Liliane Messika. « Il y a les frères Dalton et il y a les frères Houthis, aussi nuls et malfaisants » 

Manifestation à Sanaa, au Yémen, contre les frappes aériennes menées par les États-Unis, le vendredi 12 janvier 2024. Au centre, en blanc : Mohammed Ali al-Houthi, membre du Conseil politique suprême des houthis. © /AP/SIPA / SIPA / /AP/SIPA

Les « 3H » (Hamas, Hezbollah et Houthis) sont les mouvements terroristes armés par l’Iran pour répandre le chiisme sur la planète. Pourtant, leurs relations ne sont pas aussi fraternelles qu’on pourrait le penser. « On ne présente plus le Hamas et le Hezbollah, mais Averell Houthi et ses pieds nickelés sont moins célèbres ».

« Houthi », un nom familier à l’oreille, mais un groupe peu connu en France

Les Houthis, alias Ansar Allah (partisans d’Allah), doivent leur récente notoriété à leur casier judiciaire tout neuf. Pour l’obtenir, ils ont attaqué récemment plusieurs navires en Mer Rouge et en Mer d’Oman. Si le bilan piraté est intéressant, leur objectif ultime n’est pas atteint : il s’agissait d’obtenir que le monde s’agite encore plus en faveur du Hamas, dont le bilan n’est apparemment pas jugé suffisant en nombre de civils juifs tués, démembrés, violés, mutilés et/ou retenus en otages.[1] Et incidemment, ils voulaient que les États-Unis et le Royaume-Uni cessent de prendre leur petite piraterie artisanale comme prétexte pour les bombarder.

La pipolisation est récente, mais les Houthis sont défavorablement connus de Lucky Luke et des services de Renseignements depuis 2014, date à laquelle le groupe (ainsi appelé en Occident du nom de ses chefs, les frères Dalt…. Euh, Houthi) a renversé le gouvernement central yéménite. S’ils visent l’installation d’un califat mondial, ils sont encore plus impatients de détruire l’État d’Israël, seul obstacle à la paix dans le monde. Mais comme ils visent mal, c’est une guerre civile qu’ils ont provoquée au Yémen, avec le soutien, depuis 2009, des ayatollahs voisins[2]. Il faut savoir que dans tout le Far Weast, deux gangs se partagent les faveurs du shérif Allah hou Akhbar : les O’Hara sunnites et les O’Timmins chiites.

Les Houthis ont aussi bloqué les ports du pays, par où transitaient, notamment, les denrées alimentaires, car le pays est désertique et la guerre civile a détruit le peu qui poussait. 

En 2020, el Jefe Antonio Gutteres de la Hacienda ONU avait averti que la « pire famine que le monde ait connue depuis des décennies » était imminente et que des « millions de vies » étaient en jeu[3].

La théorie de la relativité

Si la mort de 25 000 Palestiniens (revendiquée par le Hamas qui multiplie habituellement les chiffres par 100) provoque, contre l’État d’Israël une accusation de génocide devant Cour de Justice Internationale, on se demande quel traitement attend les Houthis. 

Ils avaient déjà à leur actif, fin 2021, 377 000 morts[4], dont 11 000 enfants[5], comptabilisés par des observateurs plus fiables que le Hamas. En ONU dans le texte : « Un nombre alarmant de 22,2 millions de personnes au Yémen a besoin d’aide humanitaire ou de protection, 17,8 millions sont en insécurité alimentaire, 8,4 millions souffrent d’insécurité alimentaire sévère et risquent de mourir de faim, 16 millions n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement et 16,4 millions manquent d’accès à des soins de santé adéquats. Les besoins dans le pays ont régulièrement augmenté, avec 11,3 millions de personnes dans le besoin, une augmentation de plus d’un million de personnes ayant un besoin urgent d’aide humanitaire pour survivre.[6]« 

C’est Rantanplan, qui a posé la question-piège permettant de voir le deux-poids deux-mesures entre Israël et le reste du monde ? Il n’y a que lui pour ne pas se rendre compte  qu’il fait ainsi le jeu de l’entité sioniste ! 

Il en sera pour ses frais, car malgré le peu d’intérêt que suscite la mort de civils impossible d’attribuer à Israël, l’ONU a quand même longuement étudié la question : « Une résolution, adoptée le 10 janvier 2024 par le Conseil de sécurité des Nations unies, « condamne dans les termes les plus forts les attaques (des Houthis) contre les navires marchands et commerciaux depuis le 19 novembre 2023 » en mer Rouge et « la fourniture d’armes » aux rebelles yéménites.[7]« 

Moins de deux mois après les faits ! Rantanplan l’a dans l’os ! Il a fallu à la mère ONU un mois de moins qu’à sa filiale ONU-Femmes pour regretter « profondément que les opérations militaires aient repris à Gaza, et nous réaffirmons que toutes les femmes, israéliennes, palestiniennes, comme toutes les autres, ont le droit de vivre en sécurité et à l’abri de la violence.[8]« 

Oui, Rantanplan, tu as raison, c’est un regret, pas une condamnation. Tu veux pas aller voir les Daltons ? Il paraît qu’ils sont encore en train de creuser un tunnel sous la sierra.

L’Autorité palestinienne soutient-elle les Houthis ?

Le monde non-aligné est, par principe, favorable aux attaques des Houthis et par goût à leur opposition à Israël et aux États-Unis. Ceux qui connaissent le nom des frères Houthis ont souvent l’impression qu’ils dirigent le Yémen, alors que les territoires qu’ils ont colonisés n’en représentent qu’une partie, dont de vastes étendues sont sous la coupe d’autres factions, qui leur sont opposés (quand elles ne sont pas, aussi en conflit les unes avec les autres).

Le monde arabo-musulman considère, avec des sourcils variablement haussés, le soutien de l’Iran aux Frères chiites. Daech et certains salafistes veulent les descendre pour apostasie.

En revanche, à Ramallah, où Mahmoud Abbas entame sa dix-neuvième année d’un mandat de 4 ans commencé en janvier 2005, « la sympathie croissante pour les Houthis s’est manifestée le plus clairement lors des prières à la mosquée Gamal Abdel Nasser, qui ont été suivies d’un sermon dans lequel le prédicateur a salué le « peuple du Yémen » comme un peuple béni … Le prédicateur a félicité les Houthis (sans les nommer) d’avoir empêché les navires d’atteindre l »entité sioniste’ et d’avoir affronté deux des États les plus puissants du monde (l’Amérique et la Grande-Bretagne)[9]« , raconte Aymenn Jawad al-Tamimi, un observateur, qui écrit pour le Middle-East Forum.

Al-Tamimi a aussi constaté que le ‘boycott de l’ennemi’ au nom de la fraternité avec Gaza, dont on trouve les affiches dans les rues de Ramallah, capitale de la Palestine-Cisjordanienne, n’est pas observé avec beaucoup de sévérité, 

Il a pu trouver les produits alimentaires israéliens dans de nombreux supermarchés :

S’ils veulent vraiment soutenir les Houthis, les Palestiniens pourraient peut-être leur envoyer ces produits frais dont leurs compatriotes colonisés manquent si cruellement… 

Mais peut-être ont-ils peur que les chefs s’inspirent du Hamas et accaparent toute l’aide humanitaire qui parvient sur le territoire ? 

Même dans le désert, chat échaudé craint l’eau froide !

– Un chat ? Un chat ? Où ça ? Ouaf ouaf !

– Rantanplan, à la niche !

© Liliane Messika


Notes

[1] www.nbcnews.com/news/world/yemen-houthi-rebels-red-sea-israel-hamas-war-trade-billions-dollars-rcna132811

[2] www.lesoir.be/art/866504/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2015-04-30/yemen-l-iran-arme-houthis-au-moins-depuis-2009

[3] https://news.un.org/fr/story/2020/11/1082822

[4] www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/yemen/yemen-le-conflit-a-fait-377-000morts_4859887.html

[5] www.unicef.fr/article/comprendre-la-guerre-au-yemen/

[6] https://news.un.org/fr/focus/yemen

[7] www.france24.com/fr/moyen-orient/20240110-le-conseil-de-s%C3%A9curit%C3%A9-de-l-onu-r%C3%A9clame-l-arr%C3%AAt-imm%C3%A9diat-des-attaques-des-houthis-en-mer-rouge

[8] www.unwomen.org/en/news-stories/statement/2023/12/un-women-statement-on-the-situation-in-israel-and-gaza

[9] www.meforum.org/65454/support-for-the-houthis-in-ramallah


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