Je défendrai la Terre d’Israël

Je passe de plus en plus de temps à échanger avec mes amis français, et autant de temps à parler avec mes amis israéliens, conversations Ô combien de fois interrompues par les courses aux abris, le téléphone qui ne passe plus, etc…

Hier, au fil d’un échange intime avec mon amie Olivia Cattan depuis Bath-Yad sur la « situation », « la foi » que moi je n’ai pas et qu’elle dit « avoir pour 2 », ma guerrière me racontait: « On a plus d’électricité et c’est la tempête. Il ne manque plus que les roquettes ». Elle e essayait, elle, de me faire rire.

Et puis elle m’a écrit: « Regarde ce que nous chantons: Gainsbourg en hébreu »

« Oui, je défendrai le sable d’Israël,

La terre d’Israël, les enfants d’Israël;

Quitte à mourir pour le sable d’Israël,

La terre d’Israël, les enfants d’Israël;

Je défendrai contre tout ennemi,

Le sable et la terre, qui m’étaient promis

Quitte à mourir pour le sable d’Israël,

Les villes d’Israël, le pays d’Israël;

Tous les Goliaths venus des pyramides,

Reculeront devant l’étoile de David »

Et moi j’ai pleuré. Sans lui dire bien sûr. Sans dire à quiconque. Je l’imaginais. Elle. Ruben. Eux. Tous. Ce chiffre accablant de soldats morts pendant ce shabbat. Nos otages. Desquels nous ne savions plus rien. Et puis Lui. Serge. Gainsbourg. Qui l’avait chanté, son soutiens à Israël, en 67. Pendant la guerre de 6 jours de 1967. Forme d’hymne à l’Etat hébreu et qu’il intitula « Le Sable et le Soldat » ou « Le Sable d’Israël ». Qui avait dit clairement lors d’une interview qu’il serait allé au besoin se battre avec ses frères. Qu’il aurait donné sa vie.

Pour la petite histoire:

C’est Avraham Scherman, conseiller culturel à l’ambassade parisienne d’Israël, qui demande au chanteur une marche militaire nouvelle destinée à remonter le moral des soldats de Tsahal, à la veille pressentie de violents combats.

Au début du mois de juin 1967, Serge Gainsbourg écrira la chanson en français, puis la traduira en hébreu. Dans la nuit du 6 au 7 juin 1967, il enregistrera la maquette en français en moins de deux minutes, avec un accompagnement mélodique d’orgue électrique. La traduction en hébreu n’est alors pas enregistrée.

Confiée à la navette diplomatique de l’ambassade israélienne, la bande magnétique du morceau prend l’avion pour Tel-Aviv, où elle atterrit durant la Guerre des Six Jours.

C »est au lendemain de la victoire israélienne que la chanson est diffusée, en français, sur la radio Kol Israel. L’enregistrement restera dans les archives de Kol Israel, et la chanson est « oubliée » durant trente-cinq ans.

C’est en 2002 qu’un collectionneur oeuvre pour localiser la précieuse bande et l’exhume des archives. La version initiale restaurée fait l’objet d’une radiodiffusion en exclusivité par les studios de la RCJ en 2002.

Le label Kol Record en assurera la production et l’enregistrement de l’adaptation inédite du titre en hébreu, titrée Al Holot Israel, et interprétée par la chorale de Tsahal, « Leakat Magav ».

Interviewé par Patrick Bouchitey en 1981 sur Carbone 14, Gainsbourg avait déclaré, à propos de cette chanson, avoir failli aller en Israël pour se faire tuer : « Tu serais vraiment allé te battre ? — Oui, si ça tournait mal… Non, pas me battre, me faire tuer ! Oui, d’instinct, de par mes racines ».

© Sarah Cattan

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