maintenant pour faire connaître son projet. Comme l’UNRWA n’a pas pris la peine d’ouvrir ses archives historiques depuis des décennies, cette annonce provoque une levée de boucliers parmi les « réfugiés » dont certains se sont auto-instaurés « personnes déplacées ». Elle soulèvera des problèmes réels parmi les diverses organisations militaro-politiques sous couvert d’associations de bienfaisance ou religieuses, qui ont réussi au fil des années à infiltrer l’organisation et à en tirer des avantages substantiels, lesquels pourraient brutalement être remis en cause. 

« Tous les chiffres seront basés sur des documents historiques » dit-on.

Si on lit entre les lignes, on comprend que toutes les données seront basées sur des documents de l’UNWRA. Alors qu’attend-on réellement de ce droit à l’information des réfugiés et de leurs descendants ? 

Pour l’organisation, il est prévu que toute discussion au niveau politique sur « une solution juste et durable » pour les réfugiés s’appuiera inévitablement sur ces données. Cette précision confirme clairement que le but recherché est d’imposer l’UNRWA comme interlocuteur politique légitimé par ses propres archives. Ce qui pose problème, car le simple fait de faire cette déclaration prête à contestation. Israël pourrait tout aussi bien produire ses propres archives. On entrerait alors dans un débat pseudo historique, archives contre archives, Le débat pourrait durer quelques décennies de plus.

Le droit au retour en question 

Ce projet actualise sous une forme différente la question déjà mille fois posée du « Droit au retour ». On connaît la position d’Israël. Le pays ne peut en aucun cas accepter de se voir imposer cette solution que l’on sait par avance totalement irréaliste, Cette situation perdure depuis des décennies. Elle pourrait être résolue par un plan d’ensemble avec tous les pays de la région comme parties prenantes. Les Accords d’Abraham pourraient être l’outil qui permettrait à terme de trouver une solution.

Il n’en reste pas moins qu’il est vain et contre-productif de continuer à bétonner le « statut de réfugié », à enseigner dans les écoles que l’ennemi c’est Israël, que les Juifs seraient la cause de leur malheur.

Contrairement à cette thèse, Israël n’est pas à l’origine de leur traumatisme et de leur souffrance transmise aux générations actuelles. On veut changer le narratif de l’histoire, là est le danger. Cette démarche relève du négationnisme. Ce sont les dirigeants arables de l’époque qui sont à l‘origine de cet exode de 750.000 personnes alors que l’ONU avait proposé un partage, refusé par les arabes. On veut gommer la cause de l’exode pour ne retenir que la situation ainsi créée.

Pour Mme KLAUS, l’accès aux archives leur permettra de mieux faire face « au traumatisme » en question, transmis depuis l’exode de 1948. 

Comme pour le massacre du 7 octobre, on a totalement oublié les 800.000 Juifs expulsés-réfugiés des pays arabes. On apprend également qu’une petite équipe de 15 personnes à Beyrouth s’applique à compléter les arbres généalogiques et à fusionner les documents des personnes déplacées et de leurs descendants pour un village à la fois. Le projet est en marche.

Israël doit être très attentif à cette initiative qui pourrait assez facilement déboucher sur un large embrasement des camps, alors que des feux se sont déjà allumés ici et là, qui viendront inévitablement  ajouter des tensions au conflit en cours.

© Francis Moritz


Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion.  Ancien  cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine.

       Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps


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