L’Islam et le christianisme ont eu besoin de soumettre la religion juive qu’ils voulaient remplacer. Mais face à la résistance opiniâtre des juifs qui ne voulurent pas se convertir, ils en ont fait un satan inhumain, cupide, dominateur, rival de Dieu, tueur de prophètes.
Par la suite, la nouvelle puissance des juifs libérés du ghetto et de la ségrégation par la révolution française et Napoléon suscita des peurs et des jalousies et renouvela en quelque sort l’image satanique du juif dont la réussite ne pouvait s’expliquer que par la perfidie et la ruse.
Cette fantasmagorie déjà présente dans le christianisme et l’Islam des origines restait présente en effet dans l’histoire de l’Europe, depuis le Moyen-âge où les juifs furent accusés de mille diableries , dont le crime rituel, l’empoisonnement des puits et la propagation volontaire de la peste.
On retrouve cette vision paranoïaque des juifs dans maints écrits, dont le fameux « Protocole des sages de Sion ».
L’extermination des juifs par les nazis fut justifiée par une sorte de légitime défense face au bolchevisme supposé dirigé en sous-main par les juifs et face au capitalisme apatride des banques juives.
Mais depuis la Shoah, les juifs ont appris à se défendre en ayant à la fois un état et une armée, ce que souhaitaient depuis l’affaire Dreyfus et les pogromes antisémites de Russie les premiers sionistes. La diabolisation persistante des juifs dans l’inconscient collectif chrétien et musulman prit alors pour objet l’état des juifs et ainsi l’antisémitisme put se réhabiliter par la grâce de l’antisionisme, les juifs restant ainsi toujours identiques à eux-mêmes: cruels et dominateurs, tueurs d’enfants et d’innocents et avides de conquête universelle.
Depuis 1967, il est devenu très difficile pour les personnes appartenant aux milieux éduqués dans l’esprit « du plus jamais ça » du nouveau pacifisme européen qui abhorre les nationalismes étriqués et guerriers et voient dans l’Europe et la mondialisation la chance d’un monde ouvert et libéral de garder une vision objective sur le conflit israélo-arabe. Israël , pour eux est un état répulsif sur le mode des états-nations du passé.
A cette première tare s’ajoute pour ces personnes de culture chrétienne devenues plus ou moins agnostiques la deuxième tare d’un état fondé sur une religion. En tout cas, c’est ainsi qu’ils voient Israël, en méconnaissant totalement les aspirations nationales du peuple juif qui ne sont pas nécessairement liées à la religion.
Ils adoptent sans discussion le narratif palestinien de la même façon qu’ils nient la gravité des problèmes d’islamisation dans de nombreux quartiers de France. Ils ont gardé du christianisme, réduit à des « vertus devenues folles », à la fois un certain masochisme qui les conduit au suicide civilisationnel, une tolérance apitoyée et aveugle pour leurs pauvres et un antisémitisme soigneusement refoulé.
Ils sont ce que j’appelle des « demi-sachants » qui ne connaissent le conflit que par des lectures biaisées et partiales, en conformité avec leurs propres préjugés…
Plus gravement encore, les bien pensants juifs et non juifs ont gardé un esprit occidental qui ne comprend pas l’Orient arabe. Ils croient que les Palestiniens veulent seulement un état à eux, cet état qu’ils ont depuis 1947 toujours refusé d’établir à côté d’Israël. Ils ne comprennent pas que l’objectif des Palestiniens, poursuivi obstinément, c’est justement de ne pas voir exister un état juif souverain sur ces terres qui, selon eux, appartiennent de plein droit à l’islam, un état de « colonialistes », d’ « étrangers » illégitimes.
Les dirigeants palestiniens ne sont pas stupides. Ils savent ce qu’ils veulent et feront tout pour atteindre leur objectif. Pour eux, c’est cela qu’ils appellent « la justice pour la Palestine » et pour cette justice, ils sont prêts à tout sacrifier.
La gauche israélienne, désormais en perdition, et les européens, ne comprennent pas les enjeux de ce conflit centenaire.
© Charles Rojzman
Voilà une analyse pertinente et juste
Les choses simples s expliquent simplement avec des mots simples, et ce sont souvent des gens simples qui comprennent les premiers.
Le paradoxe, c’est que depuis 2022 ce « nouveau pacifisme européen » s’est avéré le pire des bellicismes. En réalité, les seuls va-t-en guerre dans l’UE sont les européistes ! Et qu’est-ce que l’UE si ce n’est un hyper État devenu totalitaire ? En un sens, les seuls vrais nationalistes sont les européistes.
L’Europeiste lambda (tous ceux que je connais, en tout cas,’et je les ai exclus de mon existence) lit Le Monde et écoute France Inter : il voit pareillement dans la Russie et Israël des monstres à combattre, voire à abattre. Mais c’est
De fait c’est le monde « progressiste » qui est totalitaire : un mélange de 1984, Orange Mécanique, Le Meilleur des Mondes et Le Grand Silence. Il est en train de s’écrouler sous nos yeux, mais contrairement à Charles Rojzman j’attribue moins cela à un reste d’influence chrétienne (d’autant que de nombreux Chrétiens pratiquants soutiennent Israël et les
Juifs) qu’au nihilisme destructeur et auto destructeur régnant sur le monde occidental. Il faut relire certaines pages de Nietzsche pour se rendre compte que c’est le vide spirituel de l’occident qui a conduit au culte du Rien,’et ce culte du Rien aboutit au désir de tout détruire _ les autres et soi-même.
Mr Rojzman aborde un theme central , rarement noté dans le monde juif , en particulier dans les diasporas vivant en pays chretien :
Nous faisons face a deux cultures de substitution , chretiens comme musulmans n acceptent pas le retour du peuple juif sur sa terre et en particulier sur sa capitale Jerusalem , meme si les eglises sont vides , l europe a ete batie sur des siecles de culture chretienne qui exclue categoriquement la survie d un peuple juif .