Elie Sasson. Ni pardon ni oubli pour les crimes des nazis, idem pour ceux des Palestiniens

Joann Sfar

Puisque je suis en congé, j’en ai profité pour visionner deux excellents films. « Oppenheimer » en VOD et « Le garçon au pyjama rayé » sur Netflix. 

Le premier parce qu’il illustre avec justesse et sans pathos les problèmes de conscience des physiciens à l’origine de la bombe atomique, partagés entre l’excitation de la découverte, principal moteur du progrès scientifique, et la crainte de ses conséquences sur le futur de l’humanité.

Plus marquant encore, davantage parce que cela fait écho à l’actualité en Israël qu’en raison de son poids scénaristique finalement très réduit, l’argumentaire pragmatique des décisionnaires qui avaient compris que montrer une force redoutable était le seul moyen d’obtenir la reddition du Japon. Quant aux millions de morts civils attendus chez l’ennemi, ils étaient une nécessité à la paix, et surtout, ils permettaient d’épargner la vie de milliers de soldats américains.

Un raisonnement que toutes les nations se sont appliquées à elles-mêmes, y compris dans l’histoire très récente, mais refusent d’appliquer à Israël. 

Le second film, d’abord et avant tout en raison de l’exceptionnel jeu d’acteur d’Asa Butterfield, alors âgé de dix ans, qui parvient malgré sa jeunesse à nous faire complètement oublier qu’il s’agit d’une fiction. Enfin parce que le film laisse un goût amer au spectateur qui se surprend à vibrer pour cet enfant de nazi bien davantage que pour les personnages juifs du film. C’est tout l’art du réalisateur et de l’auteur de manipuler notre empathie à leur guise. Ça en dit long sur les conséquences des biais idéologiques ou affectifs choisi par les journalistes  dans tous conflits. Selon que l’on mette l’accent sur les souffrances des victimes ou sur les motivations et les états d’âmes des bourreaux, notre empathie se portera sur un camps plutôt que sur l’autre. 

Reste que de ces deux films je retiens une chose : ni pardon ni oubli pour les crimes des nazis, idem pour ceux des Palestiniens. Les premiers ont été écrasés. Les seconds le seront bientôt, au point, je l’espère, qu’ils comprendront enfin, après soixante-quinze ans d’obstination, que la seule voie au bonheur de leurs enfants passera par l’acceptation sincère et définitive de la légitimité de l’État hébreu sur la terre ancestrale du peuple juif.

© Elie Sasson

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