Depuis Israël, Michel Jefroykin lit la Presse pour nous: Peut-on suspendre les élèves américains qui scandent « Du fleuve à la mer » ?

Des manifestants lors d’un rassemblement pro-palestinien et anti-Israël à St. Paul (Minnesota), le 19 novembre 2023.
Michael Siluk/UCG/Universal Images Group via Getty Images/ via JTA
Des manifestants anti-Israël défilent à Georgetown, à Washington, le 24 novembre 2023
AP Photo/Susan Walsh

La dernière enquête sur la guerre Israël-Hamas cherche à déterminer s’il est islamophobe de punir des élèves qui ont scandé « Du fleuve à la mer », ou anti-Israël de ne pas le faire.

Un district scolaire de la banlieue de Minneapolis fait l’objet d’une enquête fédérale pour discrimination islamophobe après avoir suspendu deux élèves musulmans qui ont scandé « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre ».

L’affaire des écoles publiques d’Edina divise les Juifs et les musulmans locaux. C’est la dernière d’une liste d’enquêtes de plus en plus longue au Titre VI relatives à la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, menées par le ministère américain de l’Éducation. Des enquêtes sur deux autres établissements d’enseignement ont également été annoncées mercredi.

« Du fleuve à la mer » est un slogan très fréquent dans les rassemblements pro-palestiniens et a suscité le débat. Selon de nombreux dirigeants et groupes juifs et non-juifs, cette expression serait antisémite car elle cautionne l’élimination de l’État d’Israël. Mais, plusieurs groupes palestiniens ont affirmé qu’elle soutenait au contraire l’idée de coexistence, ou tout au moins qu’elle ne l’excluait pas. Le fleuve en question est le Jourdain et la mer est la Méditerranée. Le territoire entre les deux est composé de la Cisjordanie, de l’ensemble de l’État d’Israël et de la bande de Gaza.

Suella Braverman, qui était alors ministre britannique de l’Intérieur, avait indiqué en octobre : « J’encourage la police à se poser la question suivante : doit-on comprendre des slogans du type ‘du fleuve à la mer, la Palestine sera libre’ comme l’expression d’une volonté farouche de voir Israël rayé de la carte du monde ? » Le même mois, à Berlin, des procureurs allemands ont indiqué que ces cris étaient un appel à l’élimination d’Israël.

Une membre du Congrès, la Démocrate Rashida Tlaib, a été critiquée pour l’avoir exprimée. Elise Stefanik, Républicaine a, elle, affirmé qu’il s’agissait d’un appel au génocide lors d’une audience du Congrès qui a conduit à la démission de deux présidentes d’universités d’élite.

L’enquête sur Edina opposera ces deux visions contradictoires. D’autres plaintes au titre VI, déposées au nom d’étudiants juifs, ont fait valoir que les écoles et les universités devaient prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des étudiants qui utilisent des expressions de ce type.

Prises ensemble, ces affaires pourraient contraindre le gouvernement fédéral à déterminer si ces expressions créent un environnement hostile pour les étudiants juifs ou si le fait de sanctionner les étudiants qui les utilisent constitue une discrimination anti-musulmane.

La section du Minnesota du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR-MN), une association musulmane de défense des droits civiques, a déposé plainte en novembre suite à la suspension de deux lycéens qui avaient scandé cette phrase lors d’un rassemblement pro-palestinien le 25 octobre dernier. Le directeur de CAIR-MN, Jaylani Hussein, a confirmé à la JTA que l’enquête faisait suite à la plainte de l’organisation.

Le CAIR-MN a expliqué avoir saisi la justice parce que les étudiants avaient été sanctionnés « pour avoir participé à des manifestations et s’être exprimés en faveur de la Palestine ». L’organisation affirme que d’autres étudiants ayant « exprimé des sentiments similaires » n’ont pas été suspendus.

« Pour ceux d’entre nous qui utilisent cette phrase, elle est contextualisée dans notre vision des choses : 75 ans d’occupation », a indiqué Hussein à TC Jewfolk, une publication juive locale. Hussein a également organisé une manifestation lors d’une réunion du conseil scolaire d’Edina en décembre pour s’opposer aux suspensions ; les manifestants ont scandé la phrase lors de la réunion.

« Quiconque pense qu’il s’agit d’une approche violente en matière de respect de la liberté des Palestiniens, [doit comprendre que] ce n’est pas ce que nous revendiquons, ce n’est pas ce que nous scandons », a affirmé Hussein. « Mais chacun a le droit à son interprétation. »

Dans un communiqué adressé à la JTA, le district scolaire d’Edina a déclaré qu’il soutenait sans réserve les droits des étudiants à la liberté d’expression et de réunion. Le district a ajouté qu’il appliquait également « des politiques strictes interdisant tout type de discrimination » pour les catégories de personnes protégées par la loi de l’État.

« Nos convictions fondamentales dans les écoles publiques d’Edina sont fondées sur la dignité inhérente de tous », indique le communiqué. « Nous valorisons et apprécions la diversité de tous nos élèves. Les écoles publiques d’Edina condamnent vigoureusement l’islamophobie et l’antisémitisme. Nous ne tolérerons pas les propos ou comportements haineux ou inappropriés et nous travaillerons avec diligence pour offrir un environnement sûr et inclusif à nos élèves et à notre personnel. »

Le district a déclaré qu’il considérait la phrase « Du fleuve à la mer » comme antisémite et qu’il avait sanctionné les élèves pour ce motif après les avoir avertis à plusieurs reprises de ne pas utiliser cette phrase. Le débrayage aurait été précédé d’une publication Instagram affirmant que la guerre d’Israël à Gaza constituait un nettoyage ethnique et un génocide. La publication aurait dit : « Ne pas s’exprimer, c’est donner le feu vert aux sionistes. »

Le Conseil des relations de la communauté juive du Minnesota et du Dakota affirme qu’il n’a pas fait pression pour que le district suspende les élèves. Mais son directeur, Steve Hunegs, a confié à la JTA dans un communiqué : « Nous apprécions que le district scolaire ait respecté son code de conduite et protégé ses élèves juifs de l’antisémitisme. »

Un autre membre du personnel du JCRC a déclaré à TC Jewfolk qu’il considérait également la phrase comme antisémite et comme « un appel du Hamas aux conséquences génocidaires ».

Le ministère de l’Éducation ne commente pas les enquêtes en cours, mais il a fait savoir qu’il ouvrait des enquêtes pour chaque plainte admissible qu’il recevait et que l’ouverture d’une enquête ne signifiait pas que la plainte était fondée.

Les autres enquêtes au titre VI annoncées cette semaine concernent toutes deux des allégations de discours antisémites lors de rassemblements pro-palestiniens et dans des communiqués. Les deux plaintes – visant l’université du Wisconsin-Madison et l’université de Binghamton à New York – ont été déposées par la même personne : Zachary Marschall, militant conservateur juif, rédacteur en chef du site de surveillance Campus Reform. Il n’a aucun lien personnel avec ces deux établissements.

Ces enquêtes sont les cinquième et sixième menées par Marschall, qui a déjà déposé 21 plaintes contre des universités pour discrimination antisémite depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes du Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël, où ils ont brutalement assassiné 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé 253 autres qu’ils ont emmenées dans la bande de Gaza. Les extraits des plaintes du Wisconsin et de Binghamton publiés sur son site web indiquent qu’elles sont toutes deux liées à l’activisme des sections universitaires de Students for Justice in Palestine (SJP).

La plainte du Wisconsin a été déposée contre des étudiants activistes qui ont scandé « Gloire aux martyrs » et « Libérez la Terre par tous les moyens nécessaires » dans les jours qui ont suivi les attaques. Elle fait également référence à un communiqué de la section SJP de l’école dans lequel les informations indiquant que des terroristes du Hamas avaient violé des Israéliennes étaient mises en doute. Le communiqué précisait : « C’est le droit de tous les peuples colonisés et opprimés de chercher à se libérer de leurs oppresseurs, y compris par la résistance armée. »

Dans sa plainte, Marschall a écrit que l’université n’avait pas protégé ses étudiants juifs parce qu’elle n’avait pas pris de mesures plus décisives à l’encontre des étudiants qui avaient utilisé ce type de langage.

Dans ce contexte, les « martyrs » sont des terroristes qui ont été tués en tentant d’assassiner des Juifs et il est évident que « par tous les moyens nécessaires » inclut des actes de brutalité tels que le meurtre, la torture et le viol qui ont eu lieu le 7 octobre », écrit-il dans la plainte, comme le rapporte Campus Reform. (Marschall a refusé de mettre le texte intégral de ses plaintes à la disposition de la JTA.)

En réponse, un porte-parole de l’UW-Madison a déclaré à la JTA que l’université « condamne l’antisémitisme sous toutes ses formes ».

Le porte-parole a ajouté : « La plainte contre l’université UW-Madison n’a pas été déposée par un membre de notre communauté, mais par une organisation extérieure qui a déposé des plaintes contre plusieurs autres établissements d’enseignement supérieur. »

De même, la plainte de Marschall contre Binghamton cite ce qu’il appelle « des menaces très claires contre les étudiants juifs » et prend en exemple une manifestation « Walk out for Palestine » du 25 octobre 2023, dirigée par le SJP, au cours de laquelle un étudiant a été enregistré en train de dire « Israël est pire que l’Allemagne nazie ».

Un porte-parole de Binghamton a fait savoir à la JTA que l’école coopérait à l’enquête et qu’elle « ne tolérait aucunement l’antisémitisme ou tout autre acte discriminatoire à l’encontre d’un individu en raison de sa race, de sa religion, de son origine nationale ou d’autres catégories protégées ».

Par Jewish Telegrafic Agency et TIMES OF ISRAEL STAFF

https://fr.timesofisrael.com/usa-peut-on-suspendre-les-eleves-americains-qui-chantent-du-fleuve-a-la-mer/

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